Un pays au bord de la guerre civile et où les accrochages ont fait environ 4.000 morts depuis le début du mouvement de contestation contre le président Bachar al Assad mi-mars. , a déclaré jeudi Navi Pillay, Haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme. 56 enfants ont été tués par les forces de sécurité pour le seul mois de novembre, considéré comme étant le plus mortel», depuis le début des violences en Syrie au mois de mars. Des militaires dissidents syriens ont tué jeudi huit personnes lors d'une attaque contre un siège des services de renseignements suivie d'affrontements dans la province d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, ont indiqué vendredi des militants. Un groupe de déserteurs a attaqué «un centre des renseignements de l'armée de l'air entre les régions de Jisr al-Choughour et Lattaquié. Des affrontements s'en sont suivis dans lesquels huit membres des renseignements ont péri», a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Treize déserteurs ont été blessés, a ajouté dans un communiqué l'organisation basée au Royaume-Uni, alors que la répression par le régime de Bachar al-Assad de la contestation populaire continue parallèlement avec la mort de 15 civils jeudi. Toujours dans la province d'Idleb, un haut lieu de la contestation antirégime, deux militaires dissidents ont été tués par les tirs des forces de sécurité contre la voiture à bord de laquelle ils roulaient près de la frontière syro-turque. Ces violences impliquant des déserteurs surviennent alors que le Conseil national syrien (CNS), qui regroupe une grande partie de l'opposition, et l'Armée syrienne libre (ASL), formé des déserteurs, ont convenu de coordonner leurs efforts contre le régime lors d'une rencontre lundi en Turquie. En outre, des milliers de Syriens s'apprêtaient à manifester vendredi à l'appel de militants antirégime avec pour slogan cette semaine «La zone tampon nous protège», une possibilité envisagée par le voisin turc à la frontière en cas d'afflux massif de réfugiés syriens fuyant la répression. 56 enfants tués Un des experts de la commission internationale d'enquête sur la Syrie mandaté par l'ONU a indiqué vendredi que les forces de sécurité avaient tué 56 enfants pour le seul mois de novembre, «le plus mortel», depuis le début des violences dans ce pays en mars. «Selon des sources dignes de foi, à ce jour 307 enfants ont été tués par les forces de l'ordre. Novembre a été le mois le plus mortel avec 56 enfants tués», a déclaré Paulo Pinheiro, de la commission internationale d'enquête mandatée par le Conseil lors de la session spéciale du Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Syrie. Damas doit « rendre des comptes » pour ses crimes La Syrie est au bord d'une guerre civile et les accrochages y ont fait environ 4.000 morts depuis le début du mouvement de contestation contre le président Bachar al Assad mi-mars, a déclaré jeudi Navi Pillay, Haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme. Cette évaluation chiffrée des violences politiques fournie jeudi intervient alors que la Ligue arabe et l'Union européenne accentuent leurs pressions sur le gouvernement syrien, sans résultats tangibles. «Nous évaluons le bilan à 4.000 morts, mais en fait les informations fiables qui nous parviennent sont bien supérieures à cela», a déclaré Navi Pillay à Genève. «J'avais dit en août devant le Conseil de sécurité que lorsqu'un nombre croissant de déserteurs menaceraient de prendre les armes, il y aurait guerre civile. Désormais, c'est ainsi que je caractérise ce qui se passe», a-t-elle dit devant la presse. Ses propos ont été nuancés un peu plus tard par son porte-parole Rupert Colville: «La situation évolue assurément dans ce sens, avec de plus en plus de récits de résistance armée contre les forces gouvernementales. Nous sommes au bord de la guerre civile, mais dans ces circonstances il est difficile d'affirmer catégoriquement à quel moment cela devient une guerre civile», a t-il déclaré à Reuters. La responsable des droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay, a insisté vendredi sur le «besoin urgent» pour la Syrie de «rendre des comptes» pour crimes contre l'humanité. Ouvrant une session spéciale du Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Syrie, la haut-commissaire aux droits de l'Homme a évoqué le rapport accablant publié lundi par la commission internationale d'enquête mandatée par le Conseil faisant état de crimes contre l'humanité commis par les forces de sécurité syrienne, estimant qu'il «renforce le besoin urgent» pour le régime de Damas de «rendre des comptes». Biden somme Assad de partir Le vice-président américain Joe Biden, en visite en Turquie, a sommé le président Bechar al-Assad de quitter le pouvoir en Syrie pour une «transition pacifique», dans des déclarations publiées vendredi par un journal turc. «La position des Etats-Unis sur la Syrie est claire: Le régime syrien doit mettre fin à la répression contre son propre peuple et le président Assad doit quitter son poste», a-t-il dit au journal à gros tirage Hürriyet. M. Biden, qui est arrivé jeudi soir en Turquie pour s'entretenir avec les dirigeants de ce pays allié des Etats-Unis au sein de l'Otan et important partenaire régional, a affirmé que son gouvernement, qui a plusieurs fois exhorté le président syrien à quitter le pouvoir, insistait pour une «transition pacifique» en Syrie. «Une stabilité durable ne peut être assurée (en Syrie) qu'avec l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement qui écoute et subvient aux besoins de son peuple au lieu de lui pointer une arme dessus», a-t-il estimé, insistant sur la «stabilité» de la Syrie qui partage une longue frontière avec la Turquie. Le vice-président américain a en outre salué la fermeté adoptée par Ankara à l'égard de Damas, son ancien allié, et le dialogue qu'il a entrepris avec l'opposition syrienne.