Un nouveau gouvernement et un contexte propice. Les trois jours de négociations sur le Sahara, qui prennent fin ce mardi à Manhasset, apportent aux deux parties une meilleure opportunité de mettre fin à leur conflit. A ce 9e round, le Maroc détient une position forte qui s'est renforcée davantage avec le soutien des chefs des diplomaties française et américaine qui ont exprimé clairement leur soutien pour le plan d'autonomie du Sahara. Alain Juppé et Hillary Clinton l'ont même qualifié, au cours de leurs récentes visites au Maroc, de « réaliste ». « Ces déclarations sont très importantes pour le Maroc, elles peuvent avoir un impact sur les négociations », estime le politologue Roudani Cherkaoui. Une nouvelle vision Parce que « le statu quo n'arrange personne », pour reprendre les propos d'Alain Juppé, il est temps de tourner la page vers une réelle progression dans ce dossier. « Ce dernier sort enfin de la bulle étatique politiquement parlant. Il est aux mains d'un nouveau gouvernement, il n'est plus dans la confidence comme par le passé. Et que la politique gère par elle-même ce dossier peut donner aux pourparlers de Manhasset une nouvelle perception », affirme ce politologue précisant, toutefois, « qu'il ne faut pas s'attendre à grand-chose » de ce 9e round de Manhasset. Et pour cause, ce dernier semble être en fait le commencement d'une nouvelle étape décisive et progressive où il faudra d'abord « restaurer les bases des discussions » et ensuite « chercher une convergence des idées ». Une mission difficile mais pas impossible à en croire ce politologue, pour qui la situation géopolitique pèse très lourd sur les deux parties du conflit. « Pour la résolution du dossier, il est nécessaire d'assurer l'intégration économique de la région. D'un niveau géopolitique, c'est un passage obligé, pressant et vital. Les deux parties doivent admettre la réalité des choses et relever le défi essentiel de souder et de réconcilier la région », souligne Roudani Cherkaoui, faisant allusion à l'insécurité qui frappe, ces derniers temps, le nord du Mali et la Mauritanie. « La région du Maghreb s'enlise et Al Qaida en profite après avoir délocalisé ses cellules. Al Qaida se focalise sur le Maghreb pour sa proximité de l'Europe », explique-t-il. Les pays de l'Union du Maghreb arabe ne se voilent pas la face. La sécurité et la lutte contre le crime dans toute la région sont en tête de liste des priorités qu'ils débattront bientôt au cours d'une rencontre dont l'organisation a été confié à la Tunisie. Les diplomaties des deux pays, le Maroc et l'Algérie, ne ménagent aucun effort pour améliorer leurs relations et montrent leur grande disponibilité à aller de l'avant. Le soutien, oui, l'action, mieux ! Le politologue Mohamed Darif n'a pas de doute sur l'urgence de passer de la promesse à l'action. « Je pense qu'il ne faut plus se contenter d'exprimer une position, mais de passer à l'acte », déclare-t-il au Soir échos. L'analyste estime qu'aujourd'hui l'aspect réaliste du projet d'autonomie du Sahara, proposé par le Maroc, suscite une unanimité. « Déjà l'ancien émissaire du secrétaire général de l'ONU, Van Walsum, l'a qualifié de proposition applicable et réalisable. La France et les USA l'ont également exprimé par la voix de leurs ministres des Affaires étrangères, Alain Juppé et Hillary Clinton », rappelle Mohamed Darif soulignant que le contexte actuel dans les pays arabes y est également très favorable. « La Tunisie, aujourd'hui, se prononce pour un Maghreb uni et cela ne peut se faire sans la résolution de ce conflit du Sahara Occidentale », estime-t-il. Et de préciser que la disparition de Kadhafi, qui adoptait une position hostile à ce projet, offre à ce dossier le moment favorable à sa résolution. « Puisqu'il y a unanimité sur la fiabilité du projet d'autonomie, c'est le moment de mettre en place les mesures de sa concrétisation », soutient le politologue. Les paroles ne suffisent plus en l'état actuel des choses, à en croire l'analyste pour qui « les pays qui assument de manière directe la gestion du conflit, la France, les USA et l'Espagne doivent, à présent, exercer une pression pour un processus de normalisation de la solution marocaine ». Et de préciser que si les communautés internationales ne procèdent pas à la concrétisation du projet par la pression, d'autres chercheront toujours à le boycotter. Comme le souligne Darif, « Il n'y a que l'Algérie et ses alliés connus qui prônent le référendum sans aucun motif réellement valable ».