De nos jours, décrocher un permis de construire à Casablanca relève de la sinécure. Les demandeurs doivent être armés de patience avant d'obtenir leur autorisation. Lors d'une conférence organisée jeudi à Casablanca, le Conseil régional des architectes du centre a dressé la liste des retards notés dans le traitement des demandes d'autorisation. Premier dysfonctionnement, à Dar Al Khadamat – guichet unique de dépôt des dossiers -. Après le dépôt des demandes, ce service hébergé à la Mairie de Casablanca doit les acheminer aux services concernés dans les 48 heures qui suivent, pour examen et avis. Ce délai peut être allongé à 30 jours, alors que les commissions mixtes se réunissent 12 jours après le dépôt des dossiers. Ce qui occasionne un rallongement du délai d'examen des demandes qui peut aller de 3 à 6 mois. Manque de logistiques et d'organisation Autre problématique, l'absence de moyens logistiques et le manque d'organisation . « Dar Al Khadamat ne dispose pas d'archives, ce qui contraint les architectes à reconstituer leurs dossiers pour l'ensemble des entités de la commission. La mission des architectes est également compliquée par le fait que les procès verbaux des commissions ne leur sont pas communiqués systématiquement ». De même, « la feuille d'alignement qui est une pièce maîtresse du dossier doit être fournie par le service topographique de Dar Al Khadamat , un service qui n'existe même pas », remarque le conseil. L'obtention du permis d'habiter n'est pas non plus une chose aisée, si l'on en croit les architectes. Les dossiers de toutes les communes sont gérés par une seule commission, ce qui ne manque pas de poser des problèmes d'ordre logistique pour les séances d'examen qui peuvent durer 6 mois. Des lourdeurs administratives sont également signalées au niveau des communes. Les demandes d'autorisation ne sont pas souvent traitées et les accusés de dépôts de dossiers ne sont pas remis aux dépositaires. Qui plus est, « même s'ils en ont le droit, les architectes ne sont pas admis dans les commissions d'examen des dossiers au niveau de certaines communes », déplorent ces architectes. Selon le Conseil régional du centre, l'Agence urbaine de Casablanca ne leur facilite pas leur mission car elle ne leur délivre pas des notes de renseignements, un document qui permet aux architectes de connaître la vocation urbanistique du terrain. Des services de protection civile comme les sapeurs-pompiers et la Lydec sont parties prenantes pour l'instruction des dossiers. Sauf que, « avec la lourdeur et l'absence de communication entre ces deux entités, l'architecte est contraint de jouer le rôle de facteur entre elles, à travers le recueillement et la transmission des avis et des documents ». Citoyens et architectes lésés Il est important de signaler que tout les dossiers ne sont pas transmis à la même entité. En vertu de la réglementation, les demandes pour les bâtiments R+2 sont transmises aux communes, tandis que celles pour les bâtiments R+3 sont envoyées à l'agence urbaine de Casablanca ou à la Mairie. D'après le Conseil régional des architectes du centre, ces retards constituent des entraves majeures dans leur travail. « Les dysfonctionnements notées à plusieurs niveaux dans la procédure de la demande d'autorisation complique davantage notre mission», indique Mohamed Karim Sbai président du Conseil. Plus grave encore, «notre crédibilité auprès des clients surtout étrangers pourrait être remise en cause parce que nous sommes souvent incapables de respecter les délais annoncés », renchérit-il. Selon lui, des architectes qui sont membres de l'entité ont envoyé plusieurs requêtes pour dénoncer cette situation. Hormis les architectes, les citoyens aussi font les frais de ces lourdeurs administratives, d'autant plus que certains contractent des prêts immobiliers auprès des banques pour construire une bâtisse. Pour lever ces problèmes, les architectes préconisent entre autres le respect du délai de transmission des dossiers par Dar Al Khadamat et l'allègement des procédures. Ils n'excluent pas d'entamer « un dialogue franc et sincère » avec les autorités concernées pour résoudre ces problèmes.