Longtemps redoutée, à l'instar du renouvellement sans cesse controversé de l'accord de pêche, l'ouverture du secteur primaire au commerce libre sans entraves des frontières a essuyé plusieurs rounds de pourparlers sans parvenir à des modalités d'équilibre entre l'UE et le Maroc. Ce dernier a été contraint à la dernière ligne droite des négociations sur le chapitre agricole. Si les avantages ne sont pas minces, les risques ne sont pas pour autant écartés. C'est d'ailleurs l'objet de ces rencontres alternées entre Bruxelles et Rabat pour statuer sur les deux fameuses listes. En abandonnant la liste positive, le Royaume montre de l'audace pour accepter les nouvelles règles du jeu d'une libéralisation totale du secteur primaire longtemps protégé par les barrières tarifaires et les quotas à l'exportation. A condition de s'entendre sur les modalités de la seconde liste, négative celle-là, voulant inscrire des dérogations spéciales à l'ouverture tarifaire des produits les plus sensibles de notre patrimoine agricole, à savoir, les céréales, viandes, produits laitiers et, probablement, les produits sucriers. Nos décideurs et opérateurs, il faut le reconnaître, se sont montrés, à la fois, adroits et tenaces dans les cycles des négociations agricoles dans le cadre de l'accord d'association avec le marché communautaire. Mais gare au retour des vagues d'une concurrence sur les deux marchés où la valeur ajoutée européenne sera rude à surclasser, ni même à égaler.