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Qantara, la revue de l'Institut du Monde Arabe fête ses vingt ans
Publié dans Le Soir Echos le 23 - 08 - 2011

Pour fêter ses vingt ans qui coïncident avec son quatre vingtième numéro, Qantara, magazine des cultures arabe et méditerranéenne publié chaque trimestre avec une belle iconographie en couleurs, et qui fait voyager dans le temps et à travers maints pays, nous invite à méditer sur «l'Orient créé par l'Orient».
Voilà bien un thème stimulant et original que l'on pourra découvrir au son du oud du Syrien Khaled Aljaramani grâce à un CD inédit offert aux lecteurs. Publiée par l'Institut du monde Arabe à Paris, dont le parvis se trouve place Mohammed V, la revue dont le rédacteur-en-chef François Zabbal est né en Syrie et a vécu au Liban montre une grande attention aux gens et aux œuvres du Maghreb. Dans son numéro 80, on remarque une photographie prise en 2007 dans l'oasis de Figuig. Elle illustre l'article de Monique Zetlaoui Rose la beauté faite fleur. L'historienne rappelle que les Mille et une nuits sont pavées de roses. Elle cite le conte de Noureddine et de l'esclave Meriem : «Semblable à une vierge timide, elle cache sa tête en rougissant dans une enveloppe de verdure» tandis qu'un autre personnage répond : «Son bouton qui s'entrouvre ressemble aux lèvres d'une jeune beauté qui s'apprête à donner un baiser à un ami».
C'est dire que la lecture de Qantara est loin de constituer une invitation à la morosité. Quant à la problématique à l'honneur dans le dossier de ce numéro de juillet 2011 : «L'Orient créé par l'Orient», elle est explicitée par l'article de Zabbal L'Orient et les Orients signalant qu'au XIe siècle, le mathématicien et astronome Al-Birûni dans son Livre de l'Inde «appelait ses coreligionnaires à ne pas porter de jugements négatifs sur les coutumes et les croyances des Indiens» et il évoque les géographes et historiens arabes sillonnant routes et mers.
Ayant suggéré que, dans l'élan qui l'a poussé vers l'autre, «au lieu de proposer une approche relativiste des autres cultures, la vision occidentale s'est évertuée à construire une pyramide des sociétés en plaçant au sommet l'Occident, et tout en bas les sociétés dites primitives supposées incarner l'état initial de l'humanité».
Ce n'est pas la rose tant louangée dans les contes qui propulsa les Mille et une nuits sur les devants de la scène littéraire. Sylvette Larzul étudie les variations du regard arabe sur les Milles et une nuits. Que rappelle-t-elle ? «Kitâb ghathth,» Un livre qui ne vaut rien : tel est le jugement que porte dans son catalogue (Fihrist) Ibn al-Nadîm, un libraire bagdadi du Xe siècle, sur un ancêtre d'un recueil qui aujourd'hui a conquis le monde ; de fait, les Mille et une nuits (Alf Layal wa- layla) ne semblent vraiment acquérir de visibilité dans la littérature qu'à partir du moment où un «savant en langues orientales», Antoine Galland, les traduit en français, au début du XVIIIe siècle».
Muhsin Mahdi dans un essai publié à New York en 1995 développe le point de vue que certains textes des Mille et une nuits sont authentiques et d'autres non, rappelle Sylvette Larzul qui considère que «Mahdi veut faire admettre que les Mille et une nuits dans leurs versions étendues, ne sont qu'une fiction inventée par l'Occident dès le XVIIIe siècle.» Serait-ce que l'Orient n'existerait pas et ne serait qu'une fiction élaborée par les Occidentaux au XIXe siècle ? On reconnait là la thèse d'Edward Saïd.
Orientalisme ? François Zabbal nous met en garde contre quelques illusions provenant du fait qu' «en maintenant le flou sur son périmètre exact, l'expression en est venue à désigner de façon péjorative tout discours émis sur l'Orient ainsi que la vision qu'il suppose.» Et de rappeler que «la science orientaliste a fait découvrir aux Arabes et aux musulmans leur propre patrimoine. De grands auteurs étaient tombés dans l'oubli (…) et voilà qu'avec l'imprimerie moderne s'implantèrent (…) l'édition et l'étude de textes après confrontation de plusieurs manuscrits.»
La contribution de Gay Barthèlemy (du Centre d'histoire sociale de l'Islam méditerranéen à l'Ecole des hautes études en sciences sociales) et de François Pouillon (le fils du grand architecte auteur du roman les Pierres sauvages ) est d'autant plus intéressante que Pouillon a été la cheville ouvrière avec Lucette Valensi du Dictionnaire des orientalistes de langue française paru chez Karthala en 2008.
Barthèlémy et Pouillon invitent à observer ce qui se produit «quand des images créées ailleurs sont récupérées comme des témoignages d'histoire, quand les écrits savants sont repris en compte comme arguments d'affirmation identitaire».
Au fond, comme on aimerait pouvoir écrire qu'un véritable orientaliste ne peut ressembler qu'à lui-même, selon la formule si heureuse du oudiste soliste Khaled Al jaramani affirmant avec autant de liberté que de vraisemblance : «Un véritable artiste ne peut ressembler qu'à lui-même.» Cela dit en espérant que vous n'hésiterez pas à ressembler à qui lit Qantara dont on annonce qu'une livraison annuelle en langue arabe est sérieusement envisagée.


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