La 6e causerie religieuse du mois de Ramadan a été animée, mardi à Casablanca, par le professeur Mohamed Abou Al Houda Al Yacoubi, ex-enseignant à la Mosquée des Omeyyades de Damas, sous le thème «les différences de jugement entre la Fatwa et la justice en Islam». Le professeur Abou Al Houda Al Yacoub a signalé que la Fatwa, qui figure parmi les grandes questions de l'heure, peut être rendue concernant tous les sujets. Il a rappelé que le Prophète Sidna Mohammed et ses compagnons prononçaient des fatwas parmi les gens de leur époque, mais que ces derniers faisaient, cependant, montre d'une grande vigilance et n'intervenaient que sur une forte insistance des croyants. Il a aussi cité le cas d'Al Imam Malek Ben Anas, qui, sollicité émettre des fatwas à propos de quarante questions, n'a apporté des réponses qu'à quatre parmi elles, concédant ne rien savoir à propos du reste. Cet imam doit, de ce fait, être considéré comme un modèle en matière de proclamation de la fatwa pour les précautions qu'il prenait à ce sujet, déplorant la suffisance excessive dont font preuve les théologiens de nos jours, surtout ceux qui interviennent sur les chaînes satellitaires. Il a évoqué dans ce même contexte des versets coraniques et un hadith du prophète Sidna Mohammed mettant en garde contre la précipitation et l'impétuosité dans la proclamation des fatwas. Le conférencier a relevé qu'à cause de la prolifération des médias, les contours de la fatwa risquent aujourd'hui de se perdre, insistant sur le rôle qui revient aux milieux religieux spécialisés pour l'établissement de la vérité et la correction le cas échéant, au regard de la mission qui leur incombe pour éclairer les gens au sujet de leur religion. Il est préjudiciable d'étendre, sans garde-fous la liberté en matière religieuse au risque d'attenter à la foi et de semer la division au sein de la communauté, a-t-il recommandé, mettant en garde contre le danger que représente Internet dans ce domaine. Concernant la comparaison entre fatwa et justice, le professeur Abou Al Houda Al Yacoubi a cité plusieurs écrits réalisés, notamment par les théologiens malékites définissant la fonction du juge et celle de la personne qui prodigue la fatwa. Il a de même cité des cas où celui qui dispense une fatwa empiète sur le domaine de la justice, regrettant l'anarchie qui règne de nos jours en matière de fatwa au sein du monde islamique. Le mufti n'est pas un juge, mais un érudit, qui en raison de sa connaissance approfondie de la foi, montre aux gens le vrai et le faux en religion. Il n'est pas non plus investi de la fonction de rendre des jugements, a-t-il dit. Mais, a-t-il nuancé, le mufti peut néanmoins compléter le rôle du juge au cas où celui-ci rend un jugement aux antipodes de la vérité. Enfin, il a déploré qu'en application de certaines fatwas, la population exécute, dans certaines contrées, des verdicts à l'encontre de celui qu'elle croit avoir commis un homicide, sans que cela ne passe par un tribunal ou ne soit le fait d'un jugement. * Tweet * * *