Alors que le Front des forces démocratiques s'apprête à tenir son 4e Congrès national, l'aile dissidente du parti conteste la légalité de ce Congrès et accentue un peu plus la crise interne. Thami El Khyari, le fondateur et secrétaire national du FFD, continue de nier l'évidence. Thami El Khyari est confronté à l'opposition d'une partie du bureau politique du FFD. Une rude bataille se déroule entre deux courants du parti de la branche d'olive. Né d'une scission avec le PPS en 1997, le Front des forces démocratiques s'apprête à tenir, les 27, 28 et 29 avril courant son 4e Congrès national à Bouznika. Le parti, peu connu du large public, n'a obtenu qu'un siège lors des législatives du 25 novembre. Son fondateur Thami EL Khyari avait d'ailleurs émis son souhait de se retirer de la vie politique, compte tenu de la débâcle des législatives. Pourtant, 5 mois après le scrutin, il y a de fortes chances pour que El Khyari rempile, ou du moins désigner un de ses fidèles lieutenants. Pourtant la situation du parti est loin d'être rose. Alors qu'il comptait 9 députés lors de la précédente législature, le FFD ne compte aujourd'hui qu'un seul petit siège, occupé par, dit-on, un fidèle de Hamid Chabat ! Un parti, deux chefs ! Qui dit FFD dit El Khyari. Pourtant, aussi original que cela puisse paraître, le parti compte deux chefs. En réalité et depuis quelques mois déjà, une rude bataille se déroule entre deux courants du parti. Si El Khyari est toujours officiellement le secrétaire national, l'autre courant est représenté par un autre secrétaire national en la personne de Mohamed Sahel. Ce dernier, en guerre ouverte avec El Khyari, avait été élu secrétaire national du FFD lors d'une réunion de la commission nationale du parti tenue le 18 août 2011 à Safi. La bataille interne a pris une telle ampleur que celle-ci est arrivée jusqu'aux tribunaux. Le courant mené par Mohamed Sahel a d'ailleurs déposé plusieurs plaintes contre Thami El Khyari. Contacté par Le Soir échos, le Secrétaire national « bis » revient sur cette affaire. « Nous avons eu recours à la justice pour deux raisons : l'une a trait à une vente de terrains appartenant au parti et dont les bénéfices se sont évaporés, et la deuxième concerne le gel des activités de Thami El Khyari », nous a-t-il annoncé. Pour une partie des FFDistes, Thami El Khyari a en effet été démis de ses fonctions par la commission nationale lors de la réunion de Safi, et il est considéré aujourd'hui comme simple membre du comité central. Mais pour El Khyari, ceci ne le concerne pas. Soutenu par quelques-uns de ses fidèles ainsi que par son clan familial, il ne peut envisager de sortir par une si petite porte, lui qui a été fondateur du FFD. Un Congrès sous fond d'affaires judiciaires Alors qu'El Khyari et ses lieutenants préparent la tenue du 4e Congrès, le courant Sahel est revenu à la charge. L'avocat du courant, Tarik Soubaai a émis, mardi, un recours devant le tribunal de première instance de Rabat pour contester la légalité du Congrès. « Le congrès n'est pas légal pour deux raisons : la première c'est qu'on ne peut pas tenir un congrès alors que nous sommes en plein litige dans les tribunaux, tandis que la deuxième raison est qu'El Khyari a été démis de ses fonctions par la commission nationale du parti », nous a déclaré Mohamed Sahel. Esseulé, Thami El Khyari tient tout de même à tenir son Congrès, mais pour ses opposants, il ne représente plus grand chose dans le parti. Pour Sahel, Thami est soutenu par quelques personnes, dont une bonne partie est soupçonnée de malversations financières. « Sur les 46 membres du bureau politique du FFD, ils ne sont que 11 à continuer à le soutenir, dont Bouchra El Khyari, sa sœur », a-t-il tenu à conclure. Interview avec Thami El Khyari, Secrétaire national du FFD Quels sont les enjeux de ce quatrième Congrès ? C'est un Congrès essentiellement organisationnel. Nous allons en profiter pour revisiter l'orientation du parti, mais aussi son positionnement. Tout ceci en adéquation avec la situation du pays, et les réformes politiques qui y ont eu lieu. Le Maroc est aujourd'hui dans une nouvelle phase, nous devons la suivre. L'aile dissidente du FFD, menée par Mohamed Sahel, vient d'émettre un recours à la justice pour contester la légalité du Congrès. Qu'en dites-vous ? Je ne suis pas au courant de cela. Vous venez de me l'apprendre. Pourtant il existe bel et bien des tensions au sein de votre parti. Une partie des membres conteste même la légitimité de votre poste ! Tout ceci est leur problème. Il n'ont qu'à organiser leur propre congrès s'ils le veulent. Moi, ça ne me regarde pas. La préparation du Congrès s'est déroulée dans de très bonnes conditions. Si vous allez y assister, vous le constaterez de vos propres yeux. Sahel prétend que 90 des congressistes qui prendront part au Congrès n'ont rien à voir avec le parti. Qu'en dites-vous ? (Sur un ton irrité). Ce n'est pas vrai, d'ailleurs je ne comprends pas pourquoi vous posez ces questions, je suis là pour répondre aux questions relatives à la tenue du Congrès. Pour vous répondre, les congressistes qui vont assister au Congrès viennent tous de nos sections locales. Allez-vous vous présenter à votre propre succession ? Avant de vous répondre, lors de ce congrès, nous allons renouveler nos instances, nous allons élire une nouvelle direction, un nouveau bureau politique. Pour ma part, les militants insistent pour que je reste secrétaire national. Personnellement, je l'ai réitéré plusieurs fois, ça ne m'intéresse pas de me représenter à nouveau. Mais comme vous le voyez, je suis tiraillé entre le vœu des militants et mon souhait de me retirer. Nous allons tenter de trouver un compromis.