Everardo Gout, jeune cinéaste mexicain qui incarne la nouvelle école de son pays, a présenté Dias de gracia lors de l'hommage rendu au cinéma mexicain au 11e FIFM. Depuis qu'il est devenu papa, Everardo Gout est soucieux de ne pas passer à côté de sa vie. Avec son français parfait, sa voix lente et soyeuse, il cadre totalement dans le décor du restaurant de la cour du Lion de l'Es Saadi Palace, confortablement installé sur sa chaise, se déliant pour dire son goût du cinéma. « Quand j'ai appris que ma femme était enceinte, j'ai immédiatement pensé : que vais-je dire à ma fille à mon sujet ? Qui est son père ? Je voulais apporter des réponses à mes questionnements et à ceux de mon futur enfant. Et surtout, lui montrer que dans la vie, il faut travailler dur, chaque jour, afin de construire un meilleur Mexique. » Mexique, ce dernier mot, prononcé avec conviction, sonne comme un couperet qui annonce la mégalopole mexicaine avec la fureur de vivre. Mexico, sa beauté redoutable, ses siècles d'Histoire et de culture amérindienne, ses tentaculaires favelas et son indéniable violence. Le jeune réalisateur plonge son regard constellé d'éclats bleus et verts dans le vôtre et poursuit : « Je voulais m'attacher à évoquer les thèmes propres à mon pays, durant la dernière décennie. C'est la spirale de la violence qui m'est d'emblée, apparue. Les images de pleurs, de victimes, d'ex kidnappés qui ne m'ont plus quitté. » Vengeance et corruption Coproduction entre le Mexique et la France, Dias de gracia, son premier long-métrage s'articule autour de la culture du football, de la criminalité et de la vie des familles de mexicains kidnappés. Le cinéaste affiche clairement sa volonté de présenter cet opus au 11e FIFM « après Cannes, je visais Marrakech. Je connais la qualité de ce festival et Rigoberto (comprenez Perezcano, autre cinéaste mexicain, récompensé par l'Etoile d'or au 9e FIFM avec Norteado, ndlr), n'a pas arrêté de m'en parler, depuis sa venue en 2009. On a fait la même école de cinéma au Mexique. » Dias de gracia, d'une rare force, se découpe en trois temps à travers trois destins : Mexico en 2002, 2006, 2010. Un flic, un otage, une épouse. Dias de gracia, d'une rare force, se découpe en trois temps à travers trois destins : Mexico en 2002, 2006, 2010. Un flic, un otage, une épouse. Everardo Gout, nous plonge au cœur de la corruption et de la vengeance au fil de l'évolution de ces trois personnages, pendant 30 jours et 3 Coupes du monde du ballon rond. Dias de gracia, est le fruit de plusieurs années de travail et d'investigation, continue le cinéaste pour expliquer la dimension de véracité de certaines séquences. « Mon comédien, Carlos Bardem, qui m'avait marqué par la qualité de son jeu, depuis le film La zona, était de plus, le seul comédien espagnol, vivant à Mexico. Pour les besoins de son rôle dans mon film, il a suivi l'école de police où il s'est entraîné durant quatre mois à Mexico. Il s'agissait d'une étape très intéressante pour le déroulement de ce récit, j'ai d'ailleurs choisi d'enregistrer ces scènes en disant qu'elles étaient destinées à un documentaire au personnel de cette école, puis, je les ai réellement utilisées pour le film. » Fan de musique Fan avoué de musique, Everardo Gout, qui cultive également l'amour du bon son en plus de celui du septième art, a fait appel aux actuels compositeurs hors pair de films. Trois noms qui ont signé les trois périodes successives de Dias de gracia, afin d'y poser une touche et une note en adéquation à l'air du temps et à l'émotion qui s'en dégage, afin de ne rien laisser en mode mineur. « Nick Cave et Warren Ellis ont pensé la musique qui dépeint l'année 2002. La partie 2006, a été réalisée par Atticus Ross, récompensé par un Oscar pour The Social Network, et le segment de 2010, a été composé par le compositeur japonais, Shigeru Umebayashi, qui a signé la musique de In the Mood for love, l'un de mes films préférés», souligne plein de fierté le jeune réalisateur. Lorsqu'on lui demande d'où vient son excellent français, Everardo précise avec naturel « J'ai des origines françaises du côté de mon père depuis plusieurs générations. Ma mère a toujours voué un culte à la culture française. Elle m'a inscrite au lycée français de Mexico, très jeune. La France est vraiment ma seconde maison ».