Des soldats syriens appuyés par des blindés ont tué 25 personnes lundi à Homs, dans le centre de la Syrie, ont rapporté des habitants et des opposants au président Bachar al Assad. C'est l'un des bilans quotidiens les plus lourds dans cette ville située à 140 km au nord de Damas depuis le début du soulèvement à la mi-mars. Des blindés ont ouvert le feu dans les quartiers sunnites de Bab Sbaa, Bab Dreïb et Bab Amro, où sont fréquemment organisés des rassemblements hostiles au président Assad. Plusieurs victimes ont été tuées par des tireurs d'élite à Bab Dreïb alors qu'elles se rendaient aux obsèques de manifestants tués la veille par les forces gouvernementales, selon des habitants. Les forces gouvernementales auraient rencontré une faible résistance. Des militaires déserteurs qui ont rallié l'opposition aident les insurgés à résister aux forces loyalistes et, armés de lance-roquettes, seraient parvenus à toucher plusieurs blindés. «La plupart des habitants de Bab Sbaa se sont enfuis, les tirs sont très intenses en provenance des positions gouvernementales, ils sont plus faibles et intermittents de la part des opposants», a dit un habitant joint par téléphone. «Les différents quartiers sont isolés les uns des autres par des barrages, d'où les soldats tirent souvent au hasard», a déclaré un autre témoin. L'agence de presse officielle syrienne a rapporté que l'armée avait arrêté «le chef d'un des principaux groupes terroristes» lors de ses opérations dans les quartiers de Bab Sbaa et de Mreïdjeh, et saisi des armes, notamment des lance-roquettes. Ban Ki-moon hausse le ton Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a haussé le ton vis-à-vis du président syrien Bachar al-Assad, le sommant de «stopper (les) tueries» dans le pays.. «J'ai demandé instamment au président Assad de stopper ces tueries, qui sont inacceptables, avant qu'il ne soit trop tard», a déclaré M. Ban à Berne, jugeant «totalement inacceptable que 3.000 civils aient été tués en Syrie» depuis le début le 15 mars de la contestation populaire contre le régime. «La Syrie répond qu'il y a plus de morts dans les rangs des forces de sécurité que chez les civils, il n'empêche, ces tueries doivent cesser, et je lui demande avec insistance d'engager une action urgente en ce sens», a-t-il martelé. De son côté, la Ligue arabe a appelé dimanche, à l'issue d'une réunion ministérielle extraordinaire, à la tenue d'une «conférence de dialogue national» d'ici 15 jours au Caire entre gouvernement et opposition pour «réaliser les aspirations légitimes du peuple syrien et le changement souhaité», «mettre fin à la violence» et «éviter une intervention étrangère». Une commission ministérielle a été chargée des contacts avec Damas et devra remettre le plus rapidement possible à la Ligue un rapport détaillé sur la situation en Syrie et des propositions d'action. A Paris, le Quai d'Orsay s'est félicité de l'initiative de la Ligue arabe, l'appelant à prendre «les décisions courageuses qui s'imposent pour accroître la pression sur les autorités syriennes en vue de mettre un terme à la répression sanglante et de favoriser la transition politique». Les médecins en ligne de mire Les comités locaux de coordination (LCC), qui chapeautent la mobilisation sur le terrain, ont de leur côté affirmé que les forces de sécurité avaient «récemment intensifié leur campagne contre les médecins, les hôpitaux et les cliniques privées soupçonnés de soigner les personnes blessées dans les manifestations» sans en informer les services de sécurité. Des circulaires émises par ces services exigent la notification immédiate de l'arrivée d'un blessé par le médecin traitant, ce qui signifie son arrestation, indépendamment de la gravité de ses blessures, ont précisé les LCC. Selon le Centre de documentation des violations des droits de l'Homme en Syrie, environ 250 médecins et pharmaciens ont été arrêtés depuis le début du mouvement de protestation le 15 mars, dont 25 au cours des dernières semaines.