La France revient en force sur le dossier du Sahara en réitérant son soutien au Maroc. Mercredi, le chef de la diplomatie françaisen Alain Juppé, en visite de deux jours (jeudi et vendredi) au Maroc, est revenu de manière très explicite sur ce délicat dossier finalement maghrébin en déclarant que le plan d'autonomie marocain constitue la « seule proposition réaliste» pour une solution au conflit, dans le cadre des Nations Unie. « Nous pensons toujours que le plan d'autonomie marocain, qui est aujourd'hui la seule proposition réaliste sur la table, constitue la base sérieuse et crédible d'une solution», a-t-il déclaré dans un entretien à l'agence d'information MAP, à l'occasion de sa visite officielle jeudi et vendredi au Maroc. Selon Juppé, il faut que «cette question continue à être traitée dans le cadre des Nations Unies et qu'elle ne soit pas un obstacle dans le processus de rapprochement entre le Maroc et l'Algérie». Commentant la déclaration de Juppé, le politologue Mohamed Darif a déclaré au Soir échos que cette position de la France est plutôt traditionnelle et vient après celle faite par la secrétaire d'Etat américaine Hilary Clinton, lors de sa récente visite au Maroc. «Je pense que la communauté internationale, notamment les alliés traditionnels du Maroc, ambitionne de passer à la vitesse supérieure en proposant de passer à l'action plutôt que de laisser le dossier du Sahara traîner entre des va-et-vient stériles et sans conséquences pour les pays concernés.» Un voisin mécontent Les propos de Juppé ne passeront pas inaperçus à Alger. Notre voisin afficherait certainement un brin d'hostilité aux déclarations du ministre français en avançant (encore une fois) que la France fait tout pour compliquer le dossier, comme le note Mohamed Darif. « L'Algérie pointera encore une fois du doigt la France» , déclare-t-il au Soir échos. Pour rappel, les propos de Juppé ont été tenus à la veille du prochain round de pourparlers informels sur le Sahara, sous l'égide de l'ONU, qui se déroulera du 11 au 13 mars dans la banlieue de New York. En visite fin février à Rabat, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton avait qualifié la proposition marocaine de “sérieuse, crédible et réaliste”, tout en plaidant pour une solution « mutuellement acceptable». Rabat propose une large autonomie du Sahara avec un gouvernement et un parlement local, sous sa souveraineté. Le Front du Polisario, soutenu par Alger, rejette ce plan marocain et réaffirme «le droit du peuple saharaoui à l'autodétermination» via un référendum. Evoquant le rapprochement récent entre les pays du Maghreb, uppé a plaidé pour un «Maghreb fort et uni» pour le bien de la région et de l'Europe, se félicitant de la dynamique en cours sur la voie du renforcement de l'Union du Maghreb Arabe (UMA). Une visite très symbolique Cette visite a été également l'occasion d'aborder des questions régionales, en particulier la crise syrienne, alors que le Maroc représente le groupe arabe au Conseil de sécurité des Nations Unies,. Les deux pays entretiennent des relations privilégiées. La France est le premier fournisseur, le premier client et le premier investisseur étranger au Maroc. Cette visite est la première au Maroc d'un haut responsable français après les législatives de novembre dernier, marquées par la victoire du parti islamiste Justice et développement (PJD), dirigé par l'actuel chef du gouvernement. Juppé a signé le même jeudi un prêt de 50 millions d'euros de l'Agence française de développement (AFD) pour l'amélioration du revenu agricole de régions défavorisées du nord du Maroc. La solidité des relations entre Rabat et Paris s'est récemment illustrée par l'inuaguration en février d'une usine géante du fabriquant automobiles français Renault à Tanger. A terme, 6.000 salariés y travailleront pour une production de 150 à 170.000 véhicules par an. Plus de 40.000 Français sont installés au Maroc et environ 800.000 Marocains vivent en France, la deuxième plus importante communauté étrangère après l'Algérie.