Tous les messages postés sur Twitter depuis janvier 2010 sont désormais accessibles à la demande. En effet, quelques semaines après avoir reconnu conserver des archives géantes de données échangées par ses membres via ses applications mobiles pour iOS et Android, on apprend en effet, via le « Daily Mail », que le site de micro blogging a revendu les droits d'exploitation de tous les messages postés par ses quelque 350 millions de membres depuis janvier 2010 à DataSift, une société spécialisée dans l'exploitation et la revente des données sociales. Jusqu'à présent, seule la dernière semaine de tweets était accessible et seules quelques entreprises pouvaient remonter jusqu'à 30 jours. C'est ainsi que la société spécialisée dans le traitement des données va pouvoir revendre ces informations à ses clients qui pourront les décortiquer à loisir. Elle servira ainsi d'intermédiaire entre Twitter et les sociétés commerciales et publicitaires intéressées par des profils complets de clients potentiels, définis par leurs tweets et des paramètres qui les accompagnent. En effet, les tweets en tant que tels n'ont pas une grande valeur marchande sans l'armada de meta-informations qui les accompagnent, à savoir, le moment où le post a été twitté, le lieu géographique duquel il a été twitté, le sentiment du twitteur, le sujet et les liens postés. C'est ainsi qu'on arrive à analyser et extraire de ce vacarme des données brutes croisées dans tous les sens, des informations précieuses pour le décideur. Une vraie mine d'or puisque les acheteurs pourront par exemple consulter des tweets sur des sujets spécifiques et même les filtrer en recoupant les données géographiques. Une marque pourra ainsi savoir ce que les clients de tel pays, voire de telle ville pensent de son produit. A cet égard, Rob Bailey, le président directeur général de DataSift, a déclaré à Reuters qu'il comptait une liste d'attente de plus de 700 sociétés prêtes à payer pour explorer les archives de Twitter. Légal mais effrayant Les utilisateurs de Twitter, qui sont mis devant le fait accompli, peuvent-ils se poser en victime ? A priori, pas vraiment puisque leurs tweets sont des données publiques, publiées volontairement par eux-mêmes au fil du temps. Twitter, dans ses conditions générales d'utilisation du service, ne revendique pas la propriété des tweets. Il est bien précisé que « Votre profil et la matière uploadée reste votre propriété », mais il est dit aussi plus loin que « [l'utilisateur] accepte que, par son usage du service, [il] consent à la compilation et à l'utilisation de cette information, y compris le transfert de cette information aux Etats-Unis et dans d'autres pays pour stockage, traitement et utilisation par Twitter ». Les données concernant le sentiment, la géo-localisation, le sujet et les liens et autres matières accompagnant le tweet sont des faits et ne sont donc pas copyrightables. Sur le front de la protection de la vie privée, Twitter est donc parfaitement dans la légalité même si c'est relativement effrayant de penser que toute sorte de gens peut faire toute sorte d'usages de ce que nous postons sur les réseaux sociaux. Twitter et DataSift, par leur accord, facilitent de la sorte le travail de recherche des annonceurs en termes de données personnelles. Et ce n'est sans doute que le début puisque DataSift se dit intéressé par le même genre d'accord avec Facebook. Les social-data sont ainsi en train de donner naissance à une industrie très lucrative. Une stratégie attentiste En 2009, Twitter n'a généré, pratiquement, aucun revenu étant donné la gratuité du service, de même que l'absence de publicité. A l'époque, cela ne semblait vraiment pas inquiéter les dirigeants. Mais la stratégie de Twitter a été largement dévoilée quand des documents confidentiels ont été dérobés par piratage, puis envoyés au siège du blog TechCrunch. Après négociation, Techcrunch a publié ce qui se rapporte à la stratégie de l'entreprise, mais pas les informations privées ou concernant la sécurité. Il est apparu que Twitter compte générer des revenus en proposant plusieurs services avancés pour les entreprises. Mais n'ayant pas un besoin urgent de générer des revenus, Twitter a une stratégie attentiste, cherchant en premier lieu à rassembler un maximum d'utilisateurs (objectif : 1 milliard en 2013), pour mieux valoriser ses services quand ils seront lancés.