La situation devient de plus en plus alarmante en Syrie. Les affrontements armés entre les forces de sécurité, fidèles à Bachar el-Assad, et les soldats déserteurs suscitent beaucoup de crainte. La situation en Syrie prend des allures de guerre civile. Les affrontements entre l'armée régulière à la solde du régime et les soldats déserteurs ayant rejoint la contestation font craindre une dégénérescence de la crise en conflit armé. La semaine passée, dix-huit membres des forces de sécurité syriennes ont été tués dans des heurts avec les déserteurs à Deraa, au sud du pays. L'armée syrienne libre, riche de près de 40 000 hommes, semble mener sa propre lutte indépendamment des manifestations de l'opposition. Et dans ce climat de règlement de comptes, ce sont les civils qui payent un lourd tribut. De son côté, le régime utilise aussi de plus en plus de snipers postés sur les toits des immeubles, notamment dans les villes contestataires pour semer la terreur au sein de la population, n'hésitant pas à tirer sur tout ce qui bouge. Vendredi matin, un attentat «terroriste» s'est produit à Midane, le quartier historique du centre de Damas faisant au moins 25 morts et 46 blessés, selon la télévision syrienne. C'est le deuxième attentat en moins de deux mois. Et selon l'opposition, c'est le gouvernement qui en est responsable car il veut tourner le soulèvement populaire en menace terroriste pour justifier ses crimes. Dans le même temps, le Conseil national syrien (CNS) s'est dit désormais prêt à demander une intervention étrangère pour limiter la marge de manœuvre de l'armée régulière. Une intervention étrangère? Le CNS a publié sur son site un rapport intitulé «Une zone de sécurité pour la Syrie», dans lequel il revendique «une zone tampon» comme c'était le cas en Libye, il y a quelques mois. L'organe représentatif des forces de l'opposition syrienne n'a pas manqué de décrire son scénario. «L'intervention supposera d'abord une campagne de frappes aériennes préventives contre le système de défense aérienne syrien, afin de permettre aux aviations occidentales de protéger la zone libérée. Les frappes pourraient être réalisées par des avions français, britanniques et turcs, avec le soutien aérien des Emirats Arabes Unis, du Qatar et de la Jordanie », peut-on lire. Cependant, ce rapport est loin de faire l'unanimité au sein de toutes les composantes du CNS, compte tenu des divergences. « Oui, nous demandons la création d'une zone tampon. Nous explorons toutes les voies possibles. Non, nous ne souhaitons pas une intervention occidentale. Ce rapport est un travail de réflexion», a précisé Bassma Kodmani, membre du comité exécutif du CNS. L'ONU à la rescousse Par ailleurs, en cas d'échec de la mission de la Ligue arabe en Syrie, qui consiste à enquêter sur les exactions du régime à l'encontre des manifestants, l'organisation panarabe pourrait envisager de s'en remettre à l'ONU. Cela est d'ailleurs très probable dans la mesure où le Premier ministre du Qatar, Hamad ben Jassem Al Thani, en charge de la commission ministérielle sur la crise syrienne, a avoué qu'il y a eu des erreurs de la part des observateurs, en raison de leur manque d'expérience. Il a de même évoqué une «possible aide» des Nations Unies en vue de leur donner une formation appropriée. «Nous sommes ici pour demander une aide technique et pour nous informer de l'expérience de l'ONU, car c'est la première fois que la Ligue arabe envoie des observateurs et il y a certaines erreurs», a-t-il déclaré à l'issue d'une réunion avec Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU.