Une écrasante majorité d'Usfpeistes a marqué de sa présence l'ouverture du 3e congrès national du PSU, vendredi à Rabat. Les militants de la gauche, dont Le pôle de la gauche, cherchent à se reconstruire pour contrer les conservateurs. C'est une gauche asphyxiée, déçue et furieuse qui tente, aujourd'hui, de retrouver son équilibre. Elle y est bien contrainte par devoir vis-à-vis de ses principes dont elle a perdu énormément en cours de route. « Pour sauvegarder nos engagements, la gauche doit s'auto-critiquer, faire le point sur son trajet et reconnaitre les grossières erreurs qu'elle a commises », déclare au Soir échos Mohamed Moujahid, l'ex-secrétaire général du Parti socialiste unifié (PSU), à l'occasion du 3e congrès national de ce dernier qui a achevé ses travaux, hier à Bouznika. Un pacte et des résolutions En un mot, c'est une remise en cause qui s'impose à la gauche, résolue plus que jamais à renaître de ses cendres. Pour preuve, l'ouverture du congrès national du PSU, vendredi dernier à Rabat, a servi de gigantesque rassemblement aux militants venus de l'Alliance de gauche démocratique (PSU, PADS et CNI), du Pôle de gauche moderniste, plus particulièrement l'USFP dont la présence massive a fait chaud au cœur aux congressistes. « Dès que l'USFP a annoncé sa décision de rejoindre l'opposition, nous avons été les premiers à nous en réjouir. Nous sommes prêts à travailler ensemble pour reconstituer un front de gauche et renforcer le militantisme démocratique. Mais, pour y parvenir, le chemin sera difficile », prévient Mohamed Moujahid. Aux yeux de cette grande figure de la gauche, « la vision floue » dont souffrent ses pairs doit absolument s'éclaircir avant de cultiver l'espoir de la renaissance. La gauche ne prédit pas une longue vie au gouvernement du PJD. La présence de membres influents du bureau politique de l'USFP, dont Habib El Malki, Ali Bouabid, Hassan Tarik et Fatima Belmoudden, affirme d'ores et déjà la disposition du parti à reconstruire la gauche. C'est d'ailleurs l'un des engagements qu'il avait pris au sein de la Koutla bien avant les élections. « Nous sommes à présent ouverts à toutes les propositions et échanges, mais à une seule condition : les partis de gauche doivent se débarrasser de leurs membres qui ont porté atteinte aux principes en privilégiant leurs intérêts électoralistes. Il est donc primordial que la gauche renouvelle ses élites pour repartir sur de bonnes bases », affirme au Soir échos Mohammed Sassi, membre du conseil national du PSU et enseignant-chercheur à la Faculté de droit de Rabat. Le PPS, le PJD et le Mouvement du 20 février En plus de l'USFP, la présence du militant du PPS Mohamed Saïd Saâdi n'est pas passée inaperçue à l'ouverture du congrès du PSU. Au lendemain d'une conférence dénonçant la participation du PPS au gouvernement, Saïd Saâdi, l'un des opposants de celle-ci, a tenu, tout simplement, à réitérer son allégeance à la gauche et affirmer, une fois de plus, son rejet de suivre Nabil Benabdellah. «La gauche moderniste et le pôle conservateur n'ont rien de commun. Pour nous, cette alliance est étrange et illogique autant que le fameux G8 », estime Mohammed Sassi, précisant que « Logiquement, la place du PPS se trouve dans l'opposition et non au sein du gouvernement du PJD ». En somme, les militants de gauche ne cachent pas leur déception de constater « le mariage de courants aussi contradictoires » et sont convaincus que le réveil de la gauche ne se fera que lorsqu'elle renouera unanimement le pacte des principes. D'ici là, la gauche se montre peu convaincue du changement que promet le PJD aux Marocains. « Il y a des contradictions dans le discours du PJD qui avance des chiffres de croissance inimaginables dans un contexte de crise nationale et internationale », constate Mohamed Moujahid. Et d'affirmer que L'Etat « exploite la carte du PJD pour apaiser la colère des rues. Au fond, rien n'a changé. La majorité des fonctions est détenue par le roi », rappelle-t-il. La gauche ne prédit pas une longue vie au gouvernement du PJD. Et pour cause, le contexte dans lequel s'opère la transition lui semble plus mouvementé et brutal. Mort prématurée ? « Il y a un grand écart entre le pouvoir de L'Etat et celui de l'exécution. C'est pourquoi, le gouvernement de l'alternance n'a pas abouti. Si le PJD arrive à restructurer l'Etat de fond en comble, il parviendra à gagner l'adhésion populaire », explique objectivement Mohammed Sassi. Le Mouvement du 20 février, pour la gauche, servira de thermomètre à l'action du PJD. « Le défi politique qui se présente est celui de répondre aux aspirations du Mouvement du 20 février, aux revendications des marches populaires appelant à une monarchie parlementaire et à un Etat civil », pense Mohamed Moujahid. La rue décidera donc de la légitimité du gouvernement.