L'économie sociale et solidaire est en fête cette semaine. Le Maroc a été choisi pour accueillir l'antenne de l'Institut panafricain de développement en Afrique du Nord (IPD/AN). Plusieurs manifestations seront organisées durant trois jours à Salé par le Réseau marocain de l'économie sociale et solidaire (REMESS). Entretien avec Ahmed Aït Haddout, président du réseau. Ahmed Aït Haddout espère que l'IPD de Salé répondra aux besoins précis de l'économie sociale et solidaire. Qu'est-ce que l'IPD, dont l'antenne en Afrique du Nord ouvrira ses portes aujourd'hui à Salé ? L'Institut panafricain de développement (IPD) est une ONG de droit suisse, qui a été créée en 1964 pour essayer d'aider les pays africains qui venaient d'accéder à leur indépendance à former leurs cadres dans les approches de développement. Quatre IPD avaient alors été créés, dont deux au Cameroun, un en Zambie, et un quatrième au Burkina Faso. Pour quelles raisons le Maroc a-t-il été choisi pour abriter le cinquième IPD ? L'Afrique du Nord n'était pas couverte. Elle le sera pour la première fois à partir d'aujourd'hui. La proposition est venue du REMESS, dans la foulée de la rencontre pour la création du réseau africain de l'économie sociale et solidaire. Nous nous sommes dit « Pourquoi ne pas créer un IPD en Afrique du Nord ? ». Surtout qu'il avait été décidé que le réseau africain de l'économie sociale et solidaire serait également domicilié au Maroc. Qu'apportera-t-il de plus à ce qui est déjà réalisé par le REMESS ? Notre besoin n'est pas de former des cadres académiques, mais de répondre à des besoins de formations spécifiques dans l'économie sociale et solidaire. Nous n'allons pas délivrer des diplômes, mais nous voulons essayer de répondre à des besoins très précis des Economies sociales et solidaires (ESS) qui travaillent sur le terrain. Il s'agit par exemple de former les dirigeants des coopératives. Les formations concerneront aussi bien la commercialisation, l'élaboration de projet de financement, que parfois uniquement l'administration. Nous remarquons aujourd'hui que des cadres travaillent dans ce domaine, des élus aussi, mais qu'ils ne sont pas au fait de tout ce qui se passe. Nous avons donc conçu des modules très simples qui leur seront bénéfiques. On voudrait aussi retranscrire les projets qui ont réussi, les success stories dans le domaine des ESS, pour ensuite les développer, et en inspirer d'autres. L'IPD sera un lieu pour capitaliser ses expériences. En plus de l'inauguration qui se fera aujourd'hui, plusieurs activités autour de l'économie sociale et solidaire sont également prévues jusqu'au 5 mai. Que prévoyez-vous ? Durant ces trois journées, nous allons organiser des ateliers des ESS dans le pourtour méditerranéen. Ils seront notamment animés par des catalans, des tunisiens, des algériens, et des mauritaniens. Le secrétaire général de l'IPD Emmanuel Kamdem au niveau international est également au Maroc cette semaine pour inaugurer l'IPD et animer une conférence sur « la contribution à la réflexion sur la stratégie de promotion des coopératives ». Il était le spécialiste des coopératives au niveau du Bureau international du travail (BIT). Le REMESS, kesako ? Le REMESS a été créé en février 2006 à partir de 24 organisations de l'économie sociale et solidaire (ESS), suite aux rencontres avec le Réseau intercontinental pour la promotion de l'économie sociale et solidaire (RIPESS), lors du Forum social mondial tenu à Porto Alegre en 2005. Elle a été renforcée par la rencontre de Dakar 2005 sur l'ESS et par un appui d'Oxfam Québec. Le REMESS est membre du RIPESS et fait également partie d'un collectif de réseaux associatifs nationaux et internationaux.