C'est (presque) officiel : les législatives auront bien lieu en octobre. Le PJD n'y est plus hostile. Son conseil national tiendra, les 6 et 7 août, une réunion pour le choix des candidats du parti aux élections. Le ministre de l'Intérieur et les chefs de partis politiques se retrouvent aujourd'hui. La préparation des législatives anticipées est à l'ordre du jour de cette rencontre. La date du vendredi 7 octobre a de fortes chances d'être entérinée, d'autant qu'elle ne cesse de recueillir de nouvelles adhésions, forçant ainsi le PJD à fléchir sa position. Preuve en est les propos que Abdelilah Benkirane a tenus, dimanche à Kénitra à l'occasion d'un meeting organisé par la jeunesse PJDéiste. Le secrétaire général du parti de la Lampe a mis de l'eau dans son vin, nuançant son hostilité à la tenue des élections législatives anticipées le 7 octobre et parlant désormais d'une simple « réserve » des islamistes à participer à des élections qui pourraient conduire à « l'émergence d'élites visibles mais aussi et surtout d'autres élites, aussi cachées que dominantes. Des élites qui comptent dans ses rangs des prévaricateurs ayant des antécédents avec la justice, qui n'ont aucun lien avec la politique et ne croient pas en la nation. Ce sont ceux-là même qui n'ont cessé de prétendre qu'ils soutiennent le projet du roi, mais dès que le Mouvement du 20 février a commencé à faire parler de lui, ils n'ont montré aucun signe de vie ». La méthodologie du travail du ministère de l'Intérieur ne suscite pas l'unanimité au sein des partis politiques. Ceux ayant une représentativité au Parlement voient d'un mauvais d'œil que des formations qui n'ont aucun siège dans cette institution prennent part à des rounds de consultation sur des projet comme le code des élections ou l'avant-projet sur la loi organique des partis. Des textes que le gouvernement a par ailleurs préparés et que le Parlement devra adopter. Les partisans de cette méthodologie ne tarissent pas d'éloges sur ses avantages et mettent en avant son approche participative, sachant que la préparation des élections est l'affaire de toutes les structures partisanes légales et reconnues en tant que telles. Cette position de Benkirane n'est pas le seul indicateur de changement vis-à-vis des élections anticipées. Le conseil national du PJD, présidé par Saâdeddine El Othmani, va plus loin. Dans un communiqué, cette instance annonce la tenue, les 6 et 7 août à Rabat, d'une session extraordinaire pour examiner, entre autres, « la procédure du choix des candidats ». La messe est dite. Dans des déclarations au Soir échos, le politologue Mohamed Darif assure « qu'il ne faut pas s'attendre à de grandes décisions lors de la réunion de mercredi. Le département de Cherkaoui va présenter aux chefs des partis le code des élections. Quant à la date des législatives, je pense qu'elle ne sera pas discutée. Ceci, pour la simple raison que la décision est prise depuis un moment. Le 17 mai dernier, à l'issue d'une rencontre au cabinet royal à Rabat entre Mohamed Moâtassim, le conseiller du roi et les membres du Mécanisme politique du suivi de la révision de la Constitution, les formations étaient parfaitement au courant du jour exact de la tenue des législatives anticipées. Elle savent que ce n'est pas le ministère qui a fixé la date du 7 octobre mais le palais ». De son côté, Mohamed Labied, le secrétaire général de l'UC, s'attend à ce que la réunion du mercredi soit l'occasion pour le ministère de l'Intérieur de présenter, comme convenu lors de précédents rounds, un document sur le code des élections. Une option qui a l'avantage d'éviter des discussions longues et stériles au Parlement. Si la date des élections est, à moins d'un coup de théâtre, acquise, reste que plusieurs points de divergences sont toujours en suspens entre les politiques. A commencer par les lois électorales : mode de scrutin, découpage électoral, seuil et liste nationale. Autant de sujets de discorde que le ministère de l'Intérieur est appelé à aplanir pour arriver à un consensus. Une mission qui ne serait pas de tout repos.