Le vote de la commission du commerce international du Parlement européen vient de confirmer massivement la volonté d'une ratification de l'accord agricole avec le Maroc. Pour autant, rien n'est joué tant que le vote de l'assemblée plénière, prévu dans un mois, ne vient pas conforter cette avancée.Bien qu'il soit trop tôt pour crier victoire, il est utile de s'attarder sur les raisons probables d'un tel revirement, positif, en faveur de cet accord que l'on se plaît à décrier en Europe, mais qui est essentiel aux relations économiques, politiques et sociales entre notre pays et nos voisins du Nord. Une concertation intelligente en amont entre les différents acteurs, à savoir les agriculteurs marocains, en premier lieu, mais aussi les ministères de l'Agriculture et des Affaires étrangères, a permis de parler d'une seule voix et de peser davantage face aux adversaires de cette ratification.Le second point de satisfaction, en particulier face à Mariano Rajoy, a été d'associer les dossiers de la pêche, sur lequel les Espagnols sont plus flexibles pour cause de crise économique, et celui de l'agriculture. « On ne peut pas aimer le poisson marocain et pas ses tomates », comme le résume un fin connaisseur du dossier. Le vote de la commission est certainement un rappel de la raison dans une situation où les conflits entre les nécessités politiciennes et la réalité socioéconomique entraînent des prises de positions rhétoriques, qui ne résistent pas aux contraintes que cela induit dans leur vie quotidienne, pour des centaines de milliers de personnes des deux côtés de la Méditerranée. Reste maintenant à transformer l'essai, en maintenant la cohésion de l'équipe en charge de la négociation et en étant plus offensif face à des détracteurs, qui jouent à entretenir la confusion entre des registres distincts. A ce titre, pourquoi ne pas inviter messieurs Bové et Carl Haglund, l'eurodéputé finlandais à l'origine du blocage sur la pêche, qui pourraient constater de visu le mal-fondé de leur position, au lieu de se contenter de répéter les argumentaires dont les abreuvent les ennemis de la cohésion régionale.