Miloudi, comme tout un chacun jongle avec les codes. Un pour le téléphone, un autre pour la carte bancaire, encore un pour la connexion internet. Un ? Non, autant de codes que de services accédés depuis le moindre ordinateur. La tête de Miloudi est pleine de chiffres, d'innombrables combinaisons à quatre chiffres qui parfois s'emmêlent et génèrent une panique numérique mémorable. Il faut dire que le monde numérique est strict, contrairement à la maréchaussée, où n'importe quel représentant de l'Administration avec lequel il est possible de tergiverser, voire de « s'arranger ». Au bout de trois tentatives infructueuses, c'est l'excommunication, beaucoup plus rapide que la Ligue arabe et dont les effets sont immédiats. Cette semaine, notre Miloudi national a encore fait tomber son téléphone, qui dans son explosion au contact du sol, a emporté avec lui tous les codes de notre Miloudi, qui n'a rien d'un agent secret. Du coup, après quelques appels aux services concernés, il a dû poser 3 jours de congés, investir dans une carte de téléphone de plusieurs dizaines d'heures, prendre son mal en patience et apprendre par cœur le message débité par le répondeur de chaque numéro composé. Au-delà des désagréments causés, ce qui fait rager dans cette histoire, c'est le caractère inflexible des procédures et des attributions. La plupart du temps, les personnes jointes n'ont aucune latitude, simples scribes qui remplissent des formulaires préétablis et qui ne servent à rien lorsque l'on s'écarte des scénarios prévus. L'autre aspect frustrant est l'absence d'alternative. Approche binaire dans un monde dont le moins que l'on puisse dire est qu'il est complexe. Alors que faire se demandait notre Miloudi sans code fixe entre deux appels ? En ce week-end de célébration de la fête de l'Indépendance, le rêve d'une nouvelle indépendance où les services seraient simples et efficaces et où ils intégreraient dès leur conception les cas de problèmes plutôt que d'imposer aux utilisateurs des contorsions incroyables. En attendant, il reste toujours possibilité de graver toute sa vie numérique sur une stèle de granit, à l'abri du temps et de l'oubli.