La section de Laâyoune du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) accuse une commission parlementaire d'avoir «humilié» son secrétaire au cours de sa mission exploratoire à la chaîne régionale. La commission se dit surprise. Younes Moujahid, secrétaire général du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM). La visite d'observation que vient d'effectuer la commission parlementaire de l'enseignement, de la culture et de la communication à la chaîne régionale de Laâyoune a suscité la colère du SNPM. Sa section de Laâyoune semble ne pas avoir apprécié « la méthode » avec laquelle cette commission, présidée par la députée du PPS Guejmoula Bent Abbi, a conduit ses rencontres avec les professionnels. La section du SNPM l'accuse plus précisément d'avoir manqué de tact en procédant à la convocation sans préavis de son secrétaire, Mohamed Nouar, au moment où il accomplissait sa tâche de journaliste au sein de la chaîne. L'art et la manière Dans un communiqué publié le jour même des faits, le jeudi 2 août, la section du SNPM exprime « sa profonde indignation » face à ce qu'elle appelle « une méthode d'interrogatoire ayant créé une ambiance de panique auprès des journalistes, des techniciens et des administrateurs ». Sur la base de ces arguments, Mohamed Nouar a refusé de se soumettre à la demande de la commission qui, selon lui, a manqué de respect au SNPM et à sa section de Laâyoune en s'abstenant de les alerter au préalable par une voie ou une autre. « Il fallait que l'institution parlementaire d'où émanent les législations du pays respecte les lois et les usages en adressant à une autre institution (...) une invitation contenant la date et l'objet », fait remarquer Mohamed Nouar confiant au Soir échos s'être senti humilié et que d'autres partagent le même sentiment. Face à ces propos, la présidente de la commission se dit surprise. Initiée pour dresser le diagnostic des problèmes dont souffrent les professionnels de la chaîne, cette mission, selon elle, a été chaleureusement accueillie et s'est déroulée dans une ambiance conviviale. Guejmoula indignée A l'indignation répond une indignation. « Nous avons mené une mission exploratoire conformément au règlement interne du Parlement afin d'écouter les professionnels et connaître leurs doléances et leurs attentes. Nous n'avons humilié personne », déclare au Soir échos Guejmoula Bent Abbi. La députée rejette en bloc les accusations de la section du SNPM les qualifiant de « fausses » et soulignant que le déroulement des entretiens a été filmé. « Nous avons invité, en effet, Mohamed Nouar en tant que journaliste de la chaîne avant tout et non en tant que responsable syndical. Nous l'avons sélectionné par rapport à son long parcours professionnel et en reconnaissance à ce qu'il a apporté à la profession, mais il a refusé de s'entretenir avec nous et il en a bien le droit. Nous avions précisé, au départ, que les témoignages ne sont pas obligatoires », affirme la présidente de la commission. Quant à l'information préalable des interlocuteurs, cette dernière précise que toutes les procédures ont été respectées à l'intérieur comme à l'extérieur du Parlement. « Nous avons informé par écrit le ministère de la Communication qui a favorablement accueilli notre initiative ainsi que le directeur de la chaîne », indique-t-elle. Une simple confusion L'incident sera à l'ordre du jour de la réunion du bureau du SNPM à Rabat, ce lundi. Mais d'ores et déjà, le secrétaire général du SNPM, Younes Moujahid, estime qu'il ne s'agit que d'une simple confusion. « Ni le syndicat, ni la chaîne ne sont sous la tutelle du ministère de la Communication auquel s'est adressée la commission. Ici, il y a certainement confusion liée au rapport entre employeur et employé », suppose-t-il. L'adhésion préalable de l'ensemble des interlocuteurs directement concernés quel que soit leur statut semble s'imposer aux yeux du SNPM pour ce genre d'enquête où les témoignages sont primordiaux. A l'issue de sa réunion, ce dernier fera certainement part de ses remarques à la commission parlementaire qui se prépare à poursuivre sa mission dont la prochaine étape sera la première chaîne nationale. Coopération sous condition La section de Laâyoune du SNPM ne se montre pas vraiment convaincue par la mission qu'entreprend la commission parlementaire de l'éducation, de la culture et de la communication. Lancée dans le but de connaître les difficultés et les revendications des professionnels des médias en vue d'en dresser un rapport, cette mission, pour la section du SNPM, « ne peut ni se substituer aux négociations avec la direction ni au dialogue social ». Dans son communiqué, la section exprime clairement son scepticisme estimant que cette mission parlementaire ne peut pas non plus se transformer en action syndicale. « Nous sommes prêts à présenter à la commission notre opinion sur les problèmes réels dont souffrent les médias dans les provinces sahariennes et plus précisément au sein de la chaîne régionale de Laâyoune », assure la section. Et de préciser que celle-ci ne refuse pas de coopérer avec la commission à condition que cela se déroule dans le cadre d'un dialogue où l'indépendance des médias et des professionnels en demeure la base fondamentale. * Tweet * * *