Moncef Belkhayat a dressé mercredi dernier à Casablanca son bilan à la tête de la Jeunesse et des sports. Mais il n'a pas tout dit. Rares, très rares sont les hauts responsables d'un ministère à avoir fait leur bilan. Moncef Belkhayat l'a osé et – semble-t-il – réussi son grand oral. Même si d'aucuns y ont vu une sortie médiatique aux allures de précampagne électorale. Le ministère, qui s'attendait certainement à une telle question, a pris les devants et a lancé : « Non , il ne s'agit nullement d'une précampagne électorale pour la simple raison que je ne me présenterai pas aux prochaines Législatives. Après ma nomination à la tête de ce ministère, j'avais présenté au cours d'une conférence de presse les chantiers que nous lancerions, et j'avais promis de faire le bilan des réalisations. Voilà qui est fait ». Le ton étant donné, le ministre a exposé les réalisations de son département. Belkhayat était entouré, pour la circonstance, du secrétaire général, du directeur du Sport et de plusieurs cadres du ministère qui sont tous intervenus pour répondre aux questions d'un parterre de journalistes. Parmi les principales réalisations figurent, bien sûr, l'infrastructure et sa gestion à travers le bras financier du ministère, en l'occurrence la Sonarges, dirigée par Khalil Benabdellah. Professionnalisation du football De grands stades ont poussé comme des champignons, notamment à Marrakech, Tanger, Fès, Agadir. Celui de la cité berbère ouvrira en mars prochain. Les centres socio-sportifs de proximité (CSP) ont également fleuri dans toute les régions. « Notre principal objectif est de créer 1 000 CSP en 2016 », a déclaré le ministre. « Aujourd'hui, nous en sommes à une centaine, dont 52 ont déjà ouvert leurs portes et 48 sont déjà finalisés. Nous avons signé 404 conventions avec des partenaires, dont les collectivités locales », a t-il ajouté. Ces centres permettent aux jeunes de s'adonner à une activité sportive et/ou culturelle dans leur quartier. Toutes les régions du royaume sont concernés par cette opération. Le ministère a mis en œuvre d'autres projets : des programmes sport-études dans huit disciplines, Académie Mohammed-VI d'athlétisme à Ifrane, centre national de médecine du sport. Autre sujet qui tient à cœur au ministre: la professionnalisation du football. Mouncef Belkhayat a énuméré les étapes qui ont conduit à ce statut. « Nous avons commencé par la mise en place de pelouses synthétiques avec éclairage, dans une grande partie des stades », a t-il expliqué. « Dix-sept ont été réalisés et 39 sont en cours. Nous avons équipé les équipes de jeunes d'autocars et réalisé la création de centres de formations dans les clubs », a affirmé le ministre. Tares non soignées Le point le plus attendu était celui de la gouvernance. Le ministre est revenu sur les contrats-programme signés avec les 45 fédérations sur quatre ans. Or, une bonne partie de ces objectifs n'ont pas été atteints dans certaines disciplines, à l'image de l'athlétisme, des sports collectifs, du tennis, de l'haltérophilie, de la gymnastique, etc. Pour ceux là, Moncef Belkhayat avait prévenu que la subvention qui leur a été accordée sera diminuée de 15 % par an jusqu'à la dissolution des comités en place. Mais le ministre n'a pas soulevé le cas d'un certain nombre de dirigeants fédéraux qui se font vieux et accumulent les mauvais résultats. Aujourd'hui, tout le monde est convaincu qu'il est nécessaire de rajeunir les instantes dirigeants des clubs et des fédérations. Bon nombre de fédérations n'ont pas tenu leurs assises : c'est le cas du football, du tennis et de l'athlétisme – pour ne parler que des principales disciplines. Le problème de la billetterie est également une des tares du sport national, en général, et du football, en particulier. Dans les esprits, le souvenir de la vente, au noir et à ciel ouvert, des billets d'entrée des matchs du Maroc face à l'Algérie et à la Tanzanie, est encore vivace. Le ministère, qui avait promis l'ouverture d'une enquête, n'a donné aucune information à ce sujet, alors que des membres de la fédération ont été pointés du doigt. Coupe du monde des clubs : que gagne le Maroc ? Rien. C'est ce qu'a expliqué Moncef Benlkhayat. « Il n'y aura pas de retombées financières sur notre pays », a-t-il avoué. Les 40 millions de dirhams que réclame la Fifa ne sont qu'une garantie écrite du gouvernement marocain, qui s'engage à respecter le cahier des charges de ces deux manifestations en 2013 et 2014. Le Maroc ne bénéficiera ni des droits de retransmission, ni des revenus publicitaires qui iront dans les caisses de la Fifa. En revanche, le pays aura droit aux recettes de six sponsors nationaux et aux revenus attendus des ventes des billets. Les clubs sont pris en charge par le pays organisateur, ce qui entraînera des frais de 140 millions de dirhams, soit 70 millions par édition. Pour Belkhayat, le Maroc gagnera surtout en prestige, eu égard à la présence de centaines de chaîne de télévison et de stations de radio. « Une belle occasion pour la promotion de notre tourisme», s'est réjouit le ministre.