Face à la décadence du volley, le ministère a vigoureusement réagi en destituant le président Abdelhadi Ghzali. Un comité provisoire a été mis en place pour gérer la discipline, en attendant la tenue d'une assemblée générale extraordinaire. Mouncef Benlkhayat avait prévenu que le ministère de la Jeunesse et des Sports suspendrait toute subvention aux disciplines qui ne répondraient pas au cahier des charges exigé par son ministère. Effectivement, la première discipline à avoir été sanctionnée est le volley. Son président et tout le comité ont été évincés et remplacés par un comité provisoire présidé par le secrétaire général du ministère Saïd Boukhari. Il est temps que les responsables du sport réagissent face à la gabegie et à la mauvaise gestion qui ont prévalu à la fédération depuis des décennies. Avec un président Ghzali souvent absent et qui ne connaît même pas les noms des joueurs de l'équipe nationale, et des membres fédéraux qui se servent avant de servir, et des clubs sans ressources, il était clair que le volley allait connaître des revers. Résultats : régression et décadence. Le président de la fédération, qui est membre de la Fédération internationale (FIVB) et la Confédération africaine (CAVB), est souvent en voyage aux frais de la princesse et a laissé le champ libre à des dirigeants qui n'ont eu aucune scrupule à user des indemnités de déplacements, alors que la fédération criait à l'absence de moyens financiers. Et ce sont toujours les mêmes dirigeants fédéraux qui sont en place depuis des décennies. Figuration Pendant ce temps , nos voisins nord-africains – Algérie, Tunisie et Egypte – ont structuré et développé le volley dans leur pays. «Il était temps que le ministère réagisse, car le volley ball est dans une situation critique, avoue ce technicien sous couvert de l'anonymat. Il n'y a pas que nos voisins maghrébins qui nous ont dépassés mais même des pays africains qui viennent juste de lancer cette discipline comme le Congo ou le Cameroun, qui a été finaliste cette année à Tanger .» La seule compétition à laquelle participe le Maroc est le championnat d'Afrique. Son meilleur résultat reste une 3e place en 1976 à Tunis. Pour les autres éditions, le Maroc s'est contenté de faire de la figuration sans que la fédération ne réagisse. «Les membres fédéraux et le président lui- même n'ont jamais mis en place une cellule de marketing pour attirer des sponsors ou des partenaires pour soutenir les clubs pour les équipes nationales », regrette un ancien joueur. Songez que certains profitent même de la faible subvention du ministère pour être pris en charge lors des déplacements. C'est un véritable scandale.» Avec un président souvent absent, des membres fédéraux qui se servent avant de servir, des clubs sans ressources, les revers du volley étaient prévisibles. Le championnat national est très peu suivi faute d'une politique de communication cohérente. Moins d'une dizaine de clubs animent cette compétition ou la Coupe du Trône. La plupart des clubs ne sont pas structurés , n'ont pas de salle pour jouer ou s'entraîner . «Et pourtant , je suis sûr que nous avons les moyens de mettre en place une compétition attractive et d'avoir une équipe nationale de haut niveau, mais la gestion de la fédération laisse à désirer», poursuit un dirigeant. Forfaits Les diverses compétitions de jeunes et des filles sont certes disputées, mais les longs déplacements, souvent coûteux, entraînent des forfaits en cascade. Les jeunes, qui autrefois avaient plus de motivation, sont dégoûtés par la situation du volley national, sous l'œil impassible du président et ses amis du bureau fédéral. Aujourd'hui, tous les amoureux de cette discipline applaudissent la réaction du ministère même si elle aurait pu être menée autrement. «Nous souhaitons un changement radical au niveau de la gestion de la fédération» ,exulte un jeune joueur. «Nous n'avons jamais oublié que nous avons été privés de participation à la Coupe d'Afrique des nations en 2007 prétendument pour cause d'absence de moyens financiers, alors que le président se permet tous les voyages. Où sont est la responsabilité et l'intérêt du volley ball ?» hurle un autre jeune joueur. Le Championnat d'Afrique des nations s'est déroulé successivement à Tétouan en 2009 et à Tanger en 2010 avec des résultats désastreux pour le Maroc. Pour l'heure, la seule satisfaction reste le beach-volley, dont l'une des étapes du championnat du monde à été organisée avec succès à Agadir. Abderrazak El Allam ne cache pas sa satisfaction:«Nous sommes le premier pays arabe à avoir mis sur pied cette compétition en plus de la phase de qualification aux Jeux olympiques», explique l'ancien international. «Nous faisons partie des meilleures équipes du continent, et c'est avec beaucoup de sérénité que nous disputerons les phases finales pour arracher notre ticket pour les J.O. de 2012.»