La montée en flèche des impayés dans le secteur de la microfinance aurait pu être évitée si le Crédit Bureau avait été mis en place plus tôt. C'est ce qu'a indiqué au Soir échos Oscar Madeddu, expert en gestion et centrales des risques à l'International Finance corporation, bras de la Banque mondiale chargé du secteur privé. Le crédit Bureau est opérationnel au Maroc depuis novembre dernier, précise Madeddu, alors qu'il devait voir le jour début 2009. Le crédit Bureau est une agence de collecte et de diffusion de l'information dans le secteur financier particulièrement la microfinance, vérifiant la solvabilité des futurs clients. Il fournit, notamment, un rapport de crédit à un prêteur sur un emprunteur. «La différence entre une centrale de risques et un crédit bureau, c'est que la première est plus destinée à des établissements bancaires offrant des montants de financement beaucoup plus importants», a expliqué Madeddu. Au Maroc, le crédit bureau est géré par une compagnie privée mais supervisée par Bank Al-Maghrib dans le cadre d'une convention de gestion déléguée de la centrale des risques de BAM. Les institutions de microfinance au Maroc ont été impactées par le surendettement, en l'absence d'une institution de centrale des risques propres à elles. «Au Maroc, les comptes bénéficiaires microfinance sont environ de 1,5 million. Mais dans ce portefeuille clients, il est probable que le nombre de micro-entrepreneurs n'excède pas 900.000. Cela explique pourquoi le portefeuille à risque a augmenté à 5% en moins de 4 ans au Maroc», a souligné, pour sa part, Jacques Attali, président de PlaNet Finance- France lors de la rencontre de Marrakech la semaine dernière. «La montée en flèche du nombre des impayés dans le secteur de la microfinance aurait pu être évitée si le Crédit bureau avait été mis en place plus tôt». Si ce dernier a recommandé aux pouvoirs publics la création d'une centrale de risques spécifique aux institutions de microfinance, Madeddu estime que le crédit Bureau devra donner ses fruits d'ici un an, à condition que les IMF marocaines s'engagent pleinement dans ce projet et partagent les fichiers clients. «Nous pensons que d'ici la fin de l'année, le secteur de la microfinance au Maroc commencera à se redresser car le taux d'endettement sera contrôlé», estime l'expert de la Banque mondiale. Le problème qui reste à résoudre est que plusieurs sociétés de financement refusent de partager leurs fichiers clients avec les concurrents. Jacques Attali considère, en revanche, que la concurrence suppose d'abord la transparence.