Le politologue, Mohammed Darif, décortique pour Le Soir échos les enjeux de ce revirement qui aura sans nul doute des conséquences sur l'avenir de la Koutla. L'USFP opte pour l'opposition, est-ce la fin de la Koutla ? Il faut attendre la position du PPS. Maintenant que l'USFP a statué sur sa décision. Je pense que le PPS finira par le rejoindre. Je vois mal le PPS au gouvernement sans l'USFP. Qu'est ce que l'USFP gagne en optant pour l'opposition ? Il va regagner un peu de crédibilité. Ce n'est pas la première fois que l'USFP a hésité sur la position qu'il doit adopter. C'était le cas en 2002 et même en 2007. Actuellement, la donne a changé car il y a une volonté de reconstruire le parti, sur le plan organisationnel notamment. Le parti souhaite aussi crédibiliser son discours. Il a été quelque peu usé par sa participation aux différents gouvernements depuis l'Alternance. L'autre problème était que les élites attachées à l'USFP auraient eu du mal à comprendre une participation du parti de la Rose à un gouvernement non seulement dirigé par le PJD, mais surtout dirigé par Benkirane. L'USFP aura beaucoup à gagner en optant pour l'opposition. «Si on forme un gouvernement PJD-PI-MP-UC, ce sera la fin de la Koutla. Demain, on aura donc deux pôles au sein de l'opposition». Mohammed Darif. L'USFP d'un côté et le RNI-PAM de l'autre. Peuvent-ils s'entendre au sein de l'opposition parlementaire ? On a espéré plus de rationalisation du champs politique marocain. Le problème actuellement est qu'on pourrait se retrouver dans la même situation que lorsque le PAM et le PJD étaient dans l'opposition et où la véritable opposition existait entre ces deux partis. Le grand perdant pourrait être le PJD, car il avait comme priorité de s'allier avec la Koutla, et maintenant il devra s'allier avec des partis qui ont fait partie du G8. Or, lors de la campagne électorale, il n'a eu de cesse de critiquer cette alliance. Le PJD n'aura pas respecté ses engagements avec ses électeurs. L'USFP d'un côté et le RNI-PAM de l'autre. Peuvent-ils s'entendre au sein de l'opposition parlementaire ? On a espéré plus de rationalisation du champs politique marocain. Le problème actuellement est qu'on pourrait se retrouver dans la même situation que lorsque le PAM et le PJD étaient dans l'opposition et où la véritable opposition existait entre ces deux partis. Le grand perdant pourrait être le PJD, car il avait comme priorité de s'allier avec la Koutla, et maintenant il devra s'allier avec des partis qui ont fait partie du G8. Or, lors de la campagne électorale, il n'a eu de cesse de critiquer cette alliance. Le PJD n'aura pas respecté ses engagements avec ses électeurs. A-t-il le choix ? Pas vraiment, mais quand même, le PJD a toujours parlé d'exercer la politique autrement. Si on forme un gouvernement PJD-PI-MP-UC, on peut le dire franchement, ce sera la fin de la Koutla. Demain, on aura donc deux pôles au sein de l'opposition : les socialistes de l'USFP et du PPS d'un côté, et les libéraux du RNI et du PAM de l'autre. Mais bon, je pense que cela arrange le PJD de s'allier avec l'UC plutôt qu'avec le PPS. Qu'aurait fait le PPS dans une majorité exclusivement de droite ! C'est pour cela que je pense que le PPS finira dans l'opposition. L'USFP pourrait-il profiter de son virage à l'opposition pour créer un front de gauche avec des partis comme le PSU ou encore certains jeunes du 20 Février ? Une large partie de la jeunesse de l'USFP fait déjà partie du mouvement du 20 Février. L'essentiel, c'est que dans l'opposition, l'USFP peut se reconstruire et profiter des erreurs commises par le PJD et surtout celles de Benkirane. D'ailleurs il commence déjà à faire des erreurs en parlant trop (rires).