Le PJD tient à marquer de son empreinte les tractations en vue de la tenue des élections anticipées. Son conseil national s'attaque directement à l'Intérieur. Le PJD accentue sa pression sur l'Intérieur. Forte de ses « réalisations » lors de la phase de la révision de la Constitution, la formation islamiste, par le biais de son conseil national, entend acculer l'administration territoriale à initier des mesures avant d'entamer la phase des législatives anticipées. Cette fois, la pression ne provient pas de certaines têtes d'affiche du parti de la Lampe, à l'image de Abdelilah Benkirane ou de Lahcen Daoudi, mais de l'ensemble des membres du conseil national. Réuni en fin de semaine dernière en session extraordinaire, le parlement du parti islamiste a sanctionné deux jours de travaux par un communiqué qui s'apparente à une série d'avertissements au ministère de l'Intérieur. Des mises en garde qui ne sont pas sans rappeler celles proférées par le MUR (Mouvement Unicité et Réforme) et le PJD avant la publication de la mouture finale de la loi fondamentale, sur les « menaces » qui guettent l'« identité nationale ». «Il nous faut une nouvelle approche qui commence par l'adoption de mesures renforçant les droits de l'Homme et la liberté de presse», Saâdeddine El Othmani, président du C.N du PJD. Ne faisant nullement dans la dentelle, les PJDistes notent qu'il y a un déphasage entre «le discours de SM le roi d'organiser des élections libres et transparentes» et «les actions des services de l'Etat, du gouvernement et de l'Administration qui n'étaient pas à la hauteur» de cette volonté royale. Prenant à leur compte les slogans du PPS, les islamistes appellent à l'élaboration d'un «nouveau contrat politique selon des engagements politiques, juridiques et institutionnels clairs, à même de garantir toutes les conditions de la tenue d'élections libres et transparentes ». Une rupture avec «le façonnage des cartes politiques et l'intervention de l'Administration dans les opérations électorales». Dans des déclarations au Soir échos, Saâdeddine El Othmani apporte plus d'éclaircissements au communiqué de l'instance qu'il préside. « La préparation des élections traîne le pas. Le bilan n'est guère reluisant. En revanche, il nous faut une nouvelle approche qui commence par l'adoption de mesures de confiance renforçant les droits de l'Homme et la liberté de presse ». Connu pour être une figure modérée du parti, El Othmani a mis sa modération en sourdine dans ses déclarations à notre quotidien, notant qu'«il n'y a pas une bonne préparation des législatives anticipées, ce qui est de mauvais augure pour les Marocains ». Force est de constater que pour les PJDistes, la balle est dans le camp de « l'Etat et ses services». Ne dérogeant point à sa ligne de mise en garde, le conseil national du PJD avance que «le mode de gestion des prochaines élections» a valeur de double test : « de la crédibilité de l'Etat dans son approche sur les réformes constitutionnelles adoptées et sa sincère volonté d'initier des réformes ». Le texte du parlement du PJD a relevé, « non sans inquiétude, la poursuite de plusieurs pratiques antérieures marquées par la confusion et l'hésitation dans l'adoption de mesures politiques et juridiques allant dans le sens de la rationalisation du paysage politique et la limitation de sa balkanisation afin de barrer la route devant les barons et les prévaricateurs ». Les clashs entre l'Intérieur et le PJD sont légion. La préparation des élections anticipées n'est qu'un épisode dans une longue telenovela. Les 25 et 26 décembre 2010, le conseil national de la Lampe, réuni à Bouznika en session ordinaire, soutient dans son communiqué final que «les nominations de responsables au sein du ministère de l'Intérieur revêtent une sensibilité politique». Contraint de réagir, le département de Cherkaoui s'était interrogé sur «les raisons et les objectifs ayant conduit le conseil national du PJD à introduire dans son communiqué la question des nominations dans les cycles des agents d'autorité» et «à l'inscrire dans le sillage des luttes politiques, en omettant le fait que cette question est régie par les dispositions de la Constitution et que les nominations aux postes de responsabilités sont soumises aux critères de compétence, d'honnêteté et d'aptitude à servir les citoyens et l'intérêt général et non les partis politiques». C'était bien avant la polémique actuelle sur les walis supposés proches du PAM et son corollaire de poursuites contre des journalistes.