La question de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme en Afrique du Nord s'accommode tant bien que mal de l'antagonisme maroco-algérien. En effet les deux pays, conscients de la nécessité et de l'urgence de traiter ce sujet, acceptent plus volontiers de mettre de côté leur vieux et stérile contentieux quand il s'agit [...] La question de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme en Afrique du Nord s'accommode tant bien que mal de l'antagonisme maroco-algérien. En effet les deux pays, conscients de la nécessité et de l'urgence de traiter ce sujet, acceptent plus volontiers de mettre de côté leur vieux et stérile contentieux quand il s'agit de stabilité, sauf dans le cas de la crise du Sahel, qui représente pourtant un risque identifié et majeur. C'est ce même instinct de survie qui devrait logiquement s'actionner lorsqu'on parle de la question de la sécurité au Sahel et de ses répercussions sur le Maghreb dans son ensemble. La visite de Mme Clinton à Alger a pour but d'obtenir du président Bouteflika son aval pour une intervention militaire en vue de ramener la paix au Mali et circonscrire le foyer de violences tant qu'il en est encore temps. La complexité sur le terrain, tant sur le plan géographique que sur celui des liens entre les différents intervenants, n'est pas pour faciliter les choses, mais nécessité faisant loi, arrive le moment où il faut y aller en prenant les meilleures dispositions possibles pour éviter une aggravation de la situation. Ce conflit protéiforme, qui est à nos portes, associe grand banditisme, trafics de drogues, d'armes et d'êtres humains d'une part et revendications religieuses extrémistes d'autre part. L'adresser sous un angle purement militaire serait s'assurer d'un échec irréparable. D'où la nécessité de mettre à contribution l'ensemble des pays impliqués et des grandes puissances pour construire une approche complète et circonstanciée. Le terreau sur lequel se développent ces activités est celui de la pauvreté et de l'ignorance, mais aussi celui du pouvoir de l'argent. Les sommes en jeu pour lutter contre les différents trafics sont, hélas, sans commune mesure avec les montants brassés par les trafiquants, qui achètent la complicité des populations locales et excitent les plus vulnérables. C'est donc ce terreau qui doit être travaillé, même si cela demande plus d'efforts. Reprendre le contrôle militaire des zones qui échappent à Bamako est une chose, les mettre à la portée des trafiquants et des terroristes est une autre chose. * Tweet * *