Sommet de l'UA : Le Maroc réaffirme son engagement pour la stabilité et la lutte contre le terrorisme    Abdellatif Hammouchi décoré de la Médaille du Prince Nayef pour la sécurité arabe de première classe    CdM 2030: le président d'Interpol confiant en la capacité d'organisation du Maroc    Le secrétaire d'Etat allemand à la Coopération économique salue les avancées du Maroc dans le domaine des énergies propres    Tétouan: 133 MDH mobilisés contre les risques d'inondations    Anass Essayi efface le record d'Hicham El Guerrouj sur 3000 m en salle    Températures prévues pour le lundi 17 février 2025    Inauguration à Rabat de la Cinémathèque marocaine    «Si j'étais aux responsabilités, je mettrais le feu à l'ambassade d'Algérie à Paris» : Louis Sarkozy attaqué par les relais du régime algérien après ses propos radicaux    Déclaration de l'Algérienne Melika Haddadi après son élection en tant que vice-présidente de la Commission africaine... Elle reconnaît que son poste est purement administratif et financier, sans influence réelle    Algérie. Une élection au goût d'une cérémonie de circoncision    Retraites : Vers une nouvelle fronde syndicale ?    Incendie dévastateur au marché Souk Al-Rabi à Marrakech    Marrakech : une touriste belge retrouvée pendue dans une salle de prière    Deux suspects arrêtés après l'enlèvement d'une femme à Sidi Bennour    Le Chinois Habi Industry remporte un contrat de 548 000 m3/j pour un projet de dessalement d'eau de mer    Le vote à l'Union africaine : Qui a soutenu le Maroc et qui s'est opposé à lui ? Entre positions attendues et surprises dans la compétition    La Chine confirme sa volonté de renforcer ses relations avec les Etats-Unis malgré les tensions    Autriche : l'attaque au couteau de samedi motivée par "le terrorisme islamique"    Incarcération de Boualem Sansal: Retailleau déplore le "peu de réaction" de la France    Les complots algériens contre le Maroc : des tentatives ratées qui ne nuiront pas à l'amour du peuple pour son Roi    UA/vice-présidence algérienne : une maladresse qui en dit long...    ManCity : Inquiétudes pour le genou de Haaland avant le retour contre le Real    Bayer Leverkusen : Amine Adli marque son retour sur le terrain    Real Madrid : Jude Bellingham risque une grosse sanction après son expulsion    Irrigation agricole avec des eaux usées, un risque sanitaire avéré    Carburants : le gasoil en baisse de 12 centimes ce dimanche    Centres d'appels marocains. Une menace grandissante venue de France    Ratibecom Holding. Abdelmoula Ratibe, le « Marocain du Monde » locomotive des exportations textiles du Maroc    À Dakhla, la station de transformation électrique du parc éolien de la ville achevée    Ferroviaire : l'appel d'offres pour le centre industriel et technologique de Zenata lancé    Jasmin Morocco Hospitality rachetée par deux investisseurs étrangers    Des détenus afghans rapatriés du Maroc    Allemagne : Décès d'une fillette et sa mère, victimes de l'attentat à la voiture-bélier de Munich    Réélection à Rabat de Mme Nezha Bidouane à la tête de la Fédération royale marocaine du sport pour tous    Botola D1/J23: RSB-RCAZ, le Match de ce dimanche !    Botola DII : Le RBM, leader '' provisoire '' en attendant KACM-RAC cet après midi    Vers une légalisation du cannabis récréatif en Suisse    La guerre en Ukraine au centre d'un entretien téléphonique Rubio-Lavrov    MAGAZINE : Marc Marciano, l'homme qui chuchote à l'oreille de la musique andalouse    Livre : A l'ère de IA, Kitab connect    Le temps qu'il fera ce dimanche 16 février 2025    Prix des jeunes poètes : Lancement des candidatures pour la 4e édition    Essaouira: 65% des travaux réalisés pour la future Cité des Arts et de la Culture    Rachida Dati attendue au Maroc du 16 au 18 février, voici le programme    Algérie-Israël : 30,5 millions de dollars d'exportations qui contredisent le discours officiel    Exposition : la valeur des visages, estimée par Adjei Tawiah    Casablanca : Cinéma Lutetia, l'une de ces salles qui renaissent de leurs cendres    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Mohamed Hamadi Bekouchi : «L'intégration profite mieux à la Marocaine qu'à son concitoyen»
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 02 - 07 - 2010

Le sociologue Mohamed Hamadi Bekouchi explique les enjeux de son nouvel ouvrage «Marocains d'ailleurs, identités et diversité culturelle».
ALM : Dans quelle mesure la question d'identités et de diversité culturelle des Marocains d'ailleurs occupe une place centrale dans votre ouvrage?
Pr Mohamed Hamadi Bekouchi: Les Marocains d'ailleurs s'installent dans la durabilité et leurs projets de vie se réalisent, et se réaliseront, en très grande majorité hors du Maroc. Qui dit installation durable dit droit à la citoyenneté, par conséquent engagement, pour ceux et celles qui le souhaitent, dans les espaces socio-politiques et culturels des pays d'accueil.
A ce titre, on observe, depuis une décennie, l'arrivée des premiers militants issus de l'immigration marocaine qui gagnent des galons au sein des partis politiques et des ministères. Cependant, la question de l'identité et de la diversité culturelle demeure rattachée, en très grande partie, au Maroc. C'est par la singularité de leur savoir être et leur tolérance, de leur art et de leurs traditionsqu'ils se distinguent positivement des autres immigrés arabes et musulmans.
Pourquoi choisir comme titre «Marocains d'ailleurs, identités et diversité culturelle» ?
Ils sont plus de 5 millions de Marocains aujourd'hui, et en 2020, nous aurons certainement le double. Le titre est pour faire un clin d'œil sur tous ceux et celles d'«ici», car chaque famille marocaine a un parent, 2, 3, voire beaucoup plus qui résident à l'étranger, et ce, généralement dans plusieurs pays. Ce qui me laisse dire que les Marocains d'ailleurs n'existent et ne peuvent intrinsèquement s'épanouir affectivement et culturellement au «Maroc» qu'en relation organique avec ceux d'«ici».
Comment évaluez-vous la politique du Maroc dans sa gestion de la question des MRE?
Objectivement, à souligner les efforts appréciables effectués en ce qui concerne la mise à niveau des consulats notamment la qualité du service, l'augmentation du nombre de navettes maritimes et la réduction de l'attente, l'accueil aux postes frontaliers de la part des douaniers. Toutefois, la démultiplication de départements (Affaires étrangères, Intérieur, Communauté marocaine à l'étranger, Education nationale, Habbous, Conseil consultatif marocain à l'étranger, Fondation Hassan II pour les MRE, Fondation Mohammed V) gérant la question des «Marocains d'ailleurs» produit un cafouillage. Chacun joue sa partition en solo, dans le meilleur des cas : «on fait semblant d'être présents et rien d'autre!» Résultat, le budget alloué est trente fois plus qu'au début des années 1990. Par contre, le Maroc n'a pas de stratégie politique claire à moyen et à long terme. Ce n'est pas un hasard si les programmes actuels n'ont ni queue ni tête. Ce qui est désolant, c'est que beaucoup de décideurs politiques, ministres et parlementaires sont conscients de ce déficit chronique, par exemple dans le domaine des reconstructions identitaires et d'action culturelle en faveur de la diaspora. Nonobstant, on préfère rester dans la réunionnite et un activisme rituel rompant, voire les messes annuelles «ici » comme «ailleurs». En fin de compte, il est nécessaire que les administrations intervenant dans ce secteur se concentrent sur l'essentiel : mettre au placard leurs divergences. Il faut qu'elles visent haut et loin et qu'elles soient en lien avec les attentes et les aspirations des Marocains d'ici et d'ailleurs.
Quelles sont les grandes tendances concernant les Marocains d'ailleurs pour les deux décennies prochaines?
Les nouvelles grandes tendances qui se dessinent sont multiples et assez complexes sachant qu'on est en face d'un ensemble de groupes de croissance et des diasporas dont les objectifs diffèrent, voire s'opposent d'un groupe à un autre. Pour tous, dans une société à économie libérale, c'est d'avoir une qualification prisée et un travail bien rémunéré. C'est par ce dernier qu'on peut se permettre de bénéficier d'un style de vie confortable, de reconnaissance sociale et de pouvoir vivre, en bonne partie, en sécurité. Plus que par le passé, les Marocains d'ailleurs sont des consommateurs actifs. Ils investissent dans l'immobilier pour avoir un chez-soi douillet, dans l'aménagement et l'équipement domestiques ; décor, électroménager, médias et aussi dans le manger et les loisirs. Une fois les deux premiers objectifs atteints, on pensera stabilité et fondation de famille avec une place capitale dans une nouvelle gestion sexuelle des partenaires: On privilégie plus le rapport couple que le simple rapport père et mère, aussi on donne de plus en plus importance à la parité dans les responsabilités financières et l'éducation des enfants. Autrement dit, la prise de décision se fera dorénavant à deux.
Quelles peuvent être les conséquences de cette nouvelle gestion du foyer chez les MRE ?
Le couac qui peut se produire est un accroissement inquiétant de familles monoparentales ; situation subite plus par les mères que par les pères. Dans le même sens, l'isolat social touche aussi énormément des personnes âgées ; dans ce cas, ce sont les hommes qui en pâtissent. Aussi on peut souligner le fait que les prochains regroupements familiaux concerneront en majorité plus d'hommes que de femmes. Ces dernières osent et font leur «marché» comme le faisaient les immigrés hommes dans les années 1970 et 80. Aussi, la femme sera plus sollicitée par des étrangers européens et américains pour le mariage, d'ailleurs l'intégration par le sexe profite mieux à la Marocaine qu'à son concitoyen. Elle a la manière d'imposer son empreinte et les cultures marocaines au sein de son foyer amenant «son» homme à apprécier et à aimer le Maroc. Les unions entre Marocains d'ailleurs se multiplient à l'étranger et très souvent entre partenaires d'Etats différents, exemple : une Marocaine du Canada avec un Marocain des USA, ou une Bruxelloise avec un Lillois.
Et concernant l'exode des intelligences marocaines ?
Idem pour le travail ; pour les intelligences marocaines installées à l'étranger, elles sont invitées à intervenir dans un autre «pays» que le leur, surtout les sur-diplômés. Notons que le noyau dur des intelligences des Marocains d'ailleurs se compose de plus de 300.000. On est passé du travail par le muscle et le biceps au travail intellectuel et cognitif. Plus ouvertement sur les autres étrangers : le Maghreb se construit hors de ses frontières; on trouve le patron d'un restaurant algérien, le gérant tunisien et le chef cuisinier marocain, comme dans les associations : le président marocain, le trésorier tunisien et le secrétaire général algérien. Et cette tendance est présente dans les sociétés TIC, les troupes de musique et bien sûr les mariages mixtes. Aussi des réseaux virtuels existent et s'accroissent et ce dans tous les secteurs de la vie et en rapport avec le Maroc. En permanence, on est connecté «Maroc» par sentiment d'appartenance et de leur amour infaillible au Roi. Ils formeront des lobbies et des influences d'intérêt en faveur du Maroc.
Comment est née l'idée d'écrire cet ouvrage?
Etant moi-même un produit atypique des migrations internationales marocaines ayant vécu les 4/5èmes de ma vie à l'étranger et dans plusieurs régions du monde (Canada, Grande-Bretagne, Suède, Brésil , France), de surcroît, militant social, j'ai eu des responsabilités importantes dans ce domaine, il me semblait naturel de mettre la main à la pâte. Ceci dit, objectivement pour réussir mon travail, je voulais garder une distance vis-à-vis des populations, de leur émotion et de leurs inquiétudes sans être pour autant désengagé ni insensible à leurs conditions de vie et leurs interrogations. J'ai privilégié dans mon approche méthodologie une série d'outils d'investigation et de collectes d'informations, d'analyses et même de concepts. Le contact direct avec les gens individuellement ou en focus m'a été de grande utilité, les entretiens avec les responsables institutionnels des pays d'accueil comme locaux, la lecture des travaux scientifiques sur les diasporas d'autres pays... le tout teinté par ma connaissance de la psychologie et des cultures administratives et politiques des pays d'accueil.
Un ouvrage sur les Marocains d'ailleurs
«Les Marocains d'ailleurs, identités et diversité culturelle» vient de paraître aux Editions Le Fennec. Dans cet ouvrage, Pr Bekouchi voulait ouvrir des pistes de travail sur les Marocains d'ailleurs et les diasporas qui les composent. Cet ouvrage, vendu à 70 DH, est réalisé en collaboration avec le CCME et le ministère chargé des MRE.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.