La répression contre les anti-Bachar ne faiblit pas. La Ligue arabe mise désormais sur la tenue d'une conférence de dialogue national d'ici quinze jours pour dénouer la crise. La crise en Syrie s'enlise de jour en jour. La répression contre les manifestants anti-Bachar ne faiblit pas et les affrontements entre l'armée régulière, fidèle au régime, et les soldats dissidents s'intensifient. Vingt-sept personnes ont été tuées le 17 octobre à Homs et onze autres soldats ont péri dans des affrontements dans le Centre et le Nord-Ouest du pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a haussé le ton lundi contre le régime syrien en sommant le chef d'Etat de « stopper la tuerie ». « J'ai demandé instamment au président Bachar Al-Assad de stopper ces tueries, qui sont inacceptables, avant qu'il ne soit trop tard. Damas répond qu'il y a plus de morts dans les rangs des forces de sécurité que chez les civils. Mais il n'empêche que ces tueries doivent cesser, et je demande avec insistance aux autorités syriennes d'engager une action urgente en ce sens », a-t-il déclaré. L'OSDH a signalé de nombreux combats entre les forces de sécurité et des hommes armés qui pourraient être des déserteurs dans plusieurs localités du pays ces derniers jours. Une nouvelle Constitution Un comité chargé de rédiger une nouvelle Constitution a été mis en place samedi par le président syrien. Selon l'agence de presse syrienne Sana, le comité devra achever sa mission au cours des quatre prochains mois. Mais le contenu de cette Constitution sera-t-il favorable à l'avènement d'une réelle démocratie ? Et quelle place accordera-t-elle à l'opposition qui réclame depuis plusieurs mois la chute du régime ? Autant d'interrogations qui suscitent beaucoup de doutes sur les vraies intentions de Damas. La France a d'ailleurs jugé cette annonce de « pas crédible ». « Les annonces du président syrien sur la formation d'un comité ad hoc chargé d'élaborer un projet de nouvelle Constitution pour la Syrie sont dénuées de la moindre crédibilité, alors que le régime syrien continue quotidiennement à tuer, emprisonner et torturer », a déclaré Bernard Valero, porte-parole du Quai d'Orsay, lors d'un point de presse ce lundi. La Ligue arabe réagit La Ligue arabe s'est, quant à elle, réunie le 16 octobre au Caire pour faire le point sur la situation. A l'issue de trois heures de discussions, l'organisation a décidé de ne pas suspendre la Syrie, malgré la répression qui a déjà fait 3 000 morts selon l'ONU. Les pays du Golfe qui étaient l'origine de cette réunion voulaient obtenir une suspension du pays comme ce fut le cas de la Libye pendant la répression. Cependant, la Ligue arabe a appelé à la tenue d'une « conférence de dialogue national » d'ici quinze jours au Caire (Egypte) entre le gouvernement syrien et l'opposition pour mettre fin aux violences et « éviter une intervention étrangère ». Une commission ministérielle dirigée par le Qatar a d'ores et déjà été mise sur pied et sa mission sera « d'entrer en contact avec le régime syrien et l'opposition » pour trouver une issue à la crise. « La France se félicite que la Ligue arabe se soit à nouveau saisie de la situation dans ce pays. Nous souhaitons que la Ligue arabe prenne les décisions courageuses qui s'imposent pour accroître la pression sur les autorités syriennes en vue de mettre un terme à la répression sanglante et de favoriser la transition politique », a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères français. Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a, de même, rencontré ce lundi des membres du Conseil national syrien (CNS), l'organe mis en place par l'opposition syrienne pour renverser Bachar Al-Assad. Selon des sources concordantes, le ministre turc a demandé au CNS de continuer à lutter pacifiquement pour l'instauration de la démocratie en Syrie. La répression alimente le trafic d'armes Selon l'ONG International Crisis Group, le trafic d'armes a le vent en poupe depuis le début de la répression. D'après Peter Harling, un expert de l'ONG, les réseaux de trafiquants qui opèrent le long de la frontière syrienne se seraient reconvertis dans les armes depuis plusieurs mois. « Un marché s'est rapidement créé dans un pays où, contrairement au Liban, à l'Irak, ou à la Libye, il existait peu d'armes en circulation. Les villages alaouites se sont beaucoup armés par peur de représailles. Et du côté de la contestation dont les leaders sont à majorité sunnite, la tentation de se défendre grandit, vu que le régime fait payer un prix toujours plus lourd à la population », a-t-il expliqué.