* Lévolution récente des crédits sexplique, en partie, par la prise de conscience des sociétés de financement de la nécessité dêtre vigilant afin déviter toute aggravation du niveau des impayés. Décidément, le secteur du crédit nen est pas à ses plus beaux jours au Maroc. Depuis le début de lannée, la Banque centrale ne cesse de publier, mensuellement, des chiffres démontrant un net ralentissement de la cadence doctroi des crédits, alors que cette année se devait dêtre particulièrement une aubaine pour les banques et les sociétés de financement afin de booster leur chiffre daffaires, surtout avec lenchaînement rapproché des vacances, du mois de Ramadan et de la rentrée scolaire. Mais si on se fie aux constatations des professionnels, il nen est rien. « Durant les trois derniers mois, plusieurs demandes de prêt se sont soldées par un refus. Les sociétés de crédit commencent à redouter le niveau dendettement des ménages qui ne cesse de saggraver en cette période à forte consommation», nous confie un professionnel. Cest donc là lune des principales raisons qui entravent la marche en avant de la production de crédits. Pourtant, récemment encore, les sociétés de financement ne se souciaient guère du niveau dendettement des ménages, surtout après que la concurrence est devenue de plus en plus exacerbée et que la course aux parts de marché a atteint son paroxysme. Fêtes religieuses, Ramadan ou rentrée scolaire constituaient pourtant autant doccasions quil ne fallait pas rater. Du coup, lon a eu lhabitude dêtre «harcelé» par les campagnes publicitaires et promotionnelles des établissements de crédit en ces périodes. Cependant, avec leuphorie qui a régné sur le secteur, en particulier en 2007 et 2008, la Banque centrale ne pouvait rester les bras croisés. « Nous devons faire très attention pour ne pas provoquer chez les ménages une explosion de lendettement», avait déclaré, en 2008, Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib. Cest dire le signal fort qua donné le régulateur aux banques et sociétés de financement afin de limiter limpact sur les ménages de lessor que connaissait le secteur. Cest donc sous insistance de Bank Al-Maghrib que les sociétés de crédit ont commencé à privilégier la vigilance. La qualité des portefeuilles clients est devenue tout aussi préoccupante que sa quantité au vu de la recrudescence des impayés. Toutefois, «en labsence dun système dinformation centralisé, il sera toujours aussi difficile, pour tout établissement, de se prononcer avec exactitude quant à la qualité du portefeuille», ajoute notre source. A partir de là, lon se rend compte de toute limportance que revêt la mise en place dune base de données centralisée permettant dinformer au mieux les établissements de crédit sur la situation de leur clientèle. Pour rappel, la mise en uvre dune centrale des risques est lune des prérogatives de la Banque centrale et, si lon en croit les dires de son gouverneur, après moult tractations, le lancement du crédit bureau est désormais imminent.