Après l'échec de la médiation d'Alain Juppé, des responsables de l'UMP en appellent à Nicolas Sarkozy pour tenter d'apaiser la guerre entre Jean-François Copé et François Fillon pour la présidence d'un parti désormais menacé d'éclatement. Claude Guéant, proche de l'ancien chef de l'Etat et soutien de François Fillon, n'a pas exclu que Nicolas Sarkozy fasse un communiqué pour appeler à la fin des hostilités, tout en excluant qu'il «plonge dans la mêlée». «Il n'est pas exclu qu'il fasse un communiqué pour dire qu'il faut mettre un terme à tout cela mais je ne pense pas qu'il descende dans la mêlée», a dit l'ex-ministre de l'Intérieur sur Europe 1. Jean-François Copé estime pour sa part que Nicolas Sarkozy n'a «absolument aucune intention de se mêler de cette élection, il l'a toujours dit avec la même constance». L'ancien président de la République devait pourtant déjeuner hier lundi avec François Fillon, mais ce rendez-vous avait été pris il y a plusieurs jours, avant l'échec de la médiation du maire de Bordeaux, dit-on dans l'entourage de ce dernier. Pour Alain Juppé, Nicolas Sarkozy est désormais le seul responsable à disposer de l'autorité suffisante pour proposer une solution de sortie de crise. S'exprimant sur RTL, il s'est dit opposé au recours judiciaire envisagé par le camp de François Fillon - qui a demandé lundi une saisie conservatoire des documents électoraux - et n'a pas exclu qu'un nouveau vote s'impose, solution préférée par une majorité de sympathisants UMP selon un sondage. «Il apparaît clairement qu'il est le seul aujourd'hui à avoir l'autorité suffisante pour proposer éventuellement une sortie que je n'aperçois pas pour ce qui me concerne», a-t-il dit. Un nouveau scrutin ? Alain Juppé a encore estimé que saisir la justice pour contester la régularité de l'élection de Jean-François Copé ne ferait qu'augmenter les difficultés de l'UMP. «Transférer cette querelle aux mains de la justice, tout à fait à l'extérieur du mouvement, c'est aggraver la cassure et augmenter les risques d'explosion», a-t-il dit. L'ancienne ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet, qui n'a pas pris parti dans la bataille entre Jean-François Copé et François Fillon, a annoncé le lancement d'une pétition pour obtenir un nouveau scrutin. Après l'échec de la médiation d'Alain Juppé, «je crois qu'il n'y a qu'une seule solution, de revoter pour se donner enfin un chef légitime, une direction légitime», a-t-elle déclaré sur Europe 1, en annonçant l'ouverture d'un site internet «jeveuxrevoter.fr». Sur BFM-TV, Jean-François Copé, qui espère la confirmation de son élection avec 98 vois d'écart par la commission des recours, contestée par son rival, a estimé que l'hypothèse d'un nouveau scrutin «'n'a pas de sens». Le président proclamé s'appuie depuis le début de la crise sur les statuts du mouvement, au risque d'apparaître comme le responsable du chaos vécu depuis une semaine par le parti. De son côté, François Fillon, dont plusieurs proches ont envisagé dans les médias la création d'un groupe parlementaire distinct de celui des «copéistes», a affiché sa détermination en mettant en oeuvre une procédure de saisie conservatoire des documents du scrutin. L'ordonnance rendue par le vice-président du tribunal de Paris mandate des huissiers «pour assurer la bonne conservation et l'égal accès de ces documents, soit au siège de l'UMP, soit, au cas où cela s'avérerait impossible, dans les locaux de la chambre nationale des huissiers», écrit son équipe de campagne dans un communiqué. «On ne peut donc considérer que les documents électoraux soient à l'abri de manipulations ou d'altérations, et d'autre part il est certain que l'égal l'accès des parties en présence n'est aucunement garanti», précise le texte.