Le ministre de la jeunesse et des sports Moncef Belkhayat a réussi encore une fois à faire parler de lui ces dernières semaines. Ses scandales multiples, sa communication désastreuse et ses maladresses et gaffes ont fait couler beaucoup d'encre, y compris cette encre virtuelle et digitale des journaux électroniques et réseaux sociaux dont le ministre est un fidèle usager. D'abord, le contrat de location de sa berline Audi A8 a été mis sur la toile grâce en particulier à un travail minutieux de Rachid Jankari, journaliste et expert en communication électronique, qui a été relayé par de nombreux supports de écrits et digitaux. On sait maintenant que le gout du luxe de notre dévoué ministre n'a d'égal que sa conception particulière de l'usage de l'argent public, ainsi que sa surprenante lecture de la constitution qui lui donnerait des droits de disposer de ce véhicule …Messieurs Mennouni, Moatassim ainsi que les membres de la Cour Constitutionnelle sont invités à nous éclairer sur ce point et par la même occasion nous expliquer Quel usage faut-il faire de l'article 27 de la nouvelle constitution relatif au droit à l'information (Certaines pages Facebook ont même murmuré que le ministre aurait même remplacé la plaque d'immatriculation dudit véhicule de location par la plaque numérotée 177-99 d'un ancien véhicule ministériel). Ensuite, il y a cette lettre ouverte que lui a adressée l'homme d'affaires Karim Tazi. Un véritable chef d'œuvre de style, d'argumentation construite et aussi d'humour fin qui contraste avec la brutalité et le peu de sérieux des sorties médiatiques du ministre. Le titre de cette lettre en résume parfaitement le contenu : lettre à Monsieur le ministre du dénigrement de la jeunesse et de la marchandisation du sport. Dans la foulée, le brillant et très jeune chroniqueur Mahdi Zahraoui a arrosé le ministre d'un article intitulé : « Moncef Belkhayat, je t'aime ». Un texte d'une sincérité et d'une fraicheur à vous couper le souffle. Je ne résiste pas à l'envie de reproduire ce paragraphe « Moncef Belkhayat a su se hisser durant son bref mandat au rang d'icône nationale avec ses affirmations et prédictions pleines de sagesse et de bon sens. C'était lui qui avait deviné que mouvement du 20 février était sponsorisé par le Polisario, et ce avant la toute première manifestation. Il avait d'ailleurs contribué à l'exploit national de munir notre sélection nationale non de un ou deux, mais de quatre entraineurs, un autre exploit mondial ! Sans parler de son refus de divulguer le salaire de l'actuel sélectionneur … raison d'état oblige. Cher ministre je vous prie de continuer sur la voie de vos immenses efforts et sacrifices, vous êtes une icône nationale, on aimerait que vous vous hissiez au rang d'icône mondiale … du ridicule ». D'ailleurs « le ridicule m'a tuer », est le titre d'une autre chronique signée par Salah Elayoubi consacrée aussi à notre très cher champion, toutes catégories, du triste ridicule ministériel. Elle se conclut ainsi : « Le cas de Moncef Belkhayat est loin de constituer une exception, tant une chape d'impunité semble s'être étendue à tous les niveaux de l'Etat marocain, qui, pendant que notre pays ressemble, de plus en plus, à une cour des miracles, prend, lui, des allures de foire d'empoigne, où nos élites, qui ont, depuis longtemps, pris leurs distances avec l'image respectable du responsable politique, se rapprochent plus de celle du mafieux en goguette ». La presse nous a appris par la suite que le procureur général de la cour suprême a refusé de recevoir une plainte déposée par l'instance nationale de défense des biens publics à ce sujet sous prétexte celle qu'elle n'a pas le statut d'association reconnue d'utilité publique. Une autre belle initiative a été publiée sur la toile le 12 septembre, sous forme d'une lettre ouverte au chef du gouvernement pour demander des clarifications concernant le ministre de la jeunesse et des sports. Elle émane du collectif Mamfakinch de citoyens bloggeurs. Le document liste avec précision et rigueur huit points parmi les nombreux exploits de Mr Belkhayat depuis son parachutage il y a deux ans ne qualité à la tête du ministère, et somme le chef du gouvernement d'assumer ses responsabilités. Parmi les nombreuses leçons de cette affaire, on peut en citer deux : La première c'est que ce sont souvent des jeunes talents de notre pays qui se sont employés, chacun à sa manière et au sein de son domaine de compétence, à montrer combien le ministre est à mille lieues de connaitre cette jeunesse dont il est le ministre. Il en ignore aussi bien les aspirations, les principes que la mentalité. Alors qu'elle parle le langage de la transparence et de la responsabilité, le ministre est prisonnier de ses gaffes et son arrogance pur makhzen. La deuxième est que le ministre n'est que l'arbre qui ne doit pas cacher la forêt, qui est le modèle de gouvernance qui continue à sévir au Maroc et que la nouvelle constitution est venue juste pour édulcorer un peu. En effet, ce monsieur a été propulsé par un homme qui s'appelle Majidi (dont il était l'un des bras droits aussi bien au club sportif al Fath de Rabat qu'au festival Mawazine), il a été nommé par un roi qui s'appelle Mohamed VI et il a été ensuite accueilli par un parti qui s'appelle le RNI. Il n'est par conséquent pas Tous envoient le même message aux Marocains "Nous vous méprisons ". Cette adresse e-mail est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.