Des combats ont opposé dans la nuit de mardi à mercredi les forces syriennes à des déserteurs près d'Hirak, dans le Sud de la Syrie, après la mort de trois manifestants qui dénonçaient l'arrestation d'un dignitaire religieux, a-t-on appris auprès de témoins et d'opposants. Un vingtaine de militaires ont déserté et ont retourné leurs armes contre les forces gouvernementales autour de cette localité située 80 km au sud de Damas, dans la plaine d'Haouran, près de la frontière jordanienne, ajoutent-ils. Les trois personnes tuées quelques heures plus tôt protestaient contre l'interpellation du cheikh Wasjih al Qaddah, imam de la mosquée Abou Bakr, où se réunissent régulièrement des opposants au président Bachar al Assad. «J'ai vu les corps de trois manifestants à la morgue. Un échange de tirs d'armes légères et de mitrailleuse oppose en ce moment des déserteurs à l'armée, juste à l'ouest d'Hirak», a déclaré un habitant. L'offensive gouvernementale lancée dans les vieux quartiers de Homs, haut lieu de la contestation du régime de Bachar al Assad dans le Centre, est par ailleurs entrée dans sa troisième journée. Six civils tués par balles dans la région de Homs Les affrontements entre forces gouvernementales et opposants soutenus, là aussi, par des déserteurs, ont fait au moins 32 morts en 48 heures, rapportent des habitants. Six civils, dont une femme, ont été tués mercredi par balles en Syrie, où le régime du président Bachar al-Assad réprime dans le sang depuis plusieurs mois une contestation populaire, selon un nouveau bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Quatre d'entre-eux ont été tués par les tirs d'une milice civile, les «chabbiha», dans un quartier de Homs, un des hauts lieux de la contestation populaire lancée à la mi-mars en Syrie. Le régime du président Assad a confié un rôle de premier plan à ces milices civiles pour mater l'insurrection populaire. Deux autres civils, dont une femme, ont été tués par des balles perdues près d'al-Qousseir (région de Homs, centre), théâtre depuis lundi d'affrontements entre l'armée régulière et des hommes armés qui seraient des déserteurs, a indiqué l'OSDH. Selon cette ONG basée à Londres, un septième civil, blessé la veille dans une localité près de Damas, est décédé mercredi à l'aube. Mardi, la répression a fait de nouveau quatre morts, des civils tués par les tirs des forces de sécurité contre des manifestants à al-Harak, dans la région de Deraa (sud), et à Homs (centre), selon l'OSDH. Lundi, 44 personnes ont été tuées dans le pays, dont onze membres de l'armée régulière abattus par des déserteurs armés, selon la même source. Un enregistrement vidéo visible sur Youtube montre des militaires remorquant un char endommagé dans les rues de Bab Sbaa, à Homs, sous le yeux de riverains scandant des slogans tels que «Nous serons libres malgré toi, Assad !» ou «Le traître est celui qui tue sont propre peuple !» Plusieurs milliers d'hommes de la IVe division de la Garde républicaine commandé par Maher Assad, frère du chef de l'Etat, ont lancé une vaste opération de recherche dans la banlieue est de Damas, disent des opposants. L'Observatoire syrien des droits de l'homme, dont le siège est à Londres, signale en outre la mort de quatre militaires dans la province orientale d'Idlib. Depuis la mi-mars, plus de 3.000 civils ont été tués dans la répression de la contestation selon l'ONU. Lundi, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a haussé le ton vis-à-vis du président Assad, le sommant de «stopper (les) tueries» dans le pays. Sur le front diplomatique, le ministre turc des Affaires étrangères a rencontré lundi des membres du Conseil national syrien (CNS), qui fédère l'opposition au président Bachar al Assad, a confié mardi un responsable de son ministère. C'est la première fois que la Turquie admet de tels contacts. S'exprimant sous le sceau de l'anonymat, le responsable a précisé qu'Ahmet Davutoglu avait invité les membres du CNS à oeuvrer pacifiquement à la transformation démocratique en Syrie. Il y a dix jours, Damas a menacé de représailles tout pays qui reconnaîtrait officiellement le CNS, formé le 2 octobre à Istanbul.