En votant contre la prorogation de l'accord de pêche avec l'Union européenne, les députés on adressé un bien mauvais signal, qui prend le contrepied de la position de l'Union, elle-même, et du Maroc, engagé dans un train de réformes qu'il faut saluer, au lieu de casser la dynamique en marche.Ce renoncement à la parole, dicté par une vision dogmatique, biaisée par des préjugés tenaces, envoie un message négatif au Maroc mais aussi à l'ensemble des partenaires du Sud, qui voient dans l'Europe un modèle pluriel sur le plan de l'économie, mais aussi sur celui de la démocratie et du respect des citoyens. Les stigmates de cette agression ne disparaîtront pas de sitôt, et devraient rappeler à tous les protagonistes de poser, à l'avenir, des conditions fermes dans leurs relations avec l'Europe.A peine cette couleuvre avalée, devons-nous nous préparer au rejet de l'accord agricole ? Le Parti populaire, fraîchement arrivé aux affaires, semble aller dans ce sens, malgré les déclarations lénifiantes de Rajoy.A ce sujet, il serait salutaire de rappeler deux faits. D'abord, la nature de la production agricole nationale et son calendrier, puis les quantités dont il est question. La production marocaine, tenant compte des négociations avec les instances européennes se fait à contre-courant de la production européenne, afin de permettre aux consommateurs de trouver, tout au long de l'année, des agrumes, sur leurs étals, à des prix raisonnables.Quant aux quantités, si les enjeux n'étaient pas aussi importants, on pourrait croire que les Espagnols souhaitent faire une farce à leurs homologues et à leurs partenaires marocains. En effet, la somme totale de la production marocaine, tous produits confondus, n'égale pas la production trimestrielle de l'Espagne.Une lecture politique de ces prises de position agressives pourrait en limiter la portée si celles-ci n'étaient pas systématiques et si elles ne révélaient pas une remise en cause des bases de toute politique de bon voisinage.Quoi qu'il en soit, cela devrait inciter le Maroc à élargir ses partenariats sur des zones moins hostiles, même si ce n'est qu'au niveau du discours.