Les 27 et 28 octobre s'est tenue à Marrakech la Conférence internationale sur « l'Impact des médias sociaux sur les organisations et les entreprises » (SMI'2011). Entretien avec Marouane Harmach, consultant en intelligence économique et réseaux sociaux. Quels types d'outils en matière de réseaux sociaux sont-ils utilisés par les Marocains. Pourquoi s'attachent-ils à certains plus qu'à d'autres ? Les Marocains utilisent pleins de médias sociaux. Les raisons qui font que les Marocains sont plus actifs sur un réseau social plutôt que sur un autre sont d'ordre sociologique mais aussi linguistique. La star du web reste facebook avec plus de 3,9 millions de comptes ouverts au Maroc. Ce site monopolise la plus grande part de l'espace d'expression et de partage sur le web. Ensuite, nous avons les réseaux sociaux professionnels tels que Viadeo, avec à peu près 200 000 personnes en langue française. Sur le même registre, il faut aussi compter Linkedin, qui reste moins prisé pour ses origines anglo-saxonnes mais bien parti pour rattraper Viadeo. On a aussi d'autres réseaux sociaux et microblogs, comme Twitter. La twittoma marocaine compte entre 18 000 et 40 000 actifs. Notons l'arrivée d'un nouveau venu Google +, qui n'a pas encore trouvé sa place. Mais je pense que ça va venir. Quid des réseaux marocains? Il y a évidemment des sites et autres réseaux qui ont du succès. Je pense à Aalam Jadid, par exemple, mais qui se cherche encore car il a un nouveau concurrent, bladibook. On a vu lors des conférences qu'il y a 5 acteurs d'influence sur les réseaux sociaux. Les créateurs d'idées, les amplificateurs, les curateurs, les commentateurs et les observateurs. Où se positionnent les internautes marocains ? Globalement, puisque nous sommes dans une communauté active, on est beaucoup plus des créateurs d'idées, des commentateurs et un peu observateurs. Les internautes marocains n'ont malheureusement pas encore atteint la maturité des autres pays pour remplir les 5 cases du schéma. Mais, grosso modo, ils arrivent à mobiliser les foules et c'est déjà ça… Les internautes marocains utilisent-ils intelligemment les réseaux sociaux ? Cela dépend des gens. Sur facebook, il y en a qui l'utilisent pour écouter de la musique, discuter avec des amis ou s'informer. Il y en a d'autres qui sont à la recherche d'un emploi ou d'un stage. Facebook est à la base un réseau de partage, pas plus. Il y a d'autres réseaux sociaux plus spécialisés en cela. Est-ce que les Marocains utilisent intelligemment les réseaux sociaux? La réponse est oui, mais la majorité ne fait pas attention au temps fou qu'elle perd devant l'écran, l'utilisation des applications non sécurisées et les arnaques dans lesquelles nombre d'internautes tombent. Il faut savoir qu'un réseau social est un espace grandiose de liberté d'expression, et chacun est responsable de ce qu'il y exprime. Les entreprises marocaines doivent-elles se mettre aux réseaux sociaux. Il y a près de 3 905 080 d'internautes marocains, uniquement sur facebook. Donc les entreprises ont forcément leurs clients sur ces réseaux sociaux, et ils doivent les conquérir. C'est une forme de communication intéressante à ne pas ignorer. Chaque entreprise doit avoir son empreinte digitale sur le web afin de comprendre les attentes et desiderata des clients potentiels ou déjà acquis. Comment les entreprises et les organisations marocaines utilisent les réseaux sociaux? Hit Radio qui a réussi à créer une relation de sympathie grâce à Internet. Il y a aussi les trois opérateurs téléphoniques qui s'essayent au webmarketing. Après, il y a d'autres entreprises qui communiquent comme la Lydec, la Marocaine des jeux et la Loterie nationale. Pour les partis politiques, l'usage reste une simple formalité, obligatoire et saisonnière… Quelles sont les limites des réseaux sociaux et les pièges à éviter ? On doit savoir que tout ce qui est publié sur les réseaux sociaux est la propriété de tout le monde. Il n'y a pas d'intimité. Sachez qu'une fois une photo publiée sur facebook, elle devient sa propriété… On risque de nous retrouver dans des situations embarrassantes comme ce fut le cas de la famille de Yasmina Baddou. Il y a des dangers, et il faut faire très attention. Même chose pour les entreprises qui risquent d'y perdre toute leur réputation. Des chartes d'utilisation sont notamment souhaitables à instaurer. Faudrait-il établir des barrières légales à l'utilisation d'Internet ? Oui, car il y a des dérapages qui méritent d'être sanctionnés. Et non, car cela risque de limiter la liberté d'expression.