L'UMP qui a connu sa gloire avec Nicolas Sarkozy, perd pied à l'épreuve d'une élection, presque banale, celle de son président. Si le parti socialiste se présente comme un parti stable avec une gouvernance irréprochable et des traditions bien ancrées, à droite, c'est la mouvance permanente. Dans cette partie du paysage politique c'est l'instabilité la [...] L'UMP qui a connu sa gloire avec Nicolas Sarkozy, perd pied à l'épreuve d'une élection, presque banale, celle de son président. Si le parti socialiste se présente comme un parti stable avec une gouvernance irréprochable et des traditions bien ancrées, à droite, c'est la mouvance permanente. Dans cette partie du paysage politique c'est l'instabilité la plus totale. Qu'est-il advenu du RPR ? Où est l'UDF ? Disparus sans laisser de traces. Jean-François Copé était en compétition avec l'ancien premier ministre de Sarkozy. Il a gagné par 98 d'écart, ce qui a irrité son challenger qui a demandé une révision. L'ancien premier ministre de Jacques Chirac, Alain Juppé a été désigné comme arbitre. Sa commission a refait les calculs et a trouvé. J-F Copé est effectivement le gagnant. Le contestataire se retrouvant démuni s'est retourné contre Alain Juppé l'accusant de Copéiste alors qu'auparavant, il jurait qu'il s'en tiendrait au jugement de la commission de Jupée en qui il a dit avoir entière confiance. L'UMP ne s'en trouve pas mieux. Qu'adviendra-t-il de ce parti ? Les idées vont dans tous les sens. François Fillon peut s'en aller mais il ne s'en ira pas seul. Plusieurs députés pourraient le suivre et le groupe parlementaire UMP s'en ressentira. La droite française est actuellement très éclatée avec plusieurs petits partis qui essaient de se distinguer les uns des autres. La politique française ne diffère pas trop de celle des pays dits en cours de démocratisation, pas au point d'être une république bananière, on glisse quand même. Tout cela laissera la scène politique libre au profit du PS et du Front national dont les scores évoluent à chaque élection. La présidence de Nicolas Sarkozy avait donné une nouvelle identité à la droite en revendiquant le devoir d'évoquer tous les thèmes jusqu'alors accaparés par le Front national : la sécurité, l'identité nationale, l'immigration, la viabilité d'une société multiculturelle, la compatibilité de l'islam avec les valeurs républicaines. Ce fut alors le coup d'envoi pour qu'émerge une droite dite « décomplexée ». L'UMP né dans le contexte qu'on sait était une union de circonstance entre des sous-familles idéologiques -libérale, conservatrice et centriste – qui ne pouvaient durablement vivre sous le même toit. Elles n'étaient unies que par la capacité personnelle de l'ancien chef de l'Etat à en faire la synthèse par son charisme et sa personne. Apres son départ les divergences remontent à la surface. L'UMP tente donc de redéfinir ses valeurs et son positionnement dans le paysage politique Français. Demain, sans doute, c'est vers le courant centriste que convergeront les élus UMP qui refusent les orientations de Jean-François Copé. Encore faut-il dire que ce centre-droit n'est plus la droite libérale traditionnelle. Fidèle à ses fondamentaux, économie de marché, intégration européenne et Etat minimum, celle-ci s'est aussi laissée entraîner, depuis la disparition de l'UDF, vers un conservatisme identitaire et social. Droite libérale centriste et droite nationale-conservatrice ou identitaire se partagent donc le champ de l'UMP. La seconde composante s'est engagée dans un processus qui, sous le couvert de la reconquête de l'électorat du FN, débouche sur un effet d'imitation dont rien ne garantit le succès. Dans cette course-poursuite entamée depuis déjà vingt ans au moins, la quatrième droite des années 2000, nationale-populiste, néo-étatiste, oscillant entre laïcisme assimilationniste et ethno-différentialiste, le parti de Marine Le Pen donc, conserve l'avantage de l'antériorité et de la non-participation au système. La porosité des électorats UMP et FN est avérée. Toutefois, sur la sécurité, les électeurs les plus à droite préféreront le rétablissement de la peine de mort à la tolérance zéro, sur l'immigration, son arrêt total, voire l'inversion des flux migratoires, à la simple maîtrise des flux. Et sur l'identité nationale, l'affirmation de la fracture ethnique au nationalisme républicain et autoritaire de la Droite forte. Elaborer un nouveau « logiciel » idéologique susceptible de ramener la droite nationale-populiste à un étiage de l'ordre de 10 % est, pour l'UMP, un impératif.