Le président tunisien Moncef Marzouki a achevé sa tournée régionale de six jours, hier, en Algérie. Une tournée placée sous le signe de l'espoir, un an après le « printemps arabe » qui semble avoir redessiné les donnes dans la région. Et le message est clair : il est grand temps de s'unir pour affronter les vagues impétueuses de l'avenir ensemble. Le nouveau chef d'Etat tunisien qui a pris les rênes de son pays, il y a quelques mois, suite aux soulèvements populaires qui ont eu raison du régime de Ben Ali, se pose donc en rassembleur et veut croire en une chance pour l'Union du Maghreb (UMA). « Nous allons œuvrer cette année à rétablir la cohésion avec nos frères Algériens, Marocains, Libyens et Mauritaniens, dans le but de ressusciter le grand rêve de l'Union maghrébine, gelée depuis des années », a laissé entendre Moncef Marzouki lors de sa tournée. A Rabat, Nouakchott ou encore Alger, le signal est très fort : « Il faut relancer l'Union du Maghreb ». « La visite du président tunisien est une opportunité de concertation sur le processus de construction de l'UMA », a déclaré, dimanche, Abdelaziz Bouteflika, le chef d'Etat algérien qui recevait son homologue à l'aéroport international Houari-Boumediene d'Alger. « Ma visite est d'une importance majeure pour la relance, notamment en matière de relance de l'Union du Maghreb Arabe et de renforcement des relations entre ses peuples », a, de nouveau, rappelé Moncef Marzouki. Cependant, une éventuelle renaissance de l'UMA ne pourrait être possible sans le soutien effectif des acteurs de la région. « Contourner le conflit du Sahara » Et c'est en partie pour s'assurer de ce soutien que le président tunisien a consacré six jours à cette tournée. Mais, il n'entend pas en rester là puisqu'il a d'ores et déjà proposé la tenue d'un sommet dans son pays sur la question. « L'année 2012 sera l'année du Maghreb. J'invite les Maghrébins à rêver d'un espace ouvert, sur le modèle de l'Union Européenne. Il est temps de lever les obstacles et d'ouvrir les frontières entre l'ensemble des pays du Maghreb », a-t-il insisté. Concernant le conflit du Sahara qui constitue, en effet, l'épine dorsale du dossier, Moncef Marzouki a appelé les protagonistes (Maroc et Algérie) à contourner la question. « Quand vous avez un problème que vous ne pouvez surmonter, il faut le contourner. Il faut continuer à discuter et laisser ce problème pour le moment entre parenthèses, le laisser à l'ONU qui s'en est emparée », a-t-il déclaré. « Une fois les relations améliorées et les frontières ouvertes, on procèdera alors au lancement de projets communs, un impératif pour l'instauration d'un climat psychologique susceptible d'ouvrir les canaux de communication et de connaissance, à même de créer des conditions politiques et psychologiques nouvelles, favorisant la résolution de ce conflit de manière à préserver l'honneur ainsi que les intérêts communs de tous », a-t-il ajouté. Une réunion des ministres des Affaires étrangères des cinq pays de l'UMA est prévue le 18 février à Rabat. Lors de son escale algérienne, le président tunisien a aussi évoqué les questions d'ordre sécuritaire, compte tenu de la fragilité de la région due au trafic de drogues et surtout à la prolifération d'armes de tous genres issues du conflit libyen.