Coup dur pour le gouvernement Benkirane quelques mois seulement après son investiture. Alors que l'Exécutif place la création d'emploi au cœur de sa stratégie et au lendemain de la fête du travail, voici un rapport qui risque de verser de l'huile sur le feu. Le HCP vient en effet de publier les statistiques du marché du travail au titre du premier trimestre 2012 . Il en ressort une hausse de 0,8 point du taux du chômage dans le Royaume. Ce sont plus de 93.000 Marocains de plus qui viennent rallonger la liste des chômeurs. À ce titre, il y a lieu de souligner que dans une récente sortie médiatique à la Chambre française du commerce et de l'industrie, le ministre de l'Emploi, Abdelouahed Souhail, avait rappelé que «le calcul du nombre de chômeurs se fait sur la base des demandeurs d'emploi. Les personnes n'ayant pas fait part d'une demande d'emploi ne sont pas considérées par le HCP comme chômeurs, et ce, selon les normes internationales en vigueur». De ce fait, le taux de chômage annoncé par le HCP, à 9,9% à fin mars dernier contre 9,1% à fin mars 2011, sera dans la réalité plus important si on y inclut la catégorie exclue. La campagne mieux lotie que la ville Dans le détail, les données du HCP font ressortir la création de plus d'emplois dans le milieu rural que dans le milieu urbain. En tout, ce sont 96.000 postes rémunérés qui ont été créés entre le premier trimestre 2011 et celui de 2012, grâce notamment au milieu rural, où ont été créés 122.000 postes contre une perte de 26.000 dans le milieu urbain. Pour ce qui est des emplois non rémunérés, composés principalement d'aides familiales, le HCP recense une perte de 205.000, dont 56.000 en ville. Les pertes dans les campagnes ont, quant à elles, concerné principalement le secteur de l'agriculture, de la forêt et de la pêche. Ce qui fait de ce secteur celui à la plus forte augmentation du taux de chômage, avec notamment une baisse de 3,7% du volume d'emplois du secteur. Le secteur du BTP n'est pas en reste et enregistre la perte de 42.000 postes, dont 11.000 non rémunérés, soit une baisse de 3,7%. En revanche, ce sont les «services» qui ont tiré leur épingle du jeu, avec la création de 47.000 postes, soit une hausse de 1,2%. Le secteur de l'industrie, y compris l'artisanat et malgré la conjoncture difficile, a créé 39.000 postes, soit une hausse de 3,1%. Notons par ailleurs que les données du HCP confirment le constat relevé il y a quelques semaines par la Banque mondiale, sur le marché de l'emploi au Maroc et selon lequel «la pression sur le marché de l'emploi se fait plus sentir chez les jeunes et les femmes» [voir aussi www.lesechos.ma]. En effet, les hausses les plus importantes du taux de chômage ont été relevées, chez les citadins, parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (+3,5 points), les femmes (+2,4 points) et parmi les adultes âgés de 25 à 34 ans (+2 points). Dans le monde rural, la hausse a principalement concerné les jeunes âgés de 15 à 24 ans (+1,4 point).