Le Maroc dispose d'un "cadre légal protecteur" contre l'exploitation sexuelle des enfants, notamment grâce à la mise en place d'institutions adaptées, relève une étude de l'Association Meilleur Avenir pour les Enfants (AMAN), présentée vendredi à Rabat. Intitulée "Besoins en renforcement des capacités des acteurs dans la lutte contre les violences sexuelles sur enfants dans la région Mena", l'étude souligne que le Royaume à mis en place des structures adaptées à cette problématique, notamment l'institution du juge des mineurs, l'Observatoire national des droits de l'enfant (ONDE) ou encore les unités d'accueil des jeunes victimes. L'étude se félicite aussi des efforts d'harmonisation de la législation nationale avec les traités internationaux ratifiés par le Royaume en la matière, faisant état d'un "engagement impressionnant" des acteurs associatifs marocains dans la prise en charge de ce problème. Lors de cette journée consacrée à la présentation des résultats de cette recherche, les participants ont été unanimes à souligner la particularité des sévices sexuels que pourraient subir les mineurs, ce problème étant encore sous l'emprise du tabou et du non dit. Pour M. Said Raji, directeur exécutif de l'ONDE, la cellule d'écoute et d'accueil de l'Observatoire a reçu depuis sa création, il y a plus de dix ans, quelque 3.708 plaintes pour violences à l'égard des enfants, dont plus d'un millier concernant des abus sexuels. "Entre 2000 et 2009, le nombre de plaintes enregistrées quotidiennement est monté en flèche (92/an en 2000 contre 493 en 2009), en particulier depuis l'organisation de la campagne nationale de lutte contre la violence faite aux enfants", a-t-il soutenu, précisant néanmoins que "ces chiffres ne reflètent que les cas déclarés, et n'indiquent pas non plus la nature et la gravité de ces violences ". Selon les chiffres de l'ONDE relatifs à l'année 2009, sur les 493 plaintes reçues, 94 concernent des abus sexuels, les parents étant les premiers à dénoncer le crime (73 pc), suivis des proches (10pc) et des ONG et administrations (7pc). L'effectivité des lois en vigueur, la sensibilisation de l'opinion publique mais aussi le renforcement des capacités d'autoprotection des enfants restent les voies les plus efficientes pour résoudre ce problème, ont estimé les intervenants, qui ont été unanimes à reconnaître que l'absence de données exactes sur ce phénomène pose un problème dans la recherche de solutions. "Car tant que le cas d'abus sexuels restent passés sous silences (honte, mutisme des victimesŒ) il sera encore plus difficile de les traiter", ont-ils soutenu. Selon l'Organisation mondiale de la Santé, 150 millions de filles et 73 millions de garçons âgés de moins de 18 ans ont subi un rapport sexuel imposé ou d'autres formes de violence physique ou sexuelle dans le monde en 2002, et que 1,8 million d'enfants se livrent à des activités sexuelles à des fins commerciales. AMANE assure la représentation d'Acting For Life dans la région MENA. Son objectif est d'apporter des solutions complètes qui tiennent compte du contexte général où vit l'enfant à travers une approche allant de la prévention jusqu'à la réinsertion.