Réunis en congrès, les militants du Parti Socialiste Unifié (PSU) ont choisi leurs membres du Conseil National. Un congrès démocratique qui avait une connotation très politique. Réussite. Un mot qui résume bien le troisième congrès du Parti Socialiste Unifiée (PSU). Très attendu, ce congrès a finalement entériné la fusion entre la Gauche Socialiste Unifiée et le courant, Fidélité à la Démocratie. Il y a tout juste un an et quatre mois, ces deux formations annonçaient la création d'un parti progressiste de gauche. Depuis, les structures sont rodées et le congrès, du 18 février dernier, l'a bien démontré. Pourtant, plusieurs observateurs pensaient que cette expérience n'allait pas être menée à bien. On pensait que cette formation allait disparaître avant même les élections de 2007. Malgré toutes les difficultés, les leaders du PSU ont réussi leur pari. Pour dépasser les clivages internes, ils ont instauré une vraie démocratie au sein de leur parti. La preuve n'est autre que l'organisation du troisième congrès. Pour élire les membres du conseil national, la direction du parti a choisi une méthode, pour le moins, impressionnante. Les 873 congressistes pouvaient présenter des plates-formes qui ont la possibilité de devenir des courants. Chaque plate-forme qui dépasse les 5 % de voix parmi les congressistes a une option pour créer un courant. Dès l'ouverture du congrès par le vice-président, Mohamed Sassi, cinq plateformes ont été mises en avant. Il s'agit de la construction de la transition démocratique, le courant pour la démocratie, la Voix de la lutte démocratique, la révolution tranquille et finalement le changement pour la démocratie. Celui qui a largement dominé ce congrès n'est autre que la construction pour la lutte pour la démocratie. Ce dernier a reçu 71,86 % de voix alors que le courant pour la démocratie a eu 13,1 % et la Voix de la lutte démocratique a eu 8,41 % des suffrages alors que les deux dernières plateformes n'ont pas dépassé les 5% requis. De ce fait, les congressistes ont décidé d'indexer les membres du conseil national sur le pourcentage de chaque courant. Avant le vote, chaque dirigeant de plateforme s'est présenté avec un programme et des idées claires. Le but : donner aux congressistes une vision claire sur l'approche de chaque protagoniste. Finalement, Mohamed Sassi et Mohamed Moujahid ont remporté le gros lot. Leur courant a dominé le congrès. Avant de se présenter, ils ont convaincu Mohamed Salhaoui, initiateur d'une plateforme qui défend le mouvement Amazigh de les rejoindre. Une démarche intelligente puisque les Amazighs ont rejoint Sassi et ses amis. Forte de ces soutiens, la plateforme Sassi-Moujahid a remporté 125 sièges au conseil national sur les 171 qui le compose alors que le courant pour la démocratie de Lahbib Kamal se retrouve avec 23 membres, la voix de la lutte démocratique a eu 15 membres et, la révolution tranquille n'a récolté que 8 membres au conseil national. Ce qui présume que le courant Sassi-Moujahid contrôlera, à tous les niveaux, le prochain bureau politique. En plus, ce courant reste majoritaire dans toutes les instances du PSU. Cela se traduira par plus d'ouverture dans la conduite du parti. D'ailleurs, le Parti Socialiste Unifié a décidé de présenter des listes communes lors des élections législatives de 2007 avec le Parti de l'Avant Garde Démocratique et Sociale (PADS) d'Ahmed Benjelloun et le Congrès National Ittihadi de Noubir Amaoui. Une décision sage puisque ce pôle de gauche peut espérer créer un groupe parlementaire après les élections s'il dépasse les vingt parlementaires. En instaurant une démocratie interne, le PSU essaye d'être la locomotive de cette nouvelle gauche. En s'associant avec le PADS et le CNI, le PSU attaque ouvertement l'électorat de l'USFP. Même si la machine partisane et électorale n'est pas encore rodée, les listes communes peuvent contrebalancer cet handicap. D'autres faits ont marqué ce congrès. Le plus important reste l'absence de délégation du PJD lors de l'ouverture du Congrès. Si toute la classe politique a été conviée, le PJD ne l'a pas été. Un geste politique fort qui laisse présager l'approche du PSU. «Tous, sauf les islamistes». Un slogan proche de celui du PPS d'Ismaïl Alaoui. Le PSU a, une fois de plus, rejeté tout rapprochement avec le PJD. Pis, ces cadors rejettent tout contact avec le parti d'El Othmani. Un autre fait a marqué ce congrès. Lors de la session d'ouverture, les congressistes ont hué le président du groupe parlementaire de l'USFP, Driss Lachgar, et le secrétaire général de l'Istiqlal, Abass El Fassi. Une démarche claire qui met en avant le rejet des militants de tout rapprochement avec le parti de la rose ou celui créé par le défunt Allal El Fassi. Reste au PSU de trouver un compromis avec le parti travailliste de Benatiq ou le Parti socialiste de Bouzoubaâ. Les prochains mois détermineront la ligne de conduite du PSU.