Alerte sur l'emploi industriel. Contrairement à ce que l'on pourrait croire suite aux déclarations officielles, la réalité industrielle du pays se dégrade de jour en jour. Comme nous l'informe le Haut commissariat au plan(HCP) dans sa dernière note sur la situation du marché du travail en 2012, l'activité industrielle a observé la destruction de 28 000 postes d'emplois, soit une contreperformance de 2,2%. Une réalité qui est le résultat de faillites en série puisque les pertes annuelles sur la période 2009-2011 se chiffraient en moyenne à 24 000. Qui dit mieux! Quoique l'on dispose que de bribes d'informations sur la situation réelle de l'emploi industriel, il n'en demeure pas moins que les effets de la crise mondiale sont bien là. Les experts de l'institution officielle de production des chiffres nous font découvrir que 27,3% du total de l'armée de chômeurs(1 03 .000) en 2012 sont soit le résultat de la cessation d'activité de leur entreprises et/ou d'établissements, soit victimes de licenciement. Un chiffre alarmant qui cache derrière lui le vrai taux de mortalité des entreprises qui reste entouré de silence. Face à ce jeu de cache-cache, toute analyse qui se veut objective risque gros de passer à côté de l'essentiel. À titre d'illustration, le HCP nous fait savoir que l'année passée a vu la création de 127 000 emplois rémunérés et la perte de 126 000 non rémunérés, soit une création nette de 1 000 postes d'emplois. 10 000 nouveaux chômeurs Aucune information sur les pertes d'emplois rémunérés…! La détérioration et la précarité du marché du travail au Maroc ne sont pas à démontrer, selon les analystes et observateurs. Il suffit de reconnaître que deux sur trois (66,5%) des jeunes âgés de 15 à 29 ans sont au chômage. Quoi de plus curieux d'avancer que le taux de chômage a bouclé 2012 avec une aggravation de l'ordre de 0,1 point, soit 9% au lieu de 8,9% une année plutôt. Plus précisément, ce sont 10 000 nouveaux chômeurs qui ont rejoint la camp des infortunés. Les déséquilibres entre l'offre et la demande au niveau du marché du travail se manifestent également à travers la contraction du taux de sous-emploi. Le travail à temps partiel n'a pas échappé non plus au marasme du marché. Le pourcentage des personnes en sous-emploi est tombé de 10,5% à 9,2, soit un repli de 1,3 point en glissement annuel, accentuant ainsi la pression sur cette forme de chômage partiel. Quatre chômeurs sur cinq sont des citadins «Concernant le sous-emploi des actifs occupés âgés de 15 ans et plus, son volume a régressé de 1 106 000 en 2011 à 966 000 personnes en 2012 (de 490 000 à 457 000 personnes dans les villes et de 616 000 à 509 000 dans les campagnes)», note le HCP. Par ailleurs, l'année 2012 a marqué un net ralentissement de la croissance économique(-de 3%) et, partant, des destructions d'emplois tous azimut. Les secteurs «agriculture, forêt et pêche», BTP et «activités mal désignées» ont perdu respectivement 59 000, 21 000 et 2 000 postes d'emplois. La seule activité qui a pu tirer son épingle du jeu demeure les services. L'activité tertiaire a créé 111 000 postes d'emplois, soit une hausse de 2,8%. A noter enfin, toujours selon la même source, quatre chômeurs sur cinq (79,4%) sont des citadins, un sur quatre (26,3%) est diplômé de niveau supérieur, un sur deux (52,3%) est primo-demandeur d'emploi et près de deux sur trois (65,1%) chôment depuis plus d'une année, peut-on lire.