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Younès Moujahid : «La procédure d'accréditation des journalistes étrangers doit être revue»
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 12 - 08 - 2010

Younès Moujahid, président du SNPM, affirme que le boycott par les journalistes espagnols de la conférence de presse de Sidi Mouloud constitue une faute professionnelle flagrante et une violation des règles de la déontologie de la profession du journalisme.
ALM : La section de Laâyoune du SNPM a dénoncé, dans un communiqué, le boycott par les journalistes espagnols de la conférence de presse de Sidi Mouloud. Quel commentaire en faites-vous?
Younès Moujahid : Effectivement, nous ne pouvons qu'être d'accord avec la position de la section de Laâyoune du SNPM exprimée dans son communiqué. D'après leurs investigations, les membres du SNPM à Laâyoune, des journalistes sahraouis, se sont assurés que les journalistes espagnols ont boycotté ladite conférence. Après avoir consulté les organisateurs de cette conférence de Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, ils ont constaté que les journalistes espagnols ont été invités à couvrir cet événement et qu'ils ont refusé. En réalité, il ne s'agit pas d'une première en son genre. Il y avait déjà d'autres comportements similaires. Notre section à Laâyoune avait constaté à plusieurs reprises cette attitude de la part des journalistes espagnols et elle a exprimé son indignation à ce propos.
Pouvez-vous citer des exemples dans ce sens ?
Lors d'un colloque organisé par le SNPM à Fès, les membres de la section de Laâyoune de notre syndicat ont rapporté que lors de la visite au Maroc de la délégation du Parlement européen, les journalistes espagnols agissaient comme des activistes. De temps en temps, ils rencontraient les membres de cette délégation pour leur dire que les autorités marocaines empêchent systématiquement les personnes pro-thèse séparatiste de témoigner, et ils incitaient ces personnes , aussi, de rester loin de l'hôtel pour prétendre qu' elles étaient empêchées d'y accéder, ce qui n'est pas du tout vrai. Deuxièmement, dans le cadre de l'affaire Aminatou Haidar, ils ont élu domicile à Laâyoune et inventaient de temps en temps des événements sur le terrain, mais aussi ils sont habitués a inciter des jeunes à organiser des sit-in de protestation dans certaines ruelles de la ville de Laâyoune pour qu'ils puissent venir les couvrir et en faire une affaire.
Le boycott des journalistes espagnols constitue-t-il une faute professionnelle?
Bien évidemment que cette attitude constitue une faute professionnelle flagrante. Il s'agit d'une violation des règles de la déontologie de la profession du journalisme, car ces journalistes ont pratiqué la désinformation à l'encontre de l'opinion publique espagnole et internationale. Il est plus que jamais clair que ces journalistes ne traitent que les informations qui cadrent avec leur orientation politique. Nous avons suivi de près leur parcours et nous avons constaté qu'ils adoptent une approche sélective en ne traitant que les informations qui portent atteinte au Maroc. Nous ne pouvons fermer l'œil sur ce constat. Dans le cadre de ses rapports annuels, le SNPM ne cesse de mettre l'accent sur la nécessité du respect de l'éthique de la profession du journalisme.
Cette attitude constitue-t-elle également une violation au droit à l'information ?
Le droit à l'information est un droit sacré. En tant qu'association qui milite pour la liberté de la presse, nous ne cessons de rappeler au respect de ce droit universel contenu dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme. L'opinion publique a le droit de savoir la vérité et rien que la vérité sur tout ce que les journalistes rapportent comme information. Ainsi, toute désinformation constituerait une violation au droit à l'information. D'ailleurs, les journalistes espagnols sont venus d'un Etat qui se dit un Etat démocratique qui veille au respect des droits de l'Homme mais paradoxalement ils violent ce droit sacré, à savoir le droit à l'information.
La section du SNPM à Laâyoune affirme, en plus, que les journalistes espagnols coordonnent leur action. Qu'en pensez-vous ?
Ce point est extrêmement important et révélateur à plusieurs égards. Chacun sait que le journaliste est toujours en quête de scoops. Sa seule préoccupation est de ramener une information inédite. Pour les journalistes espagnols ce n'est nullement le cas. Ils travaillent en commun laissant supposer qu'ils travaillent dans le cadre d'une cellule commune, obéissant à une ligne politique commune et faisant de la propagande au lieu du journalisme.
Certains diraient que la position des journalistes espagnols reflète uniquement la ligne éditoriale de leurs supports médiatiques. Qu'en dites-vous?
Certes, chaque support médiatique traite les informations en fonction de sa ligne éditoriale. Cependant, cette ligne, quelle que soit son orientation ne doit nullement justifier la désinformation. La déontologie de la profession du journalisme requiert le traitement des informations d'une manière objective, crédible et honnête. Certes, le commentaire est libre mais encore faudra-t-il qu'il ait un fondement et qu'il soit justifié. Toutes les chartes rédactionnelles des organes de presse espagnols accrédités au Maroc notamment les chaînes de télévision, l'agence EFE, ABC ou autres journaux mettent l'accent sur le souci de l'objectivité.
Le SNPM à Laâyoune s'est interrogé, dans son communiqué, quelle serait la mission réelle des journalistes espagnols au Maroc. Quel commentaire en faites-vous?
Il s'agit d'une question légitime à partir du moment que les journalistes espagnols ne remplissent pas la fonction pour laquelle le Maroc leur a accordé l'accréditation. Du moment qu'ils ne couvrent pas les informations de manière objective et crédible conformément à la déontologie et à l'éthique, on peut se demander s'ils font la propagande au lieu du journalisme. Les journalistes espagnols sont appelés à répondre à cette question. Mais malheureusement, ces journalistes mettent à l'écart souvent les critiques qui leur sont adressées. Ils ignorent également les instances nationales en ne traitant qu'avec certaines ONG qui convergent avec leur position politique pour les exploiter. Ils sont sélectifs. Leur attitude reflète en réalité un mépris qui frôle le racisme à l'égard du Maroc.
Que dites-vous à ces journalistes ?
Le malheur c'est qu'ils ignorent nos appels au respect de la déontologie. Ces journalistes ne doivent pas perdre de vue qu'ils sont accrédités par un pays qui a son histoire, ses partis politiques, ses syndicats, ses associations et ses instances.
Pensez-vous que ces problèmes doivent être relevés au moment de la procédure de l'octroi de l'accréditation ?
L'octroi de l'accréditation aux supports médiatiques étrangers pose un problème. Les journalistes étrangers jouissent de nombreux privilèges par rapport aux journalistes marocains. C'est comme s'ils étaient des diplomates alors qu'ils ne le sont pas. Ainsi, à chaque fois que ces journalistes ont des problèmes avec les autorités marocaines, vrais ou faux, ils ignorent les ONG et instances marocaines et traitent directement avec les représentations diplomatiques de leurs pays à Rabat. Ainsi, ces représentations n'hésitent pas d'intervenir pour faire pression diplomatique sur le Maroc au profit des journalistes. Ceci est inacceptable. Cela étant, et d'une manière générale, la procédure d'octroi de la carte de presse aux journalistes étrangers doit être revue pour mettre fin à l'anarchie qui prévaut dans ce cadre et de façon à ce que les droits des employés soient respectés conformément au Code du travail.


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