L'hippodrome de Rabat était en effervescence samedi dernier. Parents et enfants ont enfilé leurs survêtements et leurs espadrilles pour participer à une course pas comme les autres. Une course dédiée aux personnes handicapées mentales, et plus spécifiquement aux personnes trisomiques de l'Association marocaine de soutien et d'aide aux personnes trisomiques (AMSAT). « L'idée de “ Je cours pour l'AMSAT ” a été proposée en 2007 par mon prédécesseur, Madame Delpech », confie au Soir échos Guy Rossignol, directeur de l'école André Chénier de Rabat. « Elle avait créé une course gratuite pour sensibiliser les enfants et les adultes à la trisomie, et la course se passait à l'époque au parc du Hilton ». Une manifestation grand public Après deux premières éditions assez modestes, qui étaient réservées aux élèves de l'école initiatrice de l'événement, « Je cours pour l'AMSAT » est devenue ce qu'elle est aujourd'hui, à savoir une journée ouverte au grand public. « Nous avons eu envie de faire un grand événement, une grande journée de solidarité ouverte à tout le monde. Des classes de l'école travaillaient déjà avec des enfants trisomiques. Cet événement n'était qu'un complément à ce rapprochement », ajoute Guy Rossignol. Stands de maquillage, d'échecs, vente d'articles à l'effigie de l'association, ou encore stands de boissons. Une fois franchi le portail d'entrée grâce à un billet payé 20 dirhams, place aux activités ! Plusieurs enfants trisomiques de l'AMSAT sont postés derrière les stands de nourriture, souhaitant la bienvenue aux visiteurs. Le sourire ne les quittera d'ailleurs pas de la journée, heureux d'être au centre de l'attention. « Ils sont contents surtout de vendre ce qu'ils ont eux-mêmes préparé », nous lance Fatima Zahra El Atlassi, de l'AMSAT. Des ateliers cuisine sont en effet proposés au sein de l'association. Si les visiteurs les plus âgés préfèrent rester sur la terre ferme, la grande majorité des enfants descendent, direction le sable et la pelouse, où les attendent plusieurs ateliers sportifs. Ici, les enfants, trisomiques ou non, peuvent se dépenser dans la bonne humeur. A 12h30, les plus téméraires se positionnent sur la piste de départ pour participer à l'une des courses prévues dans la journée. Nombre d'entre les jeunes coureurs, avides de victoire, optent pour un sprint dès le départ. Quelques mètres plus loin, ils ralentiront, déjà épuisés, mais redoublant d'efforts avant de rejoindre leurs parents pour un ravitaillement mérité. A l'issue des quelques heures passées à l'hippodrome, les caisses des stands ont pu se remplir grâce aux généreux visiteurs. L'ensemble des fonds collectés ce jour-là seront injectés au budget de fonctionnement de l'AMSAT. 3 QUESTIONS À … Najib Amor, président de l'AMSAT (Association marocaine de soutien et d'aide aux personnes trisomiques) Parlez-nous de l'AMSAT en quelques mots. L'AMSAT existe depuis environ trente ans. Au départ, le travail englobait tout type de handicap mental, mais il s'est avéré que la tâche était trop grande et il a fallu se spécialiser. Depuis 1985, nous ne prenons en charge que des enfants trisomiques dans notre centre de consultation, même si l'on continue à faire du conseil par rapport aux autres types de handicap. Quelle est la particularité de la prise en charge d'une personne trisomique ? La prise en charge des personnes trisomiques a ses spécificités. Il est important d'accueillir l'enfant trisomique le plus tôt possible, car plus la prise en charge est réalisée tôt, plus les résultats sont meilleurs. Notre but est tout d'abord l'intégration sociale, et pour cela, nous mettons en place un certain nombre d'activités de rééducation, mais aussi l'intégration scolaire. Nous mettons ces enfants dans des classes intégrées, au sein d'écoles ordinaires. Cette intégration scolaire se fait jusqu'à l'adolescence. Vient ensuite l'étape de l'initiation professionnelle. Nous possédons un atelier pédagogique de cuisine, mais aussi de jardinage et de poterie. Le but est de monter des projets professionnels avec ces enfants et leurs familles. Mis à part les fonds collectés, qu'apporte l'événement « Je cours pour l'AMSAT » aux membres de l'association, mais aussi aux participants extérieurs ? Il s'agit de faire rencontrer des enfants normaux avec nos enfants trisomiques. C'est un apport pour les enfants dits « normaux », parce qu'ils apprennent la différence, la tolérance et le respect de la personne handicapée. C'est une dimension humaine qui s'acquiert, et c'est une fête, une manière de les intégrer en mettant de côté toutes les techniques de rééducation pour un moment.