Traitement occasionnel, limité à l'actualité, sensationnel… autant de griefs formulés contre les médias dans leur traitement des cas de violences à l'encontre des enfants. Lors de la rencontre-débat organisée sur « le rôle des médias dans la lutte contre les abus sexuels commis contre les enfants au Maroc, au Liban et en Algérie », mercredi dernier à Casablanca. « Le phénomène des abus sexuels à l'encontre des enfants au Maroc prend une ampleur alarmante. La presse, qui révèle cette tragédie, peut jouer un rôle beaucoup plus pertinent. Elle est appelée à contribuer à la promotion des droits de l'enfant à travers la sensibilisation, la formation et la dénonciation ». Les propos sont d'El Kbir Lemseguem, avocat au barreau de Rabat, qui s'exprimait mercredi après-midi, lors d'une rencontre-débat organisée sur « le rôle des médias dans la lutte contre les abus sexuels commis contre les enfants au Maroc, au Liban et en Algérie », une initiative de l'association AMANE, qui vise à mettre un terme « aux stéréotypes et briser les tabous qui entourent les cas de violences sexuelles ». Un phénomène aux multiples facettes qui se nourrit de la loi du silence. Certes, ces dernières années, des cas d'abus sexuels ont été révélés au grand jour. Cependant, l'on reproche aux médias la manière avec laquelle ils traitent ce phénomène. Traitement occasionnel, limité à l'actualité, traitement sous l'angle du sensationnel… autant de griefs formulées contre la presse, qui selon les intervenants, a un rôle crucial à jouer pour sensibiliser l'opinion publique et lutter contre ce fléau. Engagement des médias Selon les intervenants, des initiatives comme des sessions de formation destinées aux journalistes ont été menées pour renforcer ce rôle, cependant, l'implication et l'engagement des médias dans cette lutte demeurent insuffisants que ce soit au Maroc, en Algérie ou encore au Liban. « Au Maroc, selon une étude menée par l'Observatoire national des droits de l'enfant – ONDE en partenariat avec l'UNICEF sur l'image de l'enfant dans la presse, les journalistes ne jouent pas encore suffisamment leur rôle de relais et de plaidoyer pour la prise de conscience de l'opinion publique notamment sur les sujets relatifs à la violence. L'enquête relève que les cas de maltraitance sexuelle, qui sont en tête de liste des sujets traités dans la presse arabophone (37,8 %), sont trop souvent abordés sous l'angle du sensationnel uniquement. Les journaux francophones, eux, délivrent un traitement essentiellement « officiel » des questions relatives à l'enfance et les articles traitant des violences sexuelles ne représentent que 17 % des sujets », souligne-t-on. Protection des enfants Des professionnels de la presse ont également pris part à cette rencontre-débat pour exposer leurs expériences. Le volet juridique a été également abordé lors de cette manifestation. Lors de son intervention, maître El Kbir Lemseguem a rappelé les lois nationales et internationales sur la protection des enfants contre les violences sexuelles. A ce sujet, il a indiqué que le Maroc a ratifié la Convention des droits de l'enfant ainsi que son Protocole facultatif concernant la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants. Il a été également rappelé les peines prévues par le code pénal en cas de viol ou attentat à la pudeur ou encore à l'exploitation sexuelle des enfants. Pour rappel, la rencontre-débat s'inscrit dans le cadre du « programme régional de renforcement des capacités des acteurs de la protection de l'enfance pour la lutte contre les violences sexuelles à l'encontre des enfants », mis en œuvre par AMANE au Maroc, en Algérie et au Liban. Lancée en janvier 2009, cette initiative est menée en partenariat avec les ONG Acting For Life et ECPAT Luxembourg avec l'appui financier de l'Union européenne, des ministères des Affaires étrangères français et luxembourgeois et d'Air France.