A l'issue de la séance plénière du mardi 10 avril à la chambre des représentants, les députés de l'opposition se sont fait entendre. A la fois déçus et en colère, ils ont exprimé un coup de gueule unanime face au rejet de certains amendements du projet de loi de Finances (PLF). Ce que l'opposition n'a eu de cesse de revendiquer plus particulièrement et tout au long de l'examen du PLF, c'est l'augmentation du budget alloué au fonds de développement rural. Le PLF prévoit 2,6 milliards de dirhams au désenclavement du monde rural et un milliard de dirhams au Fonds de développement rural. « Notre revendication va au-delà de notre place au sein du gouvernement. Ce n'est pas en tant qu'opposition, mais en tant que citoyen soucieux de l'avenir du monde rural que nous avons réagi avec les autres partis afin de solliciter une augmentation conséquente de ce fonds. L'enveloppe qui lui a été allouée n'évitera pas la crise annoncée », estime Mehdi Bensaid, député du PAM. Des craintes inassouvies Dans son 20e amendement, le PAM propose, en effet, de prévenir les conséquences inéluctables de la sécheresse face auxquelles le budget du gouvernement ne pourra pas amortir le choc. « Nous avons ainsi proposé de consacrer 5 % des investissements nationaux à ce fonds afin d'augmenter son budget à 9 MMDH », explique Milouda Hazib, députée du PAM. Et de souligner son indignation de constater que « le gouvernement ait choisi la marginalisation du rural ». « L'approche accordée à ce secteur n'émane pas d'une vision globale. Preuve en est la réalisation des pistes qui n'a pas encore vu le jour dans plusieurs zones rurales condamnées à l'exclusion et dont le petit budget du PLF ne réglera pas le problème », affirme la députée soulignant que la crainte de l'exode rural massif risque bien de devenir réalité. « Les conséquences seront alors plus importantes sur la ville qui souffre, d'ores et déjà, d'une crise économique. L'exode élargira encore plus le cercle périurbain et donc l'habitat insalubre et les bidonvilles que le Maroc veut éradiquer », met en garde Milouda Hazib. « Ce sont 49 % de la population qui est concernée par cette année blanche, alors il faudra en assumer les conséquences », prévient Mehdi Bensaid. Les 3 principes de l'USFP L'USFP a présenté, hier, ses amendements, mais sans grande conviction. S'attendant à subir le même sort que le PAM, le parti de gauche compte, toutefois, crier haut et fort la nécessité pour le gouvernement de mettre les bouchées doubles afin de désamorcer une crise sociale et économique. Sujet très sensible, l'aide au monde rural doit, pour l'USFP, susciter l'intérêt qu'elle mérite. « Nous estimons que ce fonds de développement nécessite un budget de 5 MMDH et nous avons prévu, pour cela, les ressources à même d'augmenter l'enveloppe », déclare Ahmed Zaidi, président du groupe parlementaire de l'USFP. Le parti se base sur trois principes pour tracer sa ligne de défense du monde rural. « D'abord, les conditions climatiques qui, cette année, annoncent une sécheresse inéluctable dont souffriront 13 millions d'habitants. Il faudra donc s'attendre au chômage et par conséquent à un exode rural impressionnant », déduit en toute logique ce parlementaire décrivant la vision d'une réelle catastrophe qui guette le Maroc. Le second principe pour lequel milite farouchement l'USFP est l'amnistie partielle des petits et moyens agriculteurs. « Ils sont endettés jusqu'au cou et la sécheresse ne fait que resserrer l'étau. Nous revendiquons une amnistie partielle des dettes au profit des petits agriculteurs et que les agriculteurs de la catégorie moyenne soient dispensés au moins des intérêts des crédits qui leur ont été alloués», explique Ahmed Zaidi. En troisième principe, c'est l'infrastructure dans le milieu rural qui préoccupe l'USFP. Pour le parti de l'opposition, c'est sur l'amélioration du quotidien des habitants du monde rural qu'il faut agir. « Il est urgent et nécessaire de mettre en place toutes les accessibilités indispensables, comme l'eau potable, l'électricité et les soins médicaux », rappelle le président du groupe. Une vie digne, le monde rural semble encore en être à la quête. Aux yeux de l'opposition, le plus dur est encore à venir.