«Nous évoluons dans un monde dans lequel il n'existe pas de place pour les entités isolées. Un Maghreb uni est vital pour nos pays et nos populations», a déclaré le Premier ministre tunisien, Mohamed Ghannouchi, à l'ouverture du Forum des hommes d'affaires maghrébins, le 10 mai à Tunis. Si les discours lénifiants rassurent ceux qui veulent bien les écouter, la réalité est moins rose. Les échanges commerciaux entre les pays maghrébins atteignent difficilement 3% à comparer aux 70% avec l'Union européenne ou 21% avec les pays de l'ASEAN (Association of Southeast Asian Nations). La mise en place d'un véritable espace commun maghrébin permettrait de gagner 3 milliards de dollars en IDE (investissements directs étrangers) et selon une étude réalisée par le Secrétariat de la Ligue arabe, l'intégration économique maghrébine ferait gagner aux 5 pays près de 5 milliards de dollars annuels. Les pays maghrébins étant par définition complémentaires, de par leurs richesses en ressources naturelles et humaines, l'augmentation des exportations de produits agricoles par exemple pourrait contribuer à une hausse de 1% du PIB net agricole du Maghreb, soit la modique somme de 170 millions de dollars. Pour citer un autre exemple, le secteur de la production d'électricité pourrait économiser près de 25% de sa production si les centrales maghrébines étaient inter-connectées. La volonté politique et économique est indéniablement là, il faut lui donner davantage de consistance sur le terrain. A l'issue de ce forum, un «projet de protocole» pour la création d'un Conseil de coopération douanière entre les pays maghrébins a été signé et l'annonce a été faite du lancement officiel en septembre prochain de la fameuse et tant attendue Banque maghrébine de l'investissement et du commerce extérieur (BMICE). Si Rome ne s'est pas faite en un jour, l'évolution des technologies et les leçons tirées devraient nous permettre de construire ce fameux Maghreb en un temps quantifiable et raisonnable.