Le laxisme s'impose comme le mot d'ordre de la CAN sud-africaine, depuis son démarrage. À moins de justifier les nuls massifs par le « culot » et l'audace des outsiders (chose qui ne pourrait être appliquée à l'intégralité des rencontres), les équipes qui prennent part à la 29ème édition donnent l'impression qu'elles se sont concertées pour adopter le partage de points à l'unanimité (ou presque, puisque le Mali s'est retiré). Parmi les six rencontres disputées jusqu'à lundi soir, 5 matchs nuls et un seul succès (et défaite) ont été enregistrés. Cette année impaire ne semble pas s'annoncer pleine vigueur pour la CAN, qui propose des rencontres pas toujours très réjouissantes depuis son lancement et son match d'ouverture soporifique. La rencontre Ghana/R.D Congo aurait pu être l'occasion d'ébats plus houleux au vu de la combativité et de la fougue qui a marqué le match, mais il n'en a rien été puisque le match s'est clôturé par un ex-aequo. À vrai dire, la tolérance et la neutralité ne semblent pas toujours servir le spectacle. la CAN est en manque de scores fleuves et de matchs remportés à l'arrachée. Après tout, La cupidité, voire l'avidité, sont plus que souhaitable en football (Lionel Messi en sait quelques chose avec ses quatre ballons d'Or), à condition de ne pas dépasser les limites de la logique. Les deux derniers matchs à avoir consacré cette ambiance « mollasse » sont ceux opposants le tenant du titre zambien à l'Ethiopie, et le Nigeria au Burkina Faso. L'Ethiopie ressuscitée Après plus de trente ans d'absence de la Coupe d'Afrique des Nations, l'Ethiopie n'a pas raté l'occasion de sa première apparition pour renaître de ses cendres. Face au champion en titre zambien, les Walya ont d'abord encaissé un but avant de relever la tête et de sonner l'heure de la révolte. Il faut dire que trente ans passé dans l'ombre, ça motive forcément. Les supporters éthiopiens l'ont d'ailleurs manifesté en se déplaçant en grand nombre pour suivre la rencontre sur les gradins. Dès la 25', la « momie » éthiopienne a brûlé sa première carte lorsque Salaheddine Sayid a raté un penalty. 10 minutes plus tard, les peines des Walya allaient être approfondies, avec l'expulsion du gardien Tassew. Les Chipolopolos n'ont pas manqué de profiter des tourments de leur adversaire, et ont attendu la dernière minute de la première mi-temps pour injecter le venin dans les cages du portier remplaçant. Après la reprise, l'Ethiopie a tenté quelques infiltrations avant de remettre les pendules à l'heure à la 65', par le biais d'Adane Girma qui a conclu une action collective. Premier revers pour la Zambie d'Hervé Renard, qui ne misait pas sur autant de vivacité de la part d'une équipe au palmarès digne d'un ancêtre. « Aujourd'hui, nous pouvons remercier notre gardien. Sans Kennedy Mweene, nous aurions pu faire un très mauvais résultat. Nos supporteurs attendent davantage de nous et ils ont raison. Aujourd'hui, la faute revient à l'entraîneur, je n'ai pas réussi à préparer l'équipe à entrer dans la compétition. Nous verrons où nous en serons après le 3e match » a déclaré le coach de la Zambie, qui n'a pas hésité à endosser la responsabilité et à assumer la réalité sur la pelouse. On aurait bien aimé entendre quelque chose de semblable de la part de Rachid Taoussi, qui affiche une pleine « satisfaction » malgré le gâchis de samedi. Le Burkina Faso écœure le Nigeria. Tout comme le Ghana et la Zambie, le Nigeria s'est fait rejoindre au score en deuxième mi-temps pour se contenter du nul, mais de manière un peu plus cruelle. Au Mbombela Stadium de Nelspruit, les Super Eagles ont ouvert le score dès la 23' grâce à Emenike. Les Verts se sont contentés ensuite de gérer ce score, une décision qu'ils allaient payer cher, de deux points plus exactement. À la 74', Eric Ambrose quitte la pelouse après avoir écopé d'un rouge pour cumul de cartons. L'infériorité numérique s'est vite fait sentir, surtout face au dynamisme des Etalons. Ces derniers ont essayés en vain, jusqu'à la dernière minute de la rencontre. Le jeune attaquant du FC Lorient en Ligue 1, Alain Traoré (entré en jeu), a profité d'un moment de flottement de la défense pour envoyer le ballon du plat du pied dans les bois du Nigeria (90'+4). Le Burkina Faso arrache un match nul inespéré jusqu'aux dernières minutes, et force les équipes du groupe C à se partager le même total de point (comme ce fut le cas pour la première poule). Une occasion de s'enorgueillir pour Paul Put, entraîneur des Etalons, qui a précisé que : « Notre performance montre ce qu'est le Burkina. Nous avons de la qualité dans cette équipe. Il nous manque quelques joueurs-clefs. Je suis très fier de ce que nous avons fait. J'avais bon espoir de prendre un point contre le Nigeria». De son côté, Stephen Keshi (entraîneur du Nigeria) n'avait pas l'air d'en vouloir à ses poulains : «Je ne vais pas laisser quoi que ce soit nous démoraliser. Je suis très fier des garçons, qui ont fait tout ce que j'attendais d'eux. Ce match est à présent derrière nous et le prochain match contre la Zambie est très, très important». Les matchs de mercredi devaient nous présenter les forces présentes dans la dernière poule (D). On espère seulement que les attaques se feront plus percutantes, afin de marquer la fin de cette tendance qui appuie les matchs nuls (sans faire allusion au résultat).