Avec le revirement de l'USFP et la présence du PAM dans les rangs des « hostiles », le PJD s'apprête à faire face à une opposition à deux têtes. Une chose est sûre, le gouvernement Benkirane aura besoin de beaucoup de courage pour affronter une opposition à deux têtes: l'USFP d'un côté et le pôle RNI-PAM de l'autre. Cela promet des débats pour le moins houleux au Parlement. Le PJD, doit-il s'en inquiéter ? «Tout gouvernement fort requiert une opposition forte. Mais tout est de savoir si cette dernière sera motivée par les considérations socioéconomiques sur lesquelles nous nous sommes engagés, ou sur des considérations idéologiques, somme toute dépassées», souligne Abdellah Bouanou. Minimum d'homogénéité Le politologue Mohamed Darif le dit autrement: «Il ne faudra pas focaliser sur la nature du gouvernement mais sur ce qu'il fait concrètement». «Au delà de sa capacité à nager à double contre-courant, le PJD se démarquera et s'en sortira si, d'abord, il honore les engagements sociaux pris vis-à-vis de ses électeurs», nous explique l'universitaire Abdelmoughit Benmessaoud Tredano (lire entretien page 6). Nos deux analystes s'accordent à dire qu'il faudra assurer un minimum d'homogénéité aussi bien dans les rangs du gouvernement que dans celui de l'opposition. « Avec la fin de la Koutla, et la mort annoncée du G8, cela peut être un bon début. Et aujourd'hui, il est préférable qu'il y ait le Mouvement populaire dans un gouvernement qui, on le sait, est fondamentalement conservateur, qu'un parti de la gauche. Autrement, une opposition à deux têtes est un scénario auquel nous avons déjà assisté avec, d'un côté, le PAM, et de l'autre le PJD . Autant dire que nous avons l'habitude», explique Darif.