Le patron des patrons a présenté hier à Casablanca, les principales propositions de la CGEM relatives au projet de loi de Finances 2012. Mohamed Horani, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) semble être bien conscient du nouveau contexte placé sous le signe d'austérité. Le patron des patrons, qui vient de présenter, lundi au sein de la Confédération à Casablanca, les principales propositions de la CGEM relatives au projet de loi de Finances 2012, n'a pas manqué de marquer la particularité de cette « nouvelle phase transitoire ». Pourtant, ces propositions risquent d'être rejetées, du simple fait qu'elles sont adressées à un gouvernement qui décide du sort d'un autre qui n'a pas encore vu le jour. Horani répond en fait qu'il y aurait probablement recours à une loi de Finances rectificative. Il n'a pas, en outre, caché sa déception : «on risque de perdre un an avec la nouvelle réforme», se désole-t-il. Quoi qu'il en soit, la feuille de route du patronat a de fortes chances de ne pas tenir route. Preuve en est le casse-tête budgétaire. D'ailleurs, les finances publiques boucleraient l'année en cours avec un déficit pouvant dépasser les 6%, selon les analystes. Le gouvernement espère rattraper ce retard courant de l'année prochaine. Ce qui met en question le degré de recevabilité des doléances du patronat. Horani décline ses propositions en deux familles. En premier lieu, il y a celles qui ne peuvent pas attendre, qualifiées d'«urgentes». « Il est urgent qu'un texte juridique régissant le droit de gréve voit le jour. À défaut, c'est la compétitivité, voire même la productivité des entreprises qui sont mises à mal ». Il s'agit principalement de l'investissement, l'emploi et l'aspect fiscal. Dans le détail, Horani exprime son ferme souhait de ne pas voir le budget alloué à l'investissement être touché. La cause : il est hors de question de mettre en péril la compétitivité du pays, martèle-t-il. S'agissant de l'emploi, sujet d'ailleurs défrayant les chroniques ces derniers temps, en plus d'être «le principal message à retenir du Printemps arabe », pour reprendre les propres termes de Jamal Belahrach, président de la commission emploi au sein de la CGEM. Ce dernier détaille qu'on «ne lâchera pas un morceau du pacte national de l'emploi» présenté cette année au gouvernement. Cet attachement solide est motivé par le fait que sur les 20 mesures proposées, seulement une relative au «contrat d'intégration professionnelle» avait été retenue concrètement, selon Belahrach. Ajoutant que ce grand chantier représente «un volet clé pour nous», insiste-t-il. Celui -là même a saisi l'occasion pour remettre sur table une des questions épineuses, qui ne fait pas d'ailleurs partie des propositions de la CGEM, à savoir le droit de gréve. À noter que jusqu'à aujourd'hui, le vide juridique continue de caractériser cet aspect. «Il est urgent qu'un texte juridique régissant le droit de gréve voit le jour. À défaut, c'est la compétitivité, voire même la productivité des entreprises qui sont mises à mal» avertit-il. Horani revient,lui, sur la question de la souplesse du travail, et la nécessité de s'orienter davantage vers cette attitude. Illustrant sa requête, il pense qu'il est inconcevable qu'il y ait au sein de bien d'entreprises des cadres qui touchent des salaires très élevés, alors «qu'ils ne les méritent pas». il appelle cette situation par une «rente de salariat». Autre point de discorde, le grand projet d'indemnité pour perte d'emploi (IPE). Sur ce chapitre, Horani s'est montré compréhensible, affirmant que le patronat ne pourrait en aucun cas bloquer le cheminement d'un tel dispositif. Il a expliqué que le patronat contribue pour sa part de 0,38% de la masse salariale. Le syndicat lui a promis 0,19%, sans oublier la part de l'Etat fixée à 250.000 dirhams. Bien que des doutes continuent à entourer le-dit projet. Le troisième point urgent englobant le package des propositions est le volet fiscal. Voilà réellement un chantier où des réformes devraient y être apportées. D'autant que, aux yeux de Horani, c'est là où le gouvernement pourrait contenir son déficit budgétaire criarde. À voir de près, il ne s'agit pas vraiment d'une baguette magique. La solution suggérée n'est rien d'autre que l'élargissement de l'assiette fiscale, une réponse d'ores et déjà largement débattue au fil du temps. À son avis, il est temps de prendre au sérieux cette issue et d' apporter ainsi une réponse structurelle et non conjoncturelle au cumul des problèmes posés. D'autant plus que la pression fiscale au Maroc est la plus haute au monde et l'assiette fiscale est la plus étroite aussi, fait-il remarquer. Ajoutant que la CGEM tient toujours à la poursuite des réformes proposées l'année dernière (révision à la baisse de la TVA de 20 à 16% et de l'IS de 30 à 25%). Sur une question portant sur la probabilité de mettre en place une taxation sur les signes extérieurs de richesse, Horani était clair et direct : «personnellement, je ne crois pas à ces rumeurs. De plus, il serait maladroit d'imposer de nouveaux impôts», tranche-t-il. Par ailleurs, et revenons à la deuxième famille des propositions de la CGEM. Celle-ci englobe grosso modo l'informel, la formation professionnelle, la réforme de la Caisse de compensation et celle de retraite, la rationalisation de la dépense publique, la recherche et développement. La justice, le climat des affaires, la diffusion d'éthique, la responsabilité sociale de l'entreprise (RSE)…ne sont pas en reste. Des aspects plus importants et sur lesquels nous reviendrons avec plus de détails dans une autre édition.