A l'occasion de son 30e anniversaire, l'Association marocaine de soutien et d'aide aux personnes trisomiques (AMSAT) a fait peau neuve en ouvrant son nouveau centre ! Situé à quelques pas de la gare Rabat-ville, le nouveau bâtiment a été inauguré vendredi dernier. L'équipe des cordons bleus de l'AMSAT au complet, accompagnés de leur professeur de cuisine. Vendredi dernier, les ruelles habituellement calmes qui jouxtent la gare de Rabat-ville étaient en ébullition. Le prince Moulay Rachid était en effet attendu non loin de là, pour inaugurer le nouveau centre de l'Association marocaine de soutien et d'aide aux personnes trisomiques (AMSAT), dont il est le président d'honneur. Un centre qui entre dans le programme de l'INDH dans la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaërs. L'emplacement stratégique du centre à lui seul, qui lui procure une grande visibilité, est de bon augure pour les personnes atteintes de trisomie, longtemps cachées par leurs familles (voir encadré). A l'intérieur du centre d'une superficie totale de 1 000m2, construit grâce à une enveloppe de 7 millions de dirhams, tout est prévu pour organiser des activités diverses destinées aux 240 membres de l'AMSAT (pour un centre qui peut encore en accueillir jusqu'à 300). « Nous comptons aujourd'hui 140 personnes atteints de trisomie sur la liste d'attente », lance Najib Amor, président de l'AMSAT. Atelier de cuisine, de jardinage, ou encore de peinture sont là pour laisser libre cours à la créativité de ces pensionnaires pleins d'énergie. Un apprentissage qui pourrait par la suite leur permettre de réaliser des stages au sein d'entreprises, souhait émis par l'Association. Afin d'égayer les locaux de l'association, plusieurs toiles et photographies d'artistes marocains de renom y ont été exposés. Plusieurs de ces œuvres artistiques seront d'ailleurs mises en vente au profit de l'Association. D'autres créations exposées sont signées par les pensionnaires du centre eux-mêmes. De vrais cordons bleus Le centre d'une superficie de 1 000m2, jouit d'un emplacement stratégique et d'une grande visibilité A l'intérieur de la grande cuisine aménagée au sein du centre, plusieurs adolescents et adultes trisomiques s'activent. Ils alignent soigneusement les pots de confiture, pâtes de fruits et cookies préparés par leurs soins, qu'ils proposent à la vente. Leur professeure de cuisine ne cache pas sa fierté. « Ils sont à l'écoute, et je prends beaucoup de plaisir à leur apprendre à réaliser des recettes », confie-t-elle au Soir échos. Même si la prise en charge de personnes trisomiques n'est pas une mince affaire. « Avoir de la bonne volonté ne suffit pas », nous avoue Najib Amor. « Le mécénat est fondamental, puisque la grande majorité des parents d'enfants trisomiques que nous recevons n'ont pas les moyens de financer la prise en charge de leurs enfants dans le centre ». Il faut en effet compter 2.000 à 2.500 dirhams par mois pour intégrer son enfant dans un tel centre. La trisomie 21 n'étant pas considérée comme une maladie proprement dite, n'est pas remboursée par la sécurité sociale. Ajouté aux freins financiers, c'est également le regard porté par la société aux personnes trisomiques qui doit subir un revirement. Comme l'a justement lancé le président de l'AMSAT, « l'intégration est un mélange et une acceptation de la différence. Il ne faut pas rester figé sur une certaine image que la société de consommation nous pousse à avoir ». Cachez-moi cet enfant ! Les recherches scientifiques sur le sujet l'ont prouvé. Avoir un enfant atteint de trisomie peut arriver à n'importe qui, même si certains comportements augmentent les risques. En chiffres, 1 sur 700 naissances vivantes débouche sur une trisomie 21, unique aberration chromosomique qui entraîne un retard intellectuel. Riche ou pauvre, jeune ou moins jeune, vivant dans un pays du Nord ou du Sud. Nul est exempt de ce risque. Au Maroc comme ailleurs, ces enfants ont souvent été cachés par leur famille, pendant que d'autres n'ont même pas eu la chance de voir le jour, stoppés net dans leur élan de vie par une IVG (Interruption volontaire de grossesse), la trisomie 21 pouvant être détectée dès la 14ème semaine de grossesse. La présence d'associations comme l'AMSAT, ainsi que d'autres centres d'accueil est bénéfique aussi bien pour les trisomiques, leurs familles, que la société, à qui une bonne dose de tolérance ne ferait pas de mal.