Alors que le gouvernement annonce un combat sans merci contre la corruption, celle-ci continue à proliférer dangereusement. Le bilan que dresse Transparency Maroc ne laisse aucun doute sur l'état critique du Maroc. Dans son rapport annuel, le Centre d'assistance juridique anti-corruption (CAJAC), publié le 1er février, indique une augmentation de 43 % des plaintes reçues à Rabat en 2012 par rapport à l'an précédent. « En 2011, 547 plaintes étaient parvenues au centre contre 780 en 2012 », précise-t-on. Toujours les mêmes… Depuis l'an dernier, Transparency dispose d'un troisième centre ouvert à Nador grâce au financement de l'Ambassade des Pays-Bas au Maroc, en plus de celui de Rabat et de Fès. Depuis son ouverture en 2009, le CAJAC de Rabat a enregistré 2 294 plaintes, dont 875 dossiers ouverts. Celui de Fès a reçu, depuis son ouverture en septembre 2011, 187 plaintes dont 49 dossiers ouverts. Le plus récent a, en quelques mois, recueilli 130 plaintes, dont 12 dossiers ouverts. Les secteurs les plus dénoncés sont les mêmes. En tête de liste, ce sont les autorités locales et provinciales qui représentent 18 % des plaintes, suivies de la Santé et de la gendarmerie avec respectivement 17 % et 10,5 %. Sur la liste des secteurs corrompus figurent également la Justice, la police et les Communes, qu'elles soient rurales ou urbaines avec des taux de 8 % et 7 %. L'urbanisme, le secteur privé et les Forces auxiliaires, quant à eux, concernent peu de plaintes. Pour ce qui est des régions de provenance de ces plaintes, c'est le Grand-Casablanca qui arrive en tête avec 24% , suivi de Rabat-Salé-Zemmour-Zaer et de Doukkala-Abda avec respectivement 13 % et 9 %. C'est parce qu'ils ont été, en majorité, victimes d'une forme de corruption qu'ils ont décidé de déposer une plainte auprès des CAJAC. 68 % des plaignants sont des hommes, tandis que les femmes ne représentent que 26% de l'ensemble des plaintes reçues. Seuls 6 % ont préféré l'anonymat, soit 65 sur 1049 plaignants. La corruption, mais aussi l'abus de pouvoir, le manque de transparence et le détournement de fonds publics ont fait l'objet des plaintes face auxquelles les administrations concernées ont préféré, dans la plupart du temps, garder le silence. « Le CAJAC a envoyé depuis janvier 2012, 85 correspondances aux autorités concernées pour leur demander de s'informer sur les irrégularités enregistrées et de prendre les mesures nécessaires quant aux affaires de corruption qui leur sont transmises. Il a reçu 25 réponses », indique le rapport soulignant que cette faiblesse des réponses « démontre le peu d'intérêt que les administrations portent au problème de la corruption ».