La Ligue arabe veut poursuivre et renforcersa mission en Syrie. Cependant, de nombreuses voix dissonantes s'élèventau sein mêmede l'organisation pour appeler au retrait des observateurs, estimant que la mission est un fiasco. L'organisation a décidé de poursuivre et de renforcer sa mission en Syrie à l'issue de la réunion de ses 22 membres, dimanche, au Caire. La Ligue arabe est déterminée à aller jusqu'au bout en dépit des critiques. L'organisation a décidé de poursuivre et de renforcer sa mission en Syrie à l'issue de la réunion de ses 22 membres qui ont examiné le premier rapport des observateurs sur la crise, dimanche, au Caire. « Le comité ministériel de la Ligue en charge du dossier syrien a décidé de donner aux observateurs le temps nécessaire pour poursuivre leur mission conformément au protocole, après avoir examiné le premier rapport du chef des observateurs, le Général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi. En dépit d'un progrès partiel dans la mise en œuvre des engagements acceptés par le gouvernement syrien, le comité appelle Damas à un arrêt complet et immédiat de la violence », a indiqué un communiqué de l'organisation. Le Premier ministre du Qatar, Hamad ben Jassem Al-Thani, chef du comité ministériel de la Ligue arabe pour la Syrie, a estimé, après l'examen du document que « les meurtres ont diminué ». Les nombreux appels de l'opposition, qui réclame le transfert du dossier à l'ONU, n'auront pas été entendus. Selon les comités locaux de coordination de la révolte, les observateurs sont manipulés par le régime. « Aucun projet de retrait des observateurs n'est à l'ordre du jour. Nous ne parlons pas de retrait, mais du renforcement de cette mission », a précisé le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Adnane Issa. Un autre diplomate de l'organisation a affirmé que le « document évalue la situation sur le terrain en Syrie et examine les dispositions qui peuvent être prises dans la prochaine phase ». Augmenter l'effectif des observateurs Même si la semaine passée, le Premier ministre du Qatar a évoqué des erreurs du fait du manque d'expérience des observateurs et appelé l'ONU à la rescousse, pour le moment c'est le maintien de la mission qui semble prévaloir. La Ligue entend d'ailleurs augmenter l'effectif des observateurs (165 actuellement) et renforcer leur ressource financière et logistique. Le rapport intégral de cette mission sera présenté le 19 janvier lors de la réunion des chefs de la diplomatie des 22 Etats membres. « S'il ressort de ce rapport que les violences n'ont pas cessé, la Ligue arabe aura la responsabilité d'agir. Nous devons être clairs et honnêtes avec le peuple syrien », a déclaré Hamad ben Jassem Al-Thani. La Ligue rend également responsables les deux parties engagées dans la crise (l'armée régulière et notamment les soldats déserteurs), les appelant à cesser toute violence et à faire prévaloir le dialogue. Ce premier rapport condamne de même la répression et accuse Damas de ne pas avoir respecté ses engagements vis-à-vis du protocole de paix arabe. Malgré la mise en liberté de quelques centaines de prisonniers politiques ces dernières semaines en guise de signe d'apaisement, de nombreux autres sont toujours détenus dans des endroits tenus secrets par les autorités syriennes. Selon le document, les observateurs ont également été victimes d'harcélement de la part du régime au même titre que de l'opposition. Cependant, de nombreuses voix dissonantes ne manquent pas de se faire entendre au sein même de l'organisation au sujet de cette mission. Selon un diplomate arabe, qui s'est confié au Figaro, « la mission est un échec depuis le début. D'emblée, on a mis de côté les trois- quarts du plan de paix arabe, qui ne demande pas seulement l'arrêt des violences et la libération de tous les prisonniers, mais aussi, immédiatement, un dialogue avec l'opposition. La faute revient aux Etats de la Ligue, qui auraient dû insister sur ce point. Or, ils n'ont fourni aucun accompagnement politique à la mission ». Sur le terrain, les violences se poursuivent. Dans la nuit de samedi à dimanche, de violents heurts ont opposé des soldats et des déserteurs dans le village de Basr al-Harir, dans la province de Deraa au sud du pays, faisant 11 morts dans les rangs de l'armée régulière, d'après le bilan établi par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). À Homs, au moins dix civils ont été tués par les forces de sécurité. Par ailleurs, la Russie, fidèle alliée de Bachar al-Assad, a déployé ce week-end sa flotte dans la base navale de Tartous en Syrie. L'objectif de Moscou, qui entretient l'impasse au Conseil de sécurité sur la crise syrienne, est de montrer son soutien au régime de Bachar al-Assad, confronté depuis le mois de mars à une vague de contestations sans précédent.