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Enfants marocains désarmés ?
Publié dans L'observateur du Maroc le 22 - 03 - 2010

Inès soufflera ses 12 bougies à l’orée du printemps 2010. L’année prochaine, elle entre au collège. Dans son cœur et son esprit de jeune ado bourgeonnante, Inès est déjà une «grande». Avec ses copines, tous les samedis, elles vont faire les boutiques pour dénicher la garde-robe parfaite de la petite Lolita, entre robes courtes, petits tops moulants, bottines montantes et sautoirs assortis. A l’école, quand elles s’ennuient en classe, elles échangent textos affectueux et MMS rigolos avec leurs camarades. Et le soir venu, à la maison, elles se retrouvent ensemble sur MSN, la discussion instantanée de Hotmail, ou partagent leurs photos et leurs impressions de la journée sur le réseau social Facebook, qui a relégué aux oubliettes les fameux blogs, ou journaux intimes en ligne, avec ses 400 millions d’inscrits. Les plus «in & hype» sont également adeptes de Youtube, le site de partage vidéo et Twitter, pour suivre les croustillants potins et les dernières péripéties de leurs stars favorites. Les fans de webcam, comme Inès, ne se départissent plus quant à eux de Chatroulette, le dernier site de discussion vidéo en vogue (contraction de chat et roulette russe, un clic permettant de passer d’un correspondant, parfaitement inconnu, à l’autre). Aujourd’hui, la jeune collégienne avoue ne plus pouvoir se passer de son téléphone mobile, et encore moins du web: «Grâce à Internet, je suis constamment en contact avec mes amis, de Casablanca et du monde entier. Je sais ce qu’ils ont fait, où et avec qui ils sont sortis, leurs voyages et leurs derniers amoureux. Quand j’ai du chagrin, ou que je m’ennuie, je suis sûre d’y trouver quelqu’un pour m’écouter ou de quoi m’amuser. Je peux aussi y confier tous mes secrets, et mes histoires avec les garçons que je ne pourrais jamais raconter à mes parents». Internet, c’est en quelque sorte son «pote» virtuel, auprès duquel elle peut déverser son mal-être et ses émotions troubles d’ado, entre amours naissantes, petites embrouilles avec les frères et sœurs, conflits de génération avec les parents, soucis scolaires ou premières expériences sexuelles. En quelque sorte, un ami «sympa et pas saoulant» qui s’intéresse à elle la comprend, l’accompagne vers l’âge adulte sans la juger, la sermonner ni la blâmer, et sait la divertir quand elle a le cafard. Et ils sont des millions de petits Marocains (sur un total d’environ 12 millions d’internautes dans tout le Royaume à l’horizon 2012) comme Inès, filles et garçons, de 7 à 18 ans, à avoir peu à peu laissé le web tisser son inextricable toile dans leur vie réelle, supplantant les livres et magazines de jeunesse, jugés trop «out et nazes», envahissant peu à peu leur quotidien de futurs «grands» en devenir. Car au-delà de leur apparence physique, c’est ce qu’ils sont encore aux yeux de la loi des mineurs. Par conséquent pas encore totalement responsables de leurs actes. Ni conscients des innombrables dangers qui les entourent, encore moins sur Internet. Au grand dam aussi de leurs parents, qui, pour la plupart, sont très loin de se douter des menaces aux visages multiples pesant sur leurs chérubins à chaque connexion, au moindre clic : «Avec mon épouse, depuis que l’on a introduit Internet à la maison, nous avons la paix. ça distrait les enfants, qui nous laissent regarder nos émissions préférées à la télévision pendant qu’ils se connectent dans leur chambre. Vous savez, contrairement à notre époque, les jeunes ont de moins en moins de patience pour la lecture ou les activités artistiques, encore moins pour l’engagement politique chez les plus grands parmi eux. En outre, aucun loisir n’est prévu pour les adolescents au Maroc, à part le cinéma et les clubs de sport dignes de ce nom, et qui ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Internet, c’est un peu une échappatoire à leur ennui, on ne peut pas les en priver. Ceci dit, ils ne sont pas autorisés à se connecter avant d’avoir terminé leurs devoirs et appris leurs leçons», défend Abdeljalil, 47 ans, commerçant, père de Ghalia, 13 ans, et Younès, 10 ans.
Le cas de Najat
Chez Najat, 34 ans, divorcée et hôtesse dans l’événementiel, l’ordinateur s’est sournoisement, lentement mais sûrement substituée à son rôle de mère, souvent absente du foyer pour les besoins de son travail : «Depuis mon divorce, il m’arrive de travailler même les week-ends et les jours fériés, la pension versée par mon ex-mari ne suffisant pas à couvrir les dépenses du foyer et celles de l’éducation de notre fille de 12 ans dont j’ai la garde. Quand je travaille et que ma mère n’est pas disponible pour la garder, je la laisse seule à la maison. Son ordinateur, qu’elle me réclamait depuis longtemps et que j’ai acheté à crédit, lui tient compagnie. Je sais qu’elle y discute avec ses copines, c’est tout. Je ne pourrais pas en dire plus, moi qui ignore même comment utiliser un clavier».
Ennui des enfants, vide idéologique d’une époque blasée, parents dépassés par le tout-numérique, parents surbookés par une vie professionnelle et/ou sociale chargée... Parents démissionnaires en tout cas. Et qui s’en mordraient les doigts s’ils savaient tout ce que la tentaculaire toile comporte de périls. S’il est indéniable en effet qu’Internet constitue un outil précieux d’apprentissage, de communication, d’ouverture au monde et de renforcement des connaissances générales et particulières, ou encore d’aide scolaire, il n’en demeure pas moins que le web pullule de «contenus pour adultes» et de «mauvaises fréquentations». Vidéos X, photographies (pédo)pornographiques, chat lubrique, invitations explicites à des rencontres réelles ou à des rapports sexuels par webcam interposée, embrigadement religieux ou sectaire, apologie de la violence, de l’anorexie, de la drogue… Pédophiles, déviants, proxénètes, trafiquants d’enfants, mafias et autres cybercriminels trouvent dans le web, repère anonyme et incontrôlable, un refuge, un défouloir à toutes leurs perversités, voire un terrain de chasse idéal de leurs jeunes proies.
Cyberprotection dites-vous ?
Age, sexe, frontières… aucune barrière ne résiste au déferlement de la vague des nouvelles technologies, les IT comme les appellent les initiés. D’autant plus que ces dernières années, et malgré toutes les mesures mises en place par les autorités des pays concepteurs des nouveaux produits IT, le champ des libertés sur Internet va en grandissant, le web devenant le lieu privilégié pour les gens ordinaires en mal (in)conscient de reconnaissance sociale ou en quête de leur petit «quart d’heure de célébrité», d’étaler leur intimité, entre photos personnelles, opinions politiques ou vidéos privées. On imagine aisément la tentation représentée par cet espace virtuel dénué de garde-fous pour les adolescents, êtres vulnérables en pleine quête d’identité, d’affirmation de soi et de socialisation.
Alors, où en est-on aujourd’hui en matière de cyberprotection des mineurs ? En Europe, les pays membres de l’Union s’apprêtent à renforcer cette dernière, avec notamment l’empêchement de l’achat de contenus pédopornographiques par carte de crédit ou tout autre moyen de paiement électronique et partant, l’identification des cybercriminels demandeurs. En France, il existe même un site institutionnel permettant de signaler aux autorités judiciaires les sites ou autres services en ligne à caractère pédophile ou pornographique. Au Maroc, en dehors du guide publié voilà plus d’un an, début février 2009, par l’Observatoire national marocain des droits de l’enfant (ONDE), le Bureau de l’UNESCO à Rabat et Microsoft Maroc («P@RENTS! La parentalité à l’ère du numérique»), on ne peut pas affirmer qu’il existe des efforts véritables et continus de la part des autorités publiques. Que ce soit en matière de campagnes de sensibilisation à destination des enfants et de leur entourage (institution familiale et scolaire), ou de partenariat avec les opérateurs privés dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication. A l’heure de la stratégie «Maroc numérique 2013», la législation dans le domaine en est ainsi encore à ses balbutiements, seule une loi sur la protection des données personnelles (et donc de la vie privée), adoptée en décembre 2008 par le Parlement et entrée en vigueur en avril 2009, existe à l’heure actuelle.
En attendant la mise en place de la Commission inhérente de contrôle des données personnelles (CCDP) par la Primature (une dépendance fortement contestée par ailleurs par les défenseurs des libertés individuelles) et d’autres réglementations concrètes et pointues, les parents et les éducateurs doivent se contenter des logiciels de filtrage de contenus proposés par les fournisseurs d’accès. Ces mêmes filtres qui, dans l’Hexagone voisin, sont installés par seulement 25% des parents, car jugés «trop chers», «difficiles à installer et à configurer» ou «difficiles à se procurer» (source : www.generation-nt.com). Quoi qu’il en soit, et quel que ce soit leur niveau de sophistication, ces logiciels ne peuvent en aucun cas se substituer à la supervision de l'utilisation infantile et juvénile d'internet par les parents et autres tuteurs. D’où les recommandations des associations de défense des enfants et celles des pédopsychiatres (voir encadré) aux parents, appelant à une surveillance constante et rapprochée des activités et fréquentations de leurs chérubins sur le web. A bon entendeur…


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